Sous-munitions : des armes faites pour provoquer des massacres
Les armes à sous-munitions ont été utilisées récemment dans la guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Gary Toombs, spécialiste de la réduction de la violence armée à Handicap International, explique pourquoi elles sont interdites par la Convention d'Oslo.
Une sous-munition dans une forêt au Laos, dont la taille avoisine celle d'une balle de tennis | © D. Kremer / HI
Des utilisations récentes d'armes à sous-munitions par les forces d'Azerbaïdjan et d'Arménie ont eu lieu pendant le conflit du Haut-Karabakh. Explications de Gary Toombs, spécialiste de la réduction de la violence armée à Handicap International.
Quels sont les faits ?
Gary Toombs : Selon l'ONG Human Rights Watch, les forces arméniennes ont soit tiré, soit fourni des armes à sous-munitions lors d'une attaque sur la ville de Barda, tuant au moins 21 civils et en blessant au moins 70 autres. L'armée azerbaïdjanaise a quant à elle utilisé des armes à sous-munitions dans au moins quatre incidents distincts depuis le début des combats. Les utilisations ont été faites dans des zones peuplées, ce qui les rend encore plus dangereuses pour les civils. Selon une enquête, il s'agissait d'une production russe. La Russie n'a pas adhéré à la Convention d'Oslo qui interdit les armes à sous-munitions.
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Pourquoi les armes à sous-munitions sont-elles interdites ?
Gary Toombs : Ces armes frappent sans discrimination. En d'autres termes, elles touchent sans distinction les combattants et les civils. Il s'agit d'une violation du Droit international humanitaire. En tant que membre de la Coalition contre les sous-munitions (CMC), Handicap International a appelé à l'interdiction de ces armes et l'a obtenue en 2008, avec l'adoption de la Convention d'Oslo, qui est entrée en vigueur deux ans plus tard en 2010.
Comment fonctionnent-elles ?
Gary Toombs : Une bombe à sous-munitions est un grand conteneur le plus souvent largué par un avion. Une fois en l'air, le conteneur s'ouvre et disperse des centaines de petites bombes appelées "sous-munitions". Les bombes à sous-munitions ne sont pas précises. Elles peuvent frapper une zone aussi large qu'un terrain de football. Si vous visez un dépôt militaire, vous frappez inévitablement les maisons environnantes. Ce manque de précision constitue une menace particulière pour les civils, ce qui est inacceptable.
Pas plus gros qu'une balle de tennis
Gary Toombs : Mais elles ont un deuxième impact. Jusqu'à 40 % de ces sous-munitions, parfois pas plus grosses qu'une balle de tennis, n'explosent pas à l'impact. Elles restent sur le sol et peuvent rester actives et dangereuses pendant des décennies, tout comme les mines antipersonnel. Elles peuvent exploser si vous passez près d'elles ou si vous les ramassez. Le Laos est l'exemple le plus frappant de pollution par les armes à sous-munitions. Larguées par l'armée américaine dans l'Est du pays dans les années 1960, leurs restes continuent de tuer et de mutiler les gens aujourd'hui. Handicap International aide les victimes des armes à sous-munitions de la même manière qu'elle aide les victimes des mines ; les problèmes sont comparables.
Dans le cas du conflit dans le Haut-Karabakh, les armes à sous-munitions utilisées sont censées s'autodétruire automatiquement une minute après avoir touché le sol. Elles sont donc censées ne laisser aucune contamination, mais pouvons-nous être sûrs que ce mécanisme fonctionne parfaitement ?
La Convention d'Oslo a-t-elle fait une différence ?
Gary Toombs : La Convention sur les armes à sous-munitions, adoptée en 2008 et entrée en vigueur en 2010, a eu un impact très positif au cours des dix dernières années. La Convention a été rejointe par plus de 120 pays. L'utilisation de ces armes est de plus en plus condamnée. En raison de la destruction des stocks et de l'interdiction de leur vente, ces armes sont de moins en moins accessibles. Certaines entreprises d'armement ont cessé de les produire parce que les marchés se tarissent.
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