Le retour sur nos terres, c’est un rêve qui se réalise
Famara vient de Bissine, un village du Sénégal qu’il a dû fuir en 1992. Plus de trente ans après, il peut enfin revenir sur ses terres qui ont été sécurisées par les équipes de déminage de Handicap International.

Famara Sané devant sa boutique, ouverte en août 2023 à Bissine. | © A. Faye / HI
Dans les années 1990, le conflit opposant les combattants du mouvement des forces démocratiques de la Casamance et l’armée sénégalaise a porté un coup terrible au village de Bissine, prospère localité de Casamance. Du jour au lendemain, les habitants ont dû fuir leurs maisons bombardées. Leur exil aura duré trente ans, avant que la sécurisation de la zone et que les opérations de déminage menées par Handicap International leur permettent de revenir l’esprit tranquille sur la terre de leurs aïeux.
L’espoir malgré tout
Famara Sané est né et a grandi à Bissine, au sein d’une grande famille. Il avait 17 ans le 9 octobre 1992, jour où la vie des Bissinois a basculé. Il allait alors au lycée à Ziguinchor la semaine et rentrait chez lui le week-end. C’est un ami qui lui a annoncé la nouvelle.
« À l’époque, le téléphone n’existait pas. Les informations nous parvenaient petit à petit. Mon ami m’a prévenu que mon petit frère avait été touché au genou et que ma grande sœur avait dû l’évacuer en le portant sur le dos. On m’a dit qu’il y avait eu des morts… Ce n’est que trois jours plus tard que j’ai appris que mes parents étaient sains et saufs et qu’ils s’étaient réfugiés en Guinée-Bissau », se souvient-il.
Famara est resté vivre à Ziguinchor jusqu’à l’obtention de son bac, puis à Dakar où il a fait des études. Il rejoignait sa famille uniquement pour les grandes occasions.
« J’aurais voulu rester vivre à Bissine. Même après le départ, nous nous sommes organisés en sections d’anciens du village. Nous avons toujours parlé de notre espoir de revenir un jour et les associations ont œuvré sans relâche au retour de la population. »
Participer à la reconstruction du village
C’est en 2020 que Famara apprend que certaines familles commencent à revenir au village. Il fait alors partie des premiers à revenir à Bissine.
« On est revenu avec des convois, les gens se joignaient à nous sur la route. On a commencé à reprendre possession de nos terres, désherber les espaces. C’était un travail difficile mais on ne ressentait pas la douleur car c’était un rêve qui se réalisait. »
Pourtant, à l’époque, la menace des mines et des engins explosifs est encore très présente à Bissine. Devant la demande croissante des Bissinois qui reviennent et souhaitent reprendre possession de leurs terres, le Centre national d’action antimines du Sénégal (CNAMS) décide de solliciter les équipes de déminage de Handicap International pour sécuriser les terres. Ainsi, entre juillet et octobre 2022, l'association a remis à disposition des villageois près de 95 000 m² de terres situées sur d’anciens champs de bataille et détruit 15 restes explosifs de guerre.
Une fois installé, la première idée de Famara est de construire une quincaillerie, car « il faut du ciment pour reconstruire le village ». Mais son épouse penche plutôt pour une boutique, qui servirait à approvisionner l’ensemble de la communauté. C’est ce projet qui sera retenu en premier.
« Le besoin était réel, les gens devaient aller loin pour faire leurs courses. Nous avons ouvert la boutique en août 2023, et depuis tout le monde vient ici. On prend note des commandes des clients pour y répondre. »
Famara, qui travaille avec sa grande sœur à la boutique, n’a pas laissé tomber la quincaillerie. Il est actuellement en négociation avec des livreurs et espère lancer son nouveau commerce sous peu. En attendant, il suit le compte des demandes de parcelles déposées par les personnes souhaitant revenir à Bissine.
« On recense les filles et fils du village qui veulent revenir ; on a déjà dépassé les 800 demandes. On y croit dur comme fer. Nous sommes certains que, un jour ou l’autre, tous ces terrains en friche que vous voyez autour de nous seront des maisons », conclut-il.
Lire également : "À Bissine, la vie après les mines"
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