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Sous-munitions : des armes faites pour provoquer des massacres

Mines et autres armes
International

Les armes à sous-munitions sont interdites depuis 2010 avec l’entrée en vigueur de la Convention d’Oslo – à laquelle Handicap International a fortement contribué – qui en interdit l’utilisation, la production, le stockage et le transfert. Pourquoi l’association s’est-elle engagée contre les armes à sous-munitions ? Explications d'Anne Héry, Directrice du plaidoyer à Handicap International.

Anne Héry, Directrice du plaidoyer à Handicap International

Anne Héry, Directrice du plaidoyer à Handicap International | © G.Lordet / Handicap International

Pourquoi les armes à sous-munitions sont-elles interdites ?

Anne Héry : Cette arme est par nature indiscriminée, c’est à dire qu’elle ne fait pas la distinction entre combattants et civils. Et cela est contraire au Droit international humanitaire. C’est pourquoi, au sein de la Cluster Munition Coalition (CMC), Handicap International a demandé son interdiction, ce que nous avons obtenu en 2008 avec l’adoption de la Convention d’Oslo, qui est entrée en vigueur deux ans plus tard.

Comment fonctionne une arme à sous-munitions ?

Une bombe à sous-munitions se présente comme un gros conteneur largué le plus souvent par avion. Une fois en l’air, il s’ouvre et disperse des centaines de petites bombes qu’on appelle des "sous-munitions". Les bombes à sous-munitions n’ont donc aucune précision. Leur rayon d’impact peut équivaloir à un terrain de football. Si vous visez un entrepôt militaire, vous toucherez inévitablement les habitations alentour. Cette imprécision les rend particulièrement dangereuses pour les civils, c’est inacceptable.

Mais il y a un deuxième effet : jusqu’à 40 % de ces sous-munitions, parfois pas plus grosses qu’une balle de tennis, n’explosent pas à l’impact. Elles restent sur le sol et peuvent être actives et dangereuses pendant des dizaines d’années, agissant comme des mines antipersonnel. Elles peuvent exploser si on passe à proximité, si on les ramasse. Le Laos est l’exemple le plus frappant de pollution par les sous-munitions. Des sous-munitions ont été larguées sur l’Est du pays dans les années 60. Aujourd’hui encore, des personnes sont tuées et mutilées par des restes de sous-munitions. Handicap International aide les victimes des sous-munitions de la même façon qu’elle aide celles des mines. Les problématiques sont les mêmes.

Qu’est-ce qui a poussé Handicap International à s’engager contre ces armes ?

Le fait que les sous-munitions sont des armes par nature indiscriminées, que les restes de sous-munitions fonctionnent comme des mines antipersonnel, contre lesquelles Handicap International se bat depuis le début des années 90. Sur le terrain, nous observons que les blessures causées par les sous-munitions sont assez équivalentes à celles provoquées par des mines. L'explosion d'une sous-munition déchiquète un ou plusieurs membres, projette des éclats dans le corps. Les victimes doivent souvent être amputées et suivre des séances de réadaptation physique. Elles peuvent souffrir d'une incapacité permanente avec toutes les conséquences sociales, économiques et psychologiques qui en découlent.

La Convention d’Oslo a-t-elle changé les choses ?

L’universalisation de la Convention a connu en 7 ans un progrès indéniable. Elle compte désormais 119 pays membres, dont 102 États parties, ce qui en fait un instrument efficace contre ces armes*. Elles sont de plus en plus stigmatisées. Cela veut dire que de plus en plus d’États expriment des condamnations officielles quand ces armes barbares sont utilisées, ce qui isole le pays utilisateur. Grâce à la destruction des stocks et à l’interdiction de leur commercialisation, cette arme est de moins au moins accessible. Certaines entreprises d’armement ont arrêté de les produire car les marchés se tarissent.

Des pays produisent-ils encore des armes à sous-munitions ?

C’est très difficile à dire car le secteur de l’armement n’est pas transparent. 16 États sont suspectés de continuer à produire des sous-munitions ou se réservent le droit d’en produire dans le futur : Brésil, Chine, Corée du Nord, Corée du Sud, Égypte, États-Unis, Grèce, Inde, Iran, Israël, Pakistan, Pologne, Roumanie, Russie, Singapour, Turquie. Le manque de transparence et de données ne permettent pas d’établir si ces pays en ont produit récemment.

Le problème ce sont aussi les stocks. Il existe encore des millions de sous-munitions dans les arsenaux militaires. C’est pourquoi leur destruction est l'une des obligations de la Convention d'Oslo. Sur ce point, on peut être optimiste : depuis l’entrée en vigueur de la Convention, le 1er août 2010, 28 États parties ont détruit 1,4 million de stocks d’armes à sous-munitions, soit 175 millions de sous-munitions. Cela représente 97 % de toutes les armes à sous-munitions et 98 % des sous-munitions déclarées par les États parties. 8 États ont finalisé le déminage de leurs zones contaminées par des sous-munitions depuis que la Convention d’Oslo est entrée en vigueur en 2010.

>> Lire aussi "Sous-munitions : augmentation vertigineuse du nombre de victimes"


* Du 4 au 6 septembre 2017, Genève accueille la 7e Conférence de la Convention d’Oslo, lors de laquelle chaque État partie rend compte de l’application de ses obligations dans le cadre de la Convention, notamment en matière de destruction des stocks, de déminage et d’assistance aux victimes. Cette conférence doit également être l’occasion pour les États parties de réaffirmer leur engagement pour l’universalisation de la Convention et de condamner unanimement toute nouvelle utilisation d’armes à sous-munitions.

Publié le : 31 août 2017
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