Tchad : les blessés du conflit au Soudan soutenus par HI à l’hôpital d’Adré

À la frontière avec le Soudan

Handicap International travaille en partenariat avec Médecins sans Frontières France (MSF) à l’hôpital d’Adré pour venir en aide aux blessés du conflit au Soudan. L'association a déjà apporté des soins à plus de 150 personnes depuis juillet 2023.

Une équipe de Handicap International composée de trois experts en réadaptation et en kinésithérapie (six à terme) collabore avec la kinésithérapeute de MSF et apporte son aide à une vingtaine de patients par jour. Nombre d’entre eux subissent une opération chirurgicale dispensée par MSF ; Handicap International quant à elle assure les soins de réadaptation.

Les blessures par balle

Les blessés sont principalement des hommes, blessés par balle aux membres inférieurs, mais les cas de traumatisme crânien sont également nombreux.

Les blessures par balle nécessitent souvent de la réanimation, de la chirurgie et parfois une amputation. Elles peuvent provoquer des douleurs insupportables, de larges plaies associées à des infections, des limitations fonctionnelles qui engendrent parfois un handicap permanent, surtout en l’absence de réadaptation précoce.

Une longue convalescence

Selon le type de traumatisme (fracture, traumatisme crânien, impotence fonctionnelle liée à une plaie, etc.), la réadaptation peut parfois prendre des mois, voire des années : c’est une convalescence longue qui engendre une invalidité temporaire et rend le patient inapte à de nombreuses activités du quotidien. Handicap International intervient ainsi très tôt pour optimiser les capacités fonctionnelles, prévenir les complications, favoriser la guérison et améliorer l’autonomie des patients.

Parallèlement, l'association met en place une équipe pour apporter un soutien psychosocial aux victimes du conflit soudanais.

« Les besoins sont importants et vont continuer à augmenter. Heureusement, nous avons commencé à proposer des soins en réadaptation très tôt. Nous voyons l'impact sur les patients qui commencent à remarcher et qui retrouvent le sourire. Nous voulons donner rapidement de l'autonomie au maximum de patients, et montrer aux aidants, le plus souvent les parents, le maximum d'exercices fonctionnels pour continuer à aider les patients, surtout ceux qui ont des atteintes neurologiques (hémiplégie, paraplégie, etc.) et pour lesquels il faut une prise en charge de longue durée... »

^{Natoyallah Djimingaye, kinésithérapeute de Handicap International}

Le rôle essentiel des aidants

Les équipes médicales de l’hôpital d'Adré travaillent 7 jours sur 7. L'établissement est surchargé et les patients retournent rapidement dans les camps alentours, selon leur état, afin de libérer des lits pour les nouveaux patients.

Les équipes de Handicap International essaient de donner le maximum d’informations aux aidants, le plus souvent des parents, en leur montrant les gestes simples à répéter une fois qu’ils auront quitté l’hôpital, pour s’assurer que le patient continuera les exercices nécessaires à sa rééducation.

Remettre en état la piste d’atterrissage

Atlas Logistique, la division logistique de Handicap International, a lancé grâce à son partenariat avec l’Union européenne et dans le cadre du EHRC (Capacité de réponse humanitaire européenne*) la réhabilitation de la piste d'atterrissage d'Adré, dont les derniers travaux devraient être achevés dans le courant du mois d’octobre. Elle favorisera l’acheminement du matériel et du personnel humanitaire, déjà rendus possible grâce à la mise en place de rotations quotidiennes d’hélicoptères sur la piste opérées par UNHAS.

Atlas Logistique a également mis à disposition des organisations d'aide internationales et locales un entrepôt de stockage pour le matériel humanitaire.

Les réfugiés manquent de tout

« Des centaines de personnes fuient chaque jour la guerre au Soudan pour se réfugier au Tchad, un des pays les plus pauvres au monde et qui n’a pas la capacité d’accueillir autant de personnes en détresse. Elles manquent de tout : abri, eau, nourriture, etc. Un grand nombre d’entre elles sont blessées et ont besoin de soins médicaux et en réadaptation afin d’éviter un handicap permanent. Cette crise, malheureusement, s’installe dans la durée et peu de bailleurs semblent aujourd’hui prêts à soutenir les opérations humanitaires pour aider les réfugiés soudanais. C’est une crise humanitaire grave et pourtant invisible. À Adré, à la frontière tchadienne avec le Soudan, Handicap International s’efforce de répondre à l’urgence. Nous lançons un appel aux États donateurs sur la nécessité impérieuse de soutenir la réponse humanitaire face à une crise qui va grossir et s’installer dans le temps. »

^{Florence Daunis, Directrice des Opérations de Handicap International}

Depuis mi-juin 2023, 1 500 à 2 000 personnes fuient chaque jour le Soudan, en proie à une guerre depuis avril dernier. Ils passent par le Darfour et arrivent finalement au Tchad. Au total, près de 400 000 personnes sont aujourd’hui au Tchad, dont la moitié à Adré. 86 % d’entre elles sont des femmes et des enfants. Le Tchad est parmi les pays les plus pauvres au monde.

Plus de 2 500 blessés ont déjà été recensés. L’hôpital de district d’Adré, soutenu par Médecins sans Frontières, a une capacité de 200 lits, mais son taux d’occupation est largement dépassé.

En dehors des activités mises en place par Handicap International, il n’y a pas de service de réadaptation ni de soutien psychologique.

La saison des pluies a commencé et des vents violents s’abattent sur les camps de réfugiés improvisés. Un grand nombre d'entre eux n’a pas accès à l’eau potable. Les besoins en nourriture, hygiène, protection, abris et santé sont également criants.

* La capacité de réponse humanitaire européenne (EHRC), est le nouvel ensemble d'outils opérationnels de l'Union européenne conçu pour combler les lacunes dans la réponse humanitaire aux risques naturels soudains et aux catastrophes d'origine humaine. HI - Atlas Logistique est l’un des partenaires opérationnels principaux de ce nouveau mécanisme (avril 2022).

Bailleurs

Ce projet est soutenu par les financements du European Humanitarian Response Capacity (EHRC) jusqu’en février 2024, et de la Coalition Humanitaire (via le ministère canadien des Affaires mondiales) jusqu’à fin décembre 2023.