Ne pas oublier les victimes de mines
Le Mozambique s’est officiellement déclaré libre de mines le 17 septembre 2015. Handicap International y a été un acteur clé du déminage depuis ses premières opérations en 1998. En 17 ans, l’organisation a déminé plus de 16 millions de mètres carrés, neutralisé 6 000 mines antipersonnel et 5 000 restes explosifs de guerre. Grégory Le Blanc, directeur du programme, revient sur ce que le déminage a apporté aux populations qui, il y a encore peu, vivaient sous la menace constante des mines.

© J-J. Bernard / Handicap International
De 2011 à 2015, Handicap International a été le principal acteur déminage au Mozambique en intervenant dans les provinces de Sofala et d’Inhambane qui étaient encore contaminées. L’association a déminé l’équivalent de 140 terrains de football, au bénéfice de 3 millions d’habitants.
« Nous avons couvert l’ensemble des activités du déminage humanitaire : nous avons commencé par dispenser des soins de réadaptation, puis mené des programmes de sensibilisation aux risques liés à la présence des mines auprès de la population. C’est en 1998 que nous avons commencé les opérations de déminage et que nous nous sommes engagés dans des actions de plaidoyer... », raconte Grégory Le Blanc, directeur du programme Mozambique de Handicap International.
Les conditions dans lesquelles les opérations de déminage se sont déroulées ont été extrêmement difficiles. Les zones à déminer étaient souvent reculées et peu accessibles, comme l'explique Grégory Le Blanc .
« J’ai le souvenir d’une intervention sous une ligne à haute tension reliant la ville de Beira au Zimbabwe, qui a été très stressante. Car en plus du danger des câbles électriques, il y avait celui des mines dans une zone de friches végétales semi marécageuses. Cela a été une de nos interventions les plus compliquées. »
Le déminage a complètement changé la vie des Mozambicains
Les habitants peuvent désormais se déplacer librement sans la peur des mines. C’est une avancée énorme pour les enfants, qui vont souvent à l’école à pied. Des terres agricoles, laissées en jachère pendant des années, sont de nouveau cultivées. Des zones abandonnées sont repeuplées. Et les habitants sont soulagés ! Une cérémonie officielle de remise des terres à Inhambane, en novembre 2014, a marqué la fin du déminage dans la province. Grégory Le Blanc se souvient :
« La population présente nous a chaleureusement remerciés. Il y avait beaucoup d’émotion. La joie et la reconnaissance se lisaient sur les visages des habitants, enfin libérés des mines, plus de 40 ans après l’indépendance du Mozambique. »
Handicap International poursuit son action contre les mines
Dans ce domaine, l’association mène encore deux types d’actions. D’une part, elle forme la police à reconnaître et sécuriser les restes explosifs de guerre. Car si le pays est officiellement libre de mines, il existe encore quelques zones contaminées.
En réponse à ce danger, Handicap International mène depuis un an des formations aux techniques de base du déminage. D’une durée de trois semaines, elles visent à entraîner au moins un agent de police par district dans chaque province du pays. À ce jour, près de 100 agents ont été formés.
D’autre part, dans la province de Sofala, Handicap International accompagne les victimes de mines et les personnes handicapées pour leur réinsertion socioprofessionnelle.
« Nous informons les victimes de mines de leurs droits et des services existants et nous les orientons selon leurs besoins. Ce programme prévoit également pour certains une formation professionnelle et une aide financière pour le démarrage d’une activité. En un an et demi nous avons orienté près de 1 300 personnes. Nous ne pouvons pas imaginer à quel point elles sont marginalisées ! », relate Grégory Le Blanc.
L’assistance aux victimes reste encore précaire dans le pays, mais cela devrait changer. Le Conseil des ministres est sur le point d’adopter un Plan d’action national pour l’aide aux victimes. Et Handicap International a joué un rôle majeur en conseillant le ministère de l’Action sociale pour l’élaboration de cette politique.
« Nous avons pu mettre l’accent sur des réalités cruciales : la nécessité d’apporter une aide adaptée à des victimes qui souffrent encore de traumatismes psychologiques, de répondre à leur mise à l’écart du marché de l’emploi, etc. Nous pouvons être fiers du résultat. »
Cependant, la situation des victimes de mines et des personnes handicapées est préoccupante. En effet, le secteur de l’appareillage n’est pas satisfaisant : la qualité et la disponibilité des équipements d’aide à la mobilité se détériorent, les délais d’obtention s’allongent, les centres de prise en charge sont trop épars… Un autre problème de taille : le nombre de victimes de mines au Mozambique reste toujours inconnu ! Les estimations nationales vont du simple au double… Les repérer et les identifier n’est pas simple. Définir des réponses adéquates est encore moins aisé, surtout dans les zones rurales et reculées où travaille principalement Handicap International.
En outre, on constate une baisse des financements de l’action contre les mines au Mozambique. Or, si le déminage est fini, il reste encore beaucoup à faire, notamment dans le domaine de l’assistance aux victimes. « Libre de mines », comme l’est officiellement le Mozambique depuis le 17 septembre dernier, ne signifie pas qu’il n’y a plus de victimes et qu’elles n’ont plus besoin d’aide, au contraire.
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