Aider les communautés Zenú à renforcer leur sécurité
Le Bajo Cauca est une sous-région de Colombie caractérisée par des mines d'or et le trafic de drogue. Des groupes armés s'y affrontent pour contrôler cette zone stratégique. Valery Possada, du programme Colombie de Handicap International, explique la situation et les actions que l’association a mises en place en faveur des tribus Zenú, victimes de cette violence armée.

© Bas Bogaerts / Handicap International
Quelles communautés vivent dans le Bajo Cauca* et pourquoi sont-elles si particulières ?
Valery Possada : Ce sont des tribus Zenú. Elles possèdent des structures de droit, d'éducation et de santé qui sont en marge du système colombien habituel. Ainsi, elles appliquent leur propre droit pénal et leur système scolaire est constitué de connaissances sur leurs ancêtres. Elles se tiennent également écartés de la médecine moderne.
Cependant, les coutumes générales colombiennes s'infiltrent de plus en plus dans leur culture. Les Zenú ne portent plus le costume traditionnel et tous les jeunes ont aujourd’hui un smartphone. Ceux qui ont déménagé en ville ont adopté de nombreuses coutumes identiques aux nôtres. Tandis que ceux qui habitent dans des zones plus isolées conservent souvent un style de vie plus traditionnel et continuent généralement à utiliser le système de troc.
Pourquoi les considère-t-on comme des personnes vulnérables ?
VP : Le Bajo Cauca est situé dans une zone stratégique, où des bandes criminelles et des groupes armés d'opposition n'hésitent pas à employer la violence. Les affrontements empêchent souvent les Zenú d'atteindre leurs propres champs, ce qui a un grand impact puisque beaucoup d’entre eux gagnent leur vie grâce à l'agriculture. Certains survivent grâce à l‘artisanat et fabriquent des sombreros traditionnels, par exemple. Mais eux aussi ont besoin d’avoir accès à du matériel.
En outre, ils ont un problème d'eau potable : l'eau de la rivière est fortement polluée, notamment à cause de l'extraction d'or. Labourer, chasser, boire l’eau… autant de choses devenues impossibles. Cela rend ces populations très vulnérables.
La Colombie compte des millions de déplacés à cause du conflit armé, qui touche aussi les Zenú. Ils entretiennent une relation fusionnelle avec leur terre et ils ne la quittent qu’en tout dernier recours. Ils considèrent certaines zones comme des terres sacrées de leurs ancêtres. Au besoin, ils sont prêts à sacrifier leur vie pour les protéger.
Qu’a fait Handicap International pour les Zenú du Bajo Cauca ?
VP : Nous avons mis en place un projet sur six mois s’adressant à dix communautés. L’objectif était de leur permettre de mieux se protéger contre la violence dans leur environnement. Nous avons pris une série de mesures pour renforcer leurs capacités organisationnelles, pour garantir une sécurité élevée et pour assurer leur sécurité alimentaire.
Ainsi, nous avons distribué des filtres à eau aux familles pour qu’elles aient de l'eau potable, nous leur avons donné des grains pour une agriculture durable, nous leur avons fourni des poules et des coqs, etc. Nous avons également formé les chefs des communautés à leurs droits et aux techniques de négociation. Un élément important de ce projet était également la restauration du centre d'accueil (le refuge) pour les familles vivant dans la ville de Cáceres.
Quel est le but de ce centre d'accueil ?
VP : C'est un lieu où ils peuvent se rendre s'ils doivent fuir la violence. Jusqu'il y a peu, le centre ne disposait pas du matériel nécessaire pour leur prise en charge. Handicap International a fait en sorte qu'il y ait une clôture, de l'électricité à l'étage supérieur, des ventilateurs, des couvertures pour les nuits froides, des hamacs, du matériel de cuisine, des lampes de poche, des chaises et des tables, des jeux pour occuper les enfants, etc. Le but est de créer un environnement le plus humain possible dans ce centre d'accueil. Devoir s'enfuir de chez soi est une expérience traumatisante.
Par ailleurs, il est pratique d’avoir à disposition ce genre de point de rassemblement. Il arrive que les groupes armés d'opposition imposent des restrictions de déplacement à la population locale. L'approvisionnement en nourriture pour remplir les besoins de la communauté au sein du centre d'accueil est alors une « excuse » valable pour rester en contact avec les personnes enfermées dans un territoire.
* Le Bajo Cauca est situé quelque 300 kilomètres au nord de la ville de Medellín, au nord-ouest de la Colombie, et comprend six communes au sein du département Antioquia.
Colombie. Utilisation d'un filtre à eau fourni par Handicap International aux familles des communautés Zenú. © Bas Bogaerts / Handicap International
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