Une résolution inédite sur la réadaptation adoptée par l’OMS
La toute première résolution sur la réadaptation a été adoptée le 27 mai 2023 par les 194 États membres de l'Assemblée Mondiale de la Santé qui s'est tenue à Genève. Et ça change tout !

Prabin, 6 ans, vit dans le Sud-est du Népal. Né sans la partie inférieure de la jambe droite, l'appareillage a changé sa vie. C’est déjà sa quatrième prothèse. | © A. Thapa / HI
L’Assemblée mondiale de la santé est l’organe de prise de décision de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui réunit une fois par an ses États membres (194 à ce jour). Samedi 27 mai 2023, pour la première fois de l’histoire de l’organisation, une résolution sur la réadaptation a été adoptée par les États.
« En tant que premier instrument international spécifiquement dédié à la réadaptation, cette résolution fixe des engagements pour les États membres, l’OMS et les autres parties prenantes afin de faire progresser l'intégration de la réadaptation dans les systèmes de santé de la planète et dans le cadre de la couverture sanitaire universelle. L’objectif est de reconnaître la réadaptation comme une question cruciale de santé globale et de faire émerger une volonté politique accrue pour prendre des mesures concrètes sur un sujet trop longtemps négligé. »
Valentina Pomatto, responsable à Handicap International du plaidoyer pour le développement inclusif
Que contient cette résolution sur la réadaptation ?
Jusqu’ici la réadaptation était négligée dans les systèmes de santé et sous-financée. Les services restent peu accessibles et coûteux. Cette résolution apporte un changement significatif : la réadaptation est aujourd’hui reconnue comme un service essentiel qui doit être amélioré pour être accessible à tous.
« La résolution reconnaît la nécessité de renforcer les services de réadaptation dans le monde. 2,4 milliards de personnes* – soit 1 personne sur 3 sur la planète – en ont besoin, et plus de la moitié d’entre elles n’y ont pas accès. Notamment des personnes handicapées, mais pas seulement : la réadaptation peut concerner n’importe qui, à un moment ou à un autre de sa vie (problème de santé temporaire ou permanent, accident, etc.). »
Valentina Pomatto
La résolution insiste sur l’engagement des États et présente une liste d’actions à mettre en œuvre. Elle n’a certes pas de caractère contraignant pour les États membres, mais elle introduit un cadre de volonté politique forte.
Pourquoi cette résolution seulement maintenant ?
« Aujourd’hui, personne ne peut nier que les besoins en réadaptation sont énormes. Leur nombre augmente en s’accélérant depuis plusieurs années en raison du vieillissement de la population mondiale : on vit plus longtemps, mais avec plus de limitations. Le nombre de personnes ayant besoin de soins de réadaptation a augmenté de 63 % entre 1990 et 2019 (source : OMS). »
Valentina Pomatto
En outre, on constate ces dernières années un accroissement du nombre de maladies transmissibles (virus dont covid, grippe, choléra…) et non transmissibles (maladies cardiovasculaires, cancers, diabètes, etc.), mais aussi du nombre de blessés et de personnes traumatisées (augmentation du nombre de conflits, de crises, d’accidents, etc.), qui peuvent engendrer des situations de handicap, temporaires ou permanentes, nécessitant des soins de réadaptation. Il est plus que jamais temps de prendre ce sujet à bras le corps. Experte dans le domaine de la réadaptation, Handicap International agit, témoigne et milite depuis de nombreuses années pour que cette thématique soit reconnue au niveau mondial et qu’on lui donne enfin des moyens à la hauteur des besoins.
Quelle est la contribution de Handicap International à la résolution ?
Acteur incontournable dans le secteur de la réadaptation, Handicap International a apporté une grande contribution à la résolution adoptée fin mai, grâce à des décennies d’expérience accumulée sur le terrain et de plaidoyer mondial pour sensibiliser à cette thématique. À ce jour, Handicap International mène 62 projets de réadaptation dans 35 pays.
En 2019, l’association a lancé le plaidoyer aux côtés d’autres acteurs pour demander cette résolution. Notamment avec l’Alliance mondiale sur la réadaptation (Global Rehabilitation Alliance), dont Handicap International a été la cofondatrice en 2018. L’objectif était de convaincre les États de s’emparer du sujet et de le mettre à l’ordre du jour de l’Assemblée mondiale de la santé. Plusieurs rencontres ont eu lieu avec des diplomates et des représentants des ministères de la Santé. Plus récemment, des phases de négociation du texte de la résolution ont été menées tambour battant. Handicap International a joué un grand rôle dans la rédaction du texte : toutes ses préconisations ont été prises en compte dans la version finale.
