Soigner chaque jour les blessures visibles et invisibles
En mars 2016, la crise syrienne entrait dans sa sixième année. Le conflit qui déchire la Syrie a provoqué des mouvements de populations sans précédent. On compte plus de 4,8 millions de réfugiés syriens dans les pays limitrophes, dont plus de 638 000 en Jordanie. Depuis quatre ans, les équipes de Handicap International interviennent auprès d’eux dans les communautés et dans les camps avec le soutien de la Commission européenne (ECHO). Nowar, Ansam, Noor et Amer racontent leur quotidien au chevet des réfugiés.

Noor, kiné de Handicap International, lors d’une session dans le camp d’Azraq avec Hala, une fillette qui souffre de paralysie cérébrale. | © C. Fohlen / Handicap International
C’est un dimanche matin de printemps et Nowar entreprend le trajet qu’elle fait cinq jours par semaine, depuis plus de deux ans. Cette jeune ergothérapeute jordanienne travaille dans le camp d’Azraq, où elle apporte son assistance aux réfugiés syriens. Mois après mois, son regard sur cette crise humanitaire a évolué, tout comme sa façon de travailler avec les réfugiés. Ses discussions avec eux et les séances d’ergothérapie qu’elle a mises en place l’ont aidée à mieux comprendre leur quotidien et leurs espoirs, et l’ont également convaincue de l’aspect indispensable des actions que Handicap International mène sur le terrain.
« Je me sens privilégiée de travailler dans les camps. Ce n’est pas un métier évident : les histoires que l’on entend, la pression que l’on ressent… c’est parfois dur à gérer au quotidien. Mais tous ces aspects de mon travail sont minimes quand je pense à la raison pour laquelle j’ai choisi ma vocation. Voir le bonheur dans les yeux des réfugiés après l’une de mes sessions suffit à me rappeler à quel point j’aime faire ce métier. »
« Ce jour-là, elle a pleuré de joie »
Depuis le début de la crise syrienne, plus de 150 000 personnes ont bénéficié de l’assistance de Handicap International en Jordanie. Nowar et ses collègues soignent au quotidien les blessures visibles et invisibles des réfugiés qui peuplent le pays. « Chaque histoire est unique, mais certaines m’ont particulièrement marquée. Je me rappelle d’une mère de famille qui souffrait d’une blessure à la main. Après plusieurs sessions, elle a de nouveau pu faire à manger à ses enfants. C’est un acte simple, qui peut paraître sans importance. Mais pour elle cela faisait une vraie différence. Elle a pleuré de joie ce jour-là, et j’ai été très touchée. J’ai compris à quel point mon métier pouvait changer la vie de ces réfugiés. »
Ansam, kinésithérapeute, partage l’avis de sa collègue. Comme Nowar, elle est convaincue de la nécessité des actions menées par l’association sur le terrain. « Travailler avec des personnes qui ont été blessées par la guerre, qui ont fui tout ce qu’elles avaient pour se trouver en sécurité, cela change le regard que je porte sur ma propre vie. Notre métier se concentre avant tout sur l’humain. Nous n’aidons pas seulement les gens à retrouver leur mobilité, nous leur montrons aussi que nous sommes là pour les aider dans cette période difficile et que nous ne les oublions pas. »
Plus de 25 000 personnes ont déjà bénéficié des séances de réadaptation menées en Jordanie par Nowar, Ansam et le reste des équipes de Handicap International. Outre les activités de kinésithérapie et d’ergothérapie, l’association assure aussi des sessions de soutien psychosocial et de la distribution d’aides à la mobilité (fauteuils roulants, déambulateurs, etc.) auprès des réfugiés. Handicap International se charge également de l’appareillage orthopédique (prothèses et orthèses) des personnes blessées et amputées.
Noor, kinésithérapeute, raconte : « Tellement d’histoires m’ont touchée, depuis que j’ai commencé à faire ce métier. L’un de mes plus beaux souvenirs reste la première fois que j’ai vu l’un des réfugiés avec qui je faisais des sessions, se lever de son fauteuil roulant. Je n’oublierais jamais ce moment. » Amer, son collègue, kinésithérapeute spécialisé en prothèse et orthèse, travaille pour l’association depuis le début de son intervention d’urgence sur la crise syrienne. Après quatre ans auprès des réfugiés, il a aussi beaucoup de souvenirs… Mais le plus marquant restera sa première impression. « Je n’oublierai jamais la première fois que je suis entré dans le camp de Za’atari : toutes ces personnes qui sont venues vers nous alors que nous étions encore dans la voiture. Je me suis demandé comment il était possible qu’autant de gens soient affectés à la fois. C’est à ce moment que j’ai réalisé l’ampleur du conflit syrien. »
Depuis, les années ont passé et ces spécialistes de Handicap International continuent d’aider autant que possible les réfugiés. « L’association joue un rôle essentiel auprès des personnes les plus fragiles », conclut Amer. « Lorsque les gens retrouvent leur indépendance, qu’ils peuvent se déplacer, tout devient possible à nouveau. C’est de là que je puise ma motivation. »
En Jordanie, parmi les personnes qui bénéficient des services de l’association, 53 % sont en situation de handicap, 17 % souffrent de blessures et sur l’ensemble des personnes prises en charge, 17 % sont des enfants*. Parmi les types de blessures les plus fréquents, on dénombre 40 % de malformations orthopédiques, 11 % de paralysies cérébrales et 9 % de traumatismes crâniens et amputations. Les interventions de Handicap International en Jordanie se font dans 6 gouvernorats, via des équipes mobiles qui se déplacent de domicile en domicile, des équipes itinérantes qui se déplacent de centre de santé en centre de santé, et des équipes fixes qui sont présentes dans les centres de santé et les hôpitaux. Les équipes sont composées de kinésithérapeutes, de travailleurs sociaux, de spécialistes en prothèses et orthèses, d’ergothérapeutes et de travailleurs psychosociaux.
* Données pour la période novembre 2015 à mars 2016.
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