Urgence en Colombie : la crise du Catatumbo déplace plus de 50 000 personnes
Dans le nord-est de la Colombie, la violence des groupes armés non étatiques a forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir. Les besoins en santé, hygiène, protection et éducation explosent.

Accueil et prise en charge d’urgence de personnes déplacées à Cúcuta par les équipes de HI. | © C. Maldonado / HI
Frontière entre la Colombie et le Vénézuéla. Une mère et sa fille de 8 ans arrivent, fatiguées, dans la ville de Cúcuta. C’est la troisième fois qu’elles partent en catastrophe de chez elles pour échapper à de violents affrontements. La fillette, atteinte de paralysie cérébrale, a urgemment besoin de soins et d’un fauteuil roulant ; dans la longue file d’attente qui serpente devant le stade municipal, elles attendent avec inquiétude de savoir si elles pourront bénéficier d’un programme d’aide de la mairie. Comme elles, plus de 56 000 personnes1 ont été déplacées par les violents affrontements qui font rage dans la région du Catatumbo.
Reprise des affrontements dans le nord-est de la Colombie
Depuis fin 2024, le département du Norte de Santander, au nord-est de la Colombie, est le théâtre d'une escalade de violence et d'affrontements entre des groupes armés non étatiques tels que l'Armée de libération nationale (ELN) et l'Estado Mayor de los Bloques y Frentes (EMBF). Selon les observateurs internationaux, cela est lié au caractère stratégique de la frontière. Les groupes s’y affronteraient pour le contrôle des vastes territoires de la région, des économies illégales prospères qui y fleurissent, ainsi que pour des intérêts politiques et sociaux. Le Catatumbo est une région rurale, pauvre, difficile d'accès et oubliée des pouvoirs publics. Mais il y pousse de la coca, ce qui représente aussi un intérêt pour les groupes armés.
Le 15 janvier 2025, le massacre d'une famille dans la petite ville de Tibú a marqué un tournant dans les violences. L’escalade des affrontements qui a suivi a conduit le Gouvernement colombien à suspendre ses pourparlers avec l'ELN. En deux semaines à peine, plus de 50 000 personnes ont été poussées sur les routes par l’insécurité, les violences, ainsi que les difficultés de ravitaillement ou d’accès aux soins. Nombreuses sont celles qui, parties précipitamment de chez elles, n’ont même pas eu le temps d’emporter quelques effets personnels ou leurs papiers d’identité.
La route fut longue jusqu’à Cúcuta pour toutes ces personnes, serrées dans des camions et rassemblées en longues caravanes de voitures.
Les civils, premières victimes
Les conséquences humanitaires de ces affrontements sont dramatiques pour les populations civiles :
- Plus de 56 000 personnes ont dû fuir leur maison, du jamais vu depuis près de 30 ans en Colombie.
- Parmi elles, plus de 46 000 enfants et adolescents sont affectés et ont dû arrêter l’école2. En effet, près de 710 écoles restent fermées dans la région pour des raisons de sécurité.
Les affrontements ont également des conséquences à long terme : les habitants craignent de voir se multiplier les mines antipersonnel, munitions non explosées et autres engins explosifs improvisés dans la région.
Toutes ces personnes déplacées se retrouvent fort démunies et ont urgemment besoin d’abris sûrs, de nourriture et d’accès à l’eau potable. Beaucoup d’entre elles recherchent également un soutien psychosocial pour apaiser les traumatismes. Par ailleurs, des milliers d’enfants sont aujourd’hui déscolarisés. Le gouvernement du Norte de Santander a mis en place un « Colegio por la Paz » (collège pour la paix) à Cúcuta pour qu’ils puissent reprendre leur scolarité. Mais pour de nombreux enfants handicapés, le manque de fauteuils roulants et de béquilles rend l’accès à l’école très difficile.
Aide humanitaire : des moyens insuffisants
La réponse humanitaire se concentre essentiellement dans la ville de Cúcuta, car l'accès à des municipalités telles que Tibú et Ocaña, qui figurent parmi les plus touchées par les violences, est limité par la présence des groupes armés non étatiques.
« De nombreuses personnes ont subi des chutes et des blessures au cours de leur fuite, ce qui peut entraîner des handicaps ou aggraver des traumatismes physiques préexistants. L'absence de béquilles ou d’attelles pendant plusieurs jours a contraint leurs mouvements et les a rendues plus vulnérables. »
Claudia Murcia, chargée de réadaptation à base communautaire
À Cúcuta, les équipes de Handicap International proposent un soutien aux communautés déplacées. Pour les personnes arrivant en ville dans un état de stress post-traumatique causé par les violences et les souffrances subies, l'association fournit des premiers soins psychologiques et aide à la prise de rendez-vous chez des spécialistes. Par ailleurs, Handicap International réalise des évaluations kinésithérapeutiques et fournit des fauteuils roulants, des cannes, des béquilles ou des orthèses aux personnes qui en ont besoin pour se déplacer. Enfin, les équipes de l'association proposent des sessions de sensibilisation aux droits sexuels et reproductifs lors d’ateliers collectifs.
La crise humanitaire au Catatumbo continue d'évoluer et les besoins urgents des populations en matière de sécurité, de santé et de protection dépassent les capacités de réponse des acteurs locaux et humanitaires, lesquels pâtissent par ailleurs des baisses de financements internationaux. Une forte mobilisation est nécessaire pour relever ces défis majeurs ainsi que les conséquences disproportionnées de la crise sur les communautés vulnérables, telles que les personnes handicapées et les migrants.
1 Reliefweb - 26 mars 2025
2 Reliefweb - 23 janvier 2025
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