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Kaltouma et Hassaneih, une vie à rebâtir au Tchad

Inclusion Réadaptation
Tchad

Kaltouma, 35 ans, et sa sœur Hassaneih, 25 ans, ont fui la guerre au Soudan. Toutes les deux handicapées, elles reconstruisent leur vie au Tchad malgré des conditions précaires.

Kaltouma et Hassaneih sont côte à côte, chacune dans son fauteuil roulant. Elles sont abrités dans une maison en bois et regardent l'objectif. Kaltouma, à gauche, porte une robe avec un tissu à fleurs violet et blanc, tandis qu'Hassaneih, à droite, porte un foulard bleu à fleurs oranges.

Kaltouma (à gauche) et sa sœur Hassaneih ont retrouvé une certaine autonomie grâce aux fauteuils roulants fournis par HI. | © T. Nicholson / HI

Depuis près d’un an, le Soudan est ravagé par une guerre entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), plongeant des millions de civils dans une situation insoutenable. Pour Kaltouma et Hassaneih, cette violence a brisé leur vie, les forçant à fuir leur village au Darfour après la mort de leur père.

La région du Darfour, en particulier, est marquée par des violences extrêmes. Les déplacements forcés, les exactions à l’encontre de la population et un climat d’insécurité omniprésente font partie du quotidien. Les personnes handicapées, affrontent souvent des défis amplifiés, combinant les traumatismes de l’exil avec des besoins spécifiques souvent ignorés dans la fuite. Kaltouma et Hassaneih, deux sœurs originaires de la région du Darfour au Soudan, témoignent de cette réalité.

Un voyage pour fuir les violences de la guerre et l’instabilité

Leur fuite a commencé dans la douleur et l’incertitude. Kaltouma et Hassaneih, qui vivent avec un handicap moteur et un handicap visuel partiel, ont dû fuir leur village d'Al Kuraynik, une localité du Darfour, après que leur père a été tué dans les affrontements. Leur fuite vers le Tchad a été ponctuée de difficultés :

« Les gens nous ont laissées comme des bagages, nous posant sur le toit d’un camion », se souvient Kaltouma.

Ce long périple les a menées à travers plusieurs camps pour déplacés internes au Soudan : Sissi, Ardamata et Geneina. En cours de route, le camion dans lequel elles voyageaient a été arrêté à un poste de contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), où elles ont été dépouillées de tous leurs biens. Les deux sœurs se souviennent avoir vu des femmes et des hommes se faire battre par les FSR. Leurs témoignages est une nouvelle preuve de la violence physique à laquelle les personnes déplacées font parfois face, s’ajoutant à la douleur de l’exil.

Après des jours de voyage éprouvants, elles ont atteint Adré, une ville située à la frontière entre le Soudan et le Tchad dans laquelle elles ont attendu d’être prises en charge. Les deux sœurs ont ensuite été redirigées vers le camp de réfugiés d’Aboutengué, situé à plusieurs dizaines de kilomètres. Malgré le soulagement, l’arrivée dans ce camp n’a cependant pas marqué la fin de leurs épreuves.

La réalité de la vie au camp d’Aboutengué

À leur arrivée dans le camp d’Aboutengué, Kaltouma et Hassaneih ont fait face à d’autres difficultés : « Les conditions de vie sont très difficiles ici », admet Kaltouma. La vie dans le camp est précaire, et les cartes de rationnement ne suffisent pas toujours à couvrir leurs besoins alimentaires. Pendant plusieurs semaines après leur arrivée, leur handicap moteur limitait considérablement leur mobilité : « Nous devions ramper pour nous déplacer », se rappelle-t-elle.

Après plusieurs semaines d’attente, pavées de difficultés, Kaltouma et Hassaneih ont fait la rencontre de Handicap International, qui intervient dans ce camp pour des activités de réadaptation auprès des réfugiés soudanais. L'association leur a fourni des fauteuils roulants, un changement qui a considérablement transformé leur quotidien, leur permettant de retrouver une autonomie cruciale. Elles peuvent maintenant se déplacer librement et participer à des activités au sein du camp :

« Maintenant, nous sommes libres et tellement heureuses. Nous pouvons rendre visite à nos amis, aller au marché et même au terrain de jeux », explique Hassaneih.

Ensemble, elles assistent désormais aux matchs de football qui opposent les différents blocs du camp. « Bien sûr, nous soutenons notre bloc, le bloc 2 ! », ajoute-t-elle fièrement.

Cette transformation dans le quotidien de Kaltouma et Hassaneih illustre l’impact des interventions humanitaires adaptées. Face à l’afflux massif de réfugiés soudanais à la frontière Est du Tchad, les organisations comme Handicap International redoublent d’efforts pour répondre aux besoins spécifiques des plus vulnérables. Entre services de réadaptation physique et soutien en santé mentale, ces initiatives jouent un rôle vital dans la reconstruction d’une autonomie et d’une dignité pour des milliers de déplacés.

Un projet d’avenir ensemble

Malgré tout, Kaltouma et Hassaneih nourrissent des projets pour l’avenir. « Notre rêve est d’avoir une bonne santé. Nous espérons que notre état va continuer de s’améliorer et que nous pourrons nous déplacer comme les autres », confie Kaltouma. Pour elles, l’accès aux soins n’est pas seulement une nécessité, c’est une porte vers l’indépendance.

Les deux sœurs expriment aussi un profond désir d’éducation : « Nous avons besoin d'apprendre et d'étudier. » Mais leurs ambitions ne s’arrêtent pas là. Elles partagent une passion pour la mode, que les sœurs envisagent comme un moyen de reconstruire leur avenir :

« Nous rêvons aussi d'avoir suffisamment de nourriture et de bons vêtements. La mode nous intéresse, et nous voulons de beaux habits. »

Pour Hassaneih, cette passion n’est pas seulement une source de plaisir, mais aussi une opportunité économique : « Nous aimerions acheter et vendre des vêtements et des matériaux sur le marché », explique-t-elle. Ce projet représente pour elles bien plus qu’un commerce, c’est une façon de bâtir une vie indépendante en surmontant les barrières économiques auxquelles elles font face.

En tant que femmes handicapées, Hassaneih et sa sœur subissent une double exclusion : moins d’opportunités d’emploi, un accès limité aux ressources et un environnement souvent inadapté.

« Comme nous sommes handicapées, il y a beaucoup de métiers “normaux” que nous ne pouvons pas faire, mais nous pensons que nous pourrions monter une affaire ensemble dans la mode. »

En dépit des obstacles, Kaltouma et Hassaneih imaginent un avenir où elles seront non seulement indépendantes, mais aussi actrices de leur propre reconstruction, contribuant à la vie de la communauté tout en trouvant une voie vers l’autonomie.

Publié le : 19 décembre 2024
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