25 ans du Traité d’Ottawa : la lutte contre les mines est loin d’être terminée
Il y a 25 ans, la signature du Traité d'interdiction des mines antipersonnel – dit Traité d'Ottawa – a marqué une victoire diplomatique et de la société civile sans précédent. Mais depuis 2014, les mines ont fait leur réapparition dans les conflits, avec une augmentation conséquente du nombre de victimes.

Représentants de la coalition ICBL après la remise du prix Nobel de la paix le 10 décembre 1997 à Oslo | © ICBL
Le Traité d'Ottawa a été adopté le 18 septembre 1997 grâce à une campagne acharnée menée par la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL) dont Handicap International est membre fondateur en 1992. Le traité interdit l'utilisation, la production, le transfert et le stockage des mines antipersonnel et impose aux pays l'obligation de venir en aide aux victimes. Victoire majeure pour le États et les organisations de la société civile qui ont porté ce combat, il s'agit du premier traité au monde à interdire une arme conventionnelle. Il a été ouvert à la signature les 3 et 4 décembre 1997 à Ottawa et est entré en vigueur le 1er mars 1999.
Le 10 décembre 1997, en tant que membre d'ICBL, Handicap International a été colauréate du prix Nobel de la paix pour son « rôle dans la promotion des efforts internationaux pour une interdiction totale des mines terrestres antipersonnel ». Ce prix a reconnu la ténacité de ces organisations de la société civile à faire pression sur les États pour qu'ils interdisent enfin ces armes.
Le succès incontestable du traité
Le Traité d'Ottawa a connu 25 ans de succès incontestable. 164 États en sont actuellement parties, représentant plus de 80 % des pays de la planète. Vingt-trois États ont achevé leurs programmes de déminage depuis l'entrée en vigueur du traité en 1999. Au total, plus de 3 300 km² de zones minées dans le monde ont été déminées et plus de 5 millions de mines antipersonnel ont été détruites. 55 millions de mines stockées par les États ont été détruites. L'utilisation des mines antipersonnel est désormais largement stigmatisée dans le monde entier.
Après l'entrée en vigueur du traité en mars 1999, le nombre annuel de victimes a d'abord été divisé par dix, passant de quelque 30 000 au début des années 1990 à 3 456 en 2013.
De nouveaux défis à relever
Mais depuis 2014, après 15 ans de baisse régulière, le nombre de victimes est en augmentation. Publié le 17 novembre dernier, le rapport 2022 de l'Observatoire des mines, qui mesure l'impact du Traité d'Ottawa, comptabilise 5 544 nouvelles victimes de mines antipersonnel et de restes explosifs de guerre en 2021 (contre 3 456 en 2013, le chiffre le plus bas depuis 1999). Ce chiffre élevé est principalement dû à l'augmentation du nombre de conflits armés et à la contamination accrue par les mines improvisées depuis 2015.
En 2022, l'utilisation de mines par les armées de la Russie et du Myanmar, ainsi que par des groupes armés non étatiques dans cinq pays (République centrafricaine, Colombie, République démocratique du Congo, Inde et Myanmar), sont les principaux facteurs à l'origine d'une forte augmentation de l'utilisation de ces armes, rapporte l'Observatoire des mines 2022.
En 2021, le financement de l'assistance aux victimes a atteint son niveau le plus bas depuis 2016 (25,6 millions de dollars). 27 États parties au traité comptant un nombre important de victimes de mines n'ont reçu aucun financement direct pour l'assistance aux victimes. Les activités de soins de santé et de réadaptation sont restées sous-financées et ont été confrontées à des défis nombreux et croissants dans de nombreux pays, notamment en matière d'accessibilité, de coordination, d'expertise et d'achat de matériel.
« Les mines sont toujours présentes dans 60 pays et territoires et elles continuent de tuer et de mutiler. Chaque jour, quinze personnes sont victimes de ces armes dans le monde. Plus des trois quarts des victimes sont des civils, dont la moitié sont des enfants. Bien que de nets progrès aient été réalisés dans la lutte contre les mines, notre combat n'est pas terminé. L'utilisation de mines et des engins explosifs improvisés agissant comme des mines est en augmentation. Nous devons rester vigilants et continuer à mobiliser les États pour débarrasser la planète de ce fléau et apporter une aide à long terme aux victimes. »
Anne Héry, Directrice du Plaidoyer à Handicap International
Spécial 25e anniversaire du Traité d'Ottawa
- "La frontière entre les périodes de paix et de violence est de plus en plus floue", interview de Perrine Benoist, Directrice de la réduction des violences armées à Handicap International
- 25 ans du Traité d'Ottawa : aider les victimes de mines est dans l'ADN de Handicap International depuis le début
- « Le jour où j’ai marché sur une mine, mon destin a été tracé », témoignage de Marta Quintero, responsable déminage en Colombie
La Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL)
En 1992, Handicap International s'associe au Mines Advisory Group (Royaume-Uni), à Medico International (Allemagne), Human Rights Watch / Arms Project (États-Unis), Physicians for Human Rights (États-Unis) et Vietnam Veterans of America Foundation (États-Unis) pour fonder la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL), une coalition à laquelle se sont jointes depuis plus de 1 000 organisations d'une soixantaine de pays. La coalition a lancé une campagne publique internationale d'action contre les mines qui a abouti, en 1997, à l'adoption du Traité d'Ottawa, le premier traité d'interdiction d'une arme conventionnelle. La même année, les ONG membres d’ICBL, dont Handicap International, ont reçu le prix Nobel de la paix pour « leur rôle dans la promotion des efforts internationaux pour une interdiction totale des mines terrestres antipersonnel ».
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