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« 6 mois après le séisme, nous formons avec nos patients une grande famille »

Réadaptation Santé
Syrie

Salahedin est le directeur de l’hôpital Aqrabat, partenaire de Handicap International dans le Nord-Ouest de la Syrie. Son établissement a reçu plus de 1 500 victimes du tremblement de terre du 6 février 2023.

Un homme se tient debout devant un hôpital en Syrie

Salahedin, directeur de l'hôpital Aqrabat en Syrie | © HI

Six mois après le tremblement de terre, Salahedin est toujours sur le pont. Et pour cause, à peine une centaine de mètres séparent sa maison de l’établissement de santé qu’il dirige. Il ne compte plus les allers-retours entre son bureau et son domicile, depuis le séisme qui a frappé le Nord-Ouest de la Syrie le 6 février 2023.

Ce directeur hospitalier est habitué aux situations d’urgence. Originaire d’Alep, il travaillait auparavant dans une structure qui a été visé « des centaines de fois par des bombardements », explique-t-il. Mais selon lui, la violence des tirs armés n’a rien à voir avec celle d’un séisme.

« J’ai failli mourir plusieurs fois à cause de la guerre, mais je n’ai jamais eu autant peur pour ma vie et celle de mes enfants que lors du séisme... Pendant plusieurs minutes, je ne savais pas si j’arriverais à les protéger. »

Un flux incessant de blessés

Plus de 1 500 blessés ont été accueillis au sein de son établissement et près de 1 130 personnes y ont été opérées dans les jours et les semaines qui ont suivi le tremblement de terre.

« Quelques heures après les violentes secousses, nous avons vu arriver des personnes blessées de villages situés à plusieurs kilomètres de notre ville. C’était comme si une rivière était sortie de son lit violemment... Un flux incessant de patients, des femmes, des hommes, des enfants, trempés par la pluie, parfois grièvement blessés. Les civils eux-mêmes nous aidaient à transporter les blessés d’une salle à une autre, d’un étage à l’autre. Je me souviens de mamans qui cherchaient leurs enfants, d'orphelins... Pendant les premières 48 heures, mes équipes et moi sommes restés à l’hôpital sans dormir. Nous avons vécu un enfer. »

Certains patients souffrant de traumatismes sévères – notamment ceux présentant un syndrome de l’écrasement après être restés coincés plusieurs heures sous les décombres – ont subi des dizaines d’opérations.

« Des patients sont restés hospitalisés plusieurs mois. À force de les suivre en soins intensifs, en soutien psychologique puis en réadaptation, nous avons tissé des liens très forts. Six mois après, nous sommes comme une grande famille. »

Chaque visage est gravé dans sa mémoire

Salahedin raconte par exemple l’histoire de Rema, une jeune fille de 13 ans, amputée après être restée 30 heures sous les décombres et avec qui il a noué une relation particulière.

« Rema est arrivée amputée de la jambe, elle avait passé 30 heures sous les décombres de son immeuble. Très rapidement on m’a informé que son père était décédé dans la catastrophe, mais je ne pouvais pas le lui dire, il fallait qu’elle garde toutes ses forces pour s’en sortir. J’ai commencé à lui rendre visite dans sa chambre le deuxième ou troisième jour après son admission. Ma petite sœur avait le même âge qu’elle, c’est peut-être cela qui m’a touché. Chaque jour je suis revenu la voir et je lui ai dit à quel point elle était forte, que c’était une héroïne, qu’elle allait s’en sortir. Parfois, quand elle ne me voyait pas dans le service, elle demandait à mes équipes où j’étais… Ce mois-ci, Rema a réussi ses examens d’entrée au lycée et marche de nouveau sur ses deux jambes grâce à une prothèse que nous lui avons fournie. Je suis si heureux pour elle. »

Rema, Abdul-Rahman, Mariam... Salahedin se souvient de chaque visage, chaque prénom des patients qu’il a rencontrés ces six derniers mois. Chacune de leurs histoires est à jamais gravée dans sa mémoire.

« Si nous devions faire face à un nouveau séisme, je vous assure que mes équipes et moi sommes prêts à 100 %. Nous avions l’expérience de la guerre, nous avons désormais l’expérience de ce type de catastrophe naturelle. Nous sommes des soignants, les gens ont besoin de nous, nous devons rester forts et ne pas abandonner car sans nous, ils perdraient foi en l’avenir. »


Comme l’hôpital Aqrabat, Handicap International soutient 13 hôpitaux dans le Nord-Ouest de la Syrie depuis le séisme du 6 février 2023. L'association a fourni plus de 300 prothèses et orthèses et 10 500 personnes ont reçu des soins de réadaptation. Plus de 8 000 personnes ont reçu un soutien psychologique.

Publié le : 4 août 2023
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