Quel suivi de la mise en œuvre ?
Les efforts de plaidoyer de Handicap International et ses partenaires vont se poursuivre sans relâche. Au niveau international, l’association va contribuer à la production, d’ici 2026, du premier rapport mondial sur la réadaptation : une photographie de l’état et de l’accessibilité des services de réadaptation dans le monde. L’OMS va mettre en place un système de suivi-évaluation avec des indicateurs et des objectifs de résultats, pour lequel Handicap International prendra sa part. L’Alliance mondiale sur la réadaptation veillera à la mise en œuvre de la résolution.
Au niveau national, l’OMS et les ONG mobilisées dont Handicap International accompagneront les États dans le déploiement des actions à mettre en œuvre dans chacun des pays qui s’engageront dans cette voie.
Comment mesurer les impacts de cette résolution ?
La résolution demande aux gouvernements de faire plus et mieux pour des services de réadaptation accessibles à tous. Elle permettra d’accroître les ressources financières et humaines de l’OMS pour soutenir les États dans leurs efforts.
Elle permettra d'avoir des retombées financières : les bailleurs de fonds, notamment, devraient s’engager davantage pour donner plus de moyens aux systèmes de santé des pays. De nouveaux investissements internationaux et nationaux seront réalisés dans tous les secteurs de la réadaptation, y compris ceux, essentiels, de la recherche et de l'innovation.
Afin de vérifier la bonne direction des opérations et de mesurer les avancées des mesures prises et les obstacles restants, un système de suivi et de redevabilité sera établi pour responsabiliser les décideurs politiques dans la mise en œuvre de la résolution.
Finalement, toutes ces actions devraient aboutir dans les années à venir à un meilleur accès aux services de réadaptation dans le monde, notamment dans les pays à revenus faibles et intermédiaires où ce secteur est souvent négligé.
Handicap International est reconnue au niveau international comme un acteur majeur de la réadaptation et comme un partenaire incontournable des acteurs et décideurs de la santé mondiale. L’association continuera de mettre son expérience et son expertise à disposition de toutes les bonnes volontés pour les accompagner dans leurs efforts d’amélioration des politiques et pratiques de réadaptation.
> Une illustration des bienfaits de la réadaptation : à Kampong Cham au Cambodge, la réadaptation change des vies – portraits de 4 bénéficiaires
- 2,4 milliards de personnes vivent avec un problème de santé nécessitant des services de réadaptation. Dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, plus de 50 % des personnes qui ont besoin de réadaptation ne peuvent y accéder.
- 2,5 milliards de personnes dans le monde ont besoin d’une aide technique (béquilles, prothèse, fauteuil roulant, etc.), chiffre qui devrait atteindre 3,5 milliards d’ici 2050. Près d’un milliard n’y ont pas accès aujourd’hui.
- 1,3 milliard de personnes vivent avec un handicap. Dans certains pays à revenus faibles et intermédiaires, entre 3 % et 5 % des personnes handicapées seulement accèdent aux services de réadaptation qui leur sont pourtant nécessaires.
- En 2022, Handicap International a soutenu plus de 520 000 personnes à travers ses projets de réadaptation. Aujourd’hui, l’association mène 62 projets de réadaptation dans 35 pays. Le travail de ses équipes se concentre sur les services de réadaptation physique et fonctionnelle et sur l’appareillage.
* Sources : Organisation Mondiale de la Santé et Handicap International.
Au fait, c’est quoi la réadaptation ?
La réadaptation physique et fonctionnelle s’inscrit dans un parcours global de la personne vers l’autonomie. Elle est l’une des missions fondamentales de Handicap International, qui est l'un des pionniers de la réadaptation humanitaire dans les contextes de développement, de catastrophes naturelles et de conflits armés. La plupart des projets mis en œuvre depuis plus de 40 ans par l’association incluent ainsi des activités de réadaptation physique et fonctionnelle. La réadaptation aide les personnes présentant une déficience permanente ou temporaire à atteindre et maintenir le maximum de leurs capacités, ainsi qu’à prévenir ou à ralentir la dégradation d’une de leurs fonctions. Les soins incluent la chirurgie corrective et réparatrice, mais surtout la rééducation à base de kinésithérapie et d’ergothérapie, avec la contribution des orthoprothésistes. Les aides techniques sur lesquelles s’appuient les professionnels pour aider les patients sont diverses : béquilles, orthèse, prothèse, fauteuil roulant, cadre de marche...
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