Syrie : contamination généralisée des sols par les restes explosifs de guerre
Plus d'un million de Syriens sont rentrés chez eux après avoir passé des années dans des camps de déplacés ou à l'étranger. Ils ont retrouvé des villages détruits, la pauvreté et une contamination massive par des restes explosifs de guerre qui les menacent chaque jour. HI sensibilise aux risques depuis 10 ans et participe au déminage depuis 2019.
Démineur syriens en train de charger des restes explosifs de guerre afin de les sécuriser avant de les détruire. | © N. Bimbashi / HI
La Syrie dévastée par 13 années de guerre
Depuis la chute de Bachar al Assad et le changement de régime le 8 décembre 2024, qui ont marqué la fin de plus de 13 années de guerre civile, la Syrie lutte pour rétablir des conditions de vie normales. La population est tombée dans une pauvreté encore plus grande, tandis que les services essentiels tels que les soins de santé, l'alimentation et le logement peinent à être rétablis. Plus de 9 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë (OCHA).
Au total, plus de 70 % de la population a besoin d'une aide humanitaire.
« Les gens reviennent progressivement dans les quartiers syriens qui ont été fortement endommagés ou partiellement restaurés. Les services essentiels tels que les écoles et les centres de santé restent limités, et les marchés proposent peu de produits, et à des prix élevés. Les moyens de subsistance sont rares, ce qui laisse les familles avec peu de revenus pour reconstruire leur vie. Les enfants ne sont pas scolarisés, les aidants manquent de ressources de base et de nombreux rapatriés souffrent d'un stress et d'un traumatisme importants, avec un accès limité à la santé mentale et au soutien psychosocial. »
Ramziyah Albitar, responsable technique en santé mentale pour HI
La contamination est partout
Les personnes qui avaient fui à l'intérieur du pays ou à l'étranger, principalement vers la Jordanie, la Turquie, le Liban et l'Irak, rentrent désormais chez elles. Cependant, beaucoup restent dans des camps de déplacés car les conditions dans leur région d'origine ne permettent pas leur retour : tout est détruit, il n'y a pas de services de base et l'économie locale peine à se redresser.
Pour ceux qui rentrent chez eux, les risques sont mortels. La contamination par les restes explosifs de guerre et les mines terrestres rend la vie quotidienne extrêmement dangereuse, en particulier pour les enfants.
Entre le 8 décembre 2024 et le 21 novembre 2025, 849 accidents liés à des engins explosifs ont été enregistrés, faisant 1 568 victimes (581 morts et 987 blessés). Parmi ces incidents, 522 ont eu lieu dans des terres agricoles ou des zones de pâturage, soulignant l'impact dévastateur sur l'accès aux moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Les gouvernorats les plus touchés sont Deir ez-Zor, Alep et Idlib.
« La contamination du pays est énorme et très diversifiée : en un an, plus de 1 500 personnes ont été tuées ou blessées par des mines, des restes explosifs ou des pièges. Un tiers d'entre elles étaient des enfants. Notre équipe de déminage trouve chaque jour des objets dangereux, qui sont partout. Le déminage est la priorité absolue pour permettre à la population de reprendre le cours de sa vie. Mais des sessions de sensibilisation aux risques sont également essentielles, car la plupart des habitants ne sont pas conscients du danger. »
Danila Zizi, directrice nationale de HI
L'un des besoins les plus importants de la population est le déminage humanitaire, car le pays est fortement contaminé après plus de 13 années de bombardements, de frappes aériennes et d'utilisation intensive de pièges et de mines antipersonnel.
En 2025, Handicap International a sensibilisé 65 900 personnes aux risques liés aux mines en Syrie à travers 7 710 sessions, tandis que les opérations de déminage, qui ont débuté en 2019, sont aujourd'hui menées par une équipe de 18 démineurs de l’association dans le nord-est du pays.
Témoignage de Mohammad Hamdan
« Je m'appelle Mohammad Hamdan. J'ai 22 ans et je viens de la ville de Binnish, dans le gouvernorat d'Idleb. En février dernier, je travaillais avec un tracteur agricole dans les champs lorsqu'une mine a explosé sous mes pieds. Le tracteur a explosé et le souffle m'a sectionné la jambe droite. J'étais encore conscient lorsque cela s'est produit. Je me souviens avoir tenu ce qui restait de ma jambe pendant que mes amis se précipitaient pour me secourir.
On m'a emmené à l'hôpital de Binnish, où les médecins ont soigné ce qu’il restait de ma jambe. J'avais des blessures sur tout le corps, notamment des éclats d'obus dans la hanche et les yeux. Après l'opération, j'ai été transféré dans un autre hôpital à Idlib pour retirer les éclats d'obus restants.
Quand je suis rentré chez moi, je me suis effondré mentalement. Je ne pouvais pas accepter d'avoir perdu ma jambe et j'avais l'impression que ma vie était finie. Mon cousin et mes amis m'ont soutenu et m'ont emmené à l'hôpital d'Aqrabat.
Là-bas, avec le soutien de HI, j'ai commencé la rééducation physique et j’ai bénéficié d’un suivi psychologique. Cela m'a aidé à faire face, m'a encouragé à poursuivre le traitement et m'a rappelé que je pourrais un jour remarcher. J'ai également reçu des béquilles, qui m'ont aidé à retrouver une certaine autonomie : des choses simples comme aller au supermarché ou voir mes amis sont redevenues possibles.
Avant de recevoir ma prothèse, j'ai suivi sept séances de kinésithérapie, puis cinq autres après l'avoir reçue afin d'apprendre à l'utiliser correctement. J'ai ressenti une énorme différence. J'ai gagné en force, mon équilibre s'est amélioré et j'ai lentement recommencé à faire les choses par moi-même. Après des mois de traitement, ma vie a lentement repris son cours. J'ai pu retourner au travail. En seulement sept mois, j'ai repris l'agriculture et le même travail que je faisais avant l'accident.
Chaque jour, des accidents liés aux mines blessent des personnes dans toute la Syrie. Ce qui m'est arrivé arrive à d'autres, et cela reste un problème grave et persistant. Aujourd'hui, j'ai retrouvé l'espoir. Je rêve de trouver un jour un meilleur emploi, peut-être d'ouvrir une petite boutique ou une salle de sport, car l'agriculture est physiquement exigeante. »
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