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Gaza : « Nous avons besoin de deux fois plus de fournitures »

Réadaptation Santé Urgence
Territoires Palestiniens Occupés

Wala, infirmière, soigne les personnes chez elles et dans les camps de déplacés. Elle parle de sa vie, de son travail et de la situation à Gaza.

Wala en train de nettoyer la blessure d'un patient dans un camp de déplacés à Rafah.

Wala en train de nettoyer la blessure d'un patient dans un camp de déplacés à Rafah. | © HI

Pourquoi avez-vous choisi de devenir infirmière et de travailler dans le secteur de la santé ?

Depuis toute petite, je rêve de devenir infirmière. À l'école, j'étais la première de ma classe en matière de santé. Encouragée par ma famille et mes amis, j'ai poursuivi mon rêve et obtenu mon diplôme d'infirmière avec mention très bien. J'ai ensuite commencé à travailler avec des organisations non gouvernementales comme Handicap International. Travailler avec cette ONG est une expérience enrichissante. Comme vous le savez, elle a été l'une des premières organisations à intervenir et à aider les personnes dans les abris d'urgence à Gaza.

Quelles sont les compétences nécessaires dans votre métier ?

Tout d'abord, nous devons savoir comment stériliser nos mains et notre matériel. C'est essentiel pour garantir la propreté et prévenir les infections ou la propagation des germes. Une autre partie essentielle de notre travail consiste à donner des conseils et des instructions aux patients. Notre travail ne se limite pas à panser les plaies ; nous donnons également des conseils et nous sensibilisons les patients sur le soin des plaies, en insistant sur l'importance de les garder sèches et protégées, nous leur expliquons la nécessité d'une bonne alimentation, etc. Lors des séances de pansement, il est important de sensibiliser les patients aux différents aspects des soins, en particulier lorsqu'ils sont traités à domicile.

Dans les camps, j'explique aux patients comment prévenir la propagation de la gale et des poux, par exemple, et j'insiste sur l'importance de l'hygiène personnelle, bien qu'elle soit difficile à assurer, vu les conditions. Je leur montre également comment nettoyer leurs propres blessures. Je demande aux aidants de m'aider pendant les séances de pansement, surtout si le patient risque d'être déplacé et que je ne pourrai pas l'atteindre. Après sept ou huit séances, lorsque l'aidant est en mesure de faire le pansement, je clos le dossier du patient.

Quels besoins rencontrez-vous actuellement à Gaza ?

Les trousses de soins que nous transportons sont assez rudimentaires compte tenu du nombre de cas que nous traitons. Nous avons vraiment besoin de doubler la quantité de fournitures dans nos sacs, en particulier de gaze, de bandages et de solution saline, afin de pouvoir faire face à une urgence ou traiter plusieurs patients dans des endroits différents, tels que des chambres, des salles de classe ou des tentes. Le fait d'avoir plus de fournitures nous permettrait de répondre rapidement aux cas urgents sans risquer d'en manquer.

Nous avons également besoin d'électricité pour charger nos téléphones, ainsi que pour faire fonctionner un téléphone professionnel et une carte SIM. Les patients communiquent souvent avec nous sur nos téléphones personnels lorsque leurs besoins sont urgents. Un projecteur serait également utile pour que nous puissions voir ce que nous faisons lorsque nous soignons des patients dans des tentes la nuit.

Quels sont vos plus grands défis ?

Nous avons rencontré de nombreux défis dans notre travail, en particulier dans nos interactions avec les patients. Beaucoup d'entre eux sont stressés, effrayés et souffrent beaucoup. De plus, les pièces dans lesquelles nous travaillons sont parfois mal éclairées ; nous devons utiliser les lampes de deux ou trois téléphones portables pour voir ce que nous faisons.

Il y a souvent des retards dans l'acheminement des fournitures parce qu'elles sont bloquées aux postes de contrôle. Il est donc difficile de fournir des soins en temps voulu. Le transport est un autre défi, car certains patients se trouvent dans des zones difficiles d'accès. Les écoles qui servent d'abris sont souvent éloignées les unes des autres, tout comme les tentes dans lesquelles vivent certains patients. Mais nous trouvons toujours un moyen de surmonter ces difficultés. Nous demandons l'aide d'hôpitaux ou de collègues d'autres organisations, par exemple lorsque nous manquons de fournitures ou pour d'autres difficultés. Lorsqu'un patient a besoin de soins spécialisés, par exemple pour des brûlures graves, nous orientons le patient vers une organisation qui peut fournir le traitement nécessaire.

Malgré les nombreux obstacles auxquels nous sommes confrontés, nous restons engagés dans notre travail. Depuis le début de la guerre, et jusqu'à aujourd'hui, nous sommes déterminés à continuer à fournir des soins jusqu'à ce que chaque personne blessée à Gaza soit guérie.

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail, qu'est-ce qui vous motive ?

L'un des aspects de mon travail que j'apprécie vraiment est d'être témoin des réactions positives de nos patients, en particulier lorsque je vois qu'ils font des progrès. Cela me fait plaisir de voir un enfant autrefois effrayé qui n'a plus peur et qui est prêt à se relever. Certaines personnes ont même demandé l'aide des infirmières et des bénévoles de Handicap International en raison de la motivation et du soutien que nos services leur ont apportés, ce que j'apprécie profondément.

Y a-t-il une histoire, une anecdote qui vous a marquée et que vous aimeriez partager ?

Je vais partager une histoire personnelle : le 9 novembre, je travaillais dans l'un des centres d'hébergement. J'avais terminé ma journée et j'étais sur le point de quitter l'abri, de rédiger mon rapport et de recharger mon téléphone car je n'avais pas eu accès à l'électricité. Au moment de partir, j'ai vu beaucoup de monde à l'entrée. Ils étaient venus me dire que ma maison avait été bombardée et qu'il n'y avait plus personne en vie. Deux de mes collègues étaient avec moi lorsque j'ai appris la nouvelle. J'ai commencé à courir vers ma maison ; j'avais l'impression que je n'y arriverais jamais. J'ai continué à courir malgré la peur et la douleur que je ressentais à l'intérieur. Lorsque je suis arrivée chez moi, j'ai vu qu'elle avait effectivement été bombardée et qu'il n'y avait aucune trace de ma famille. Les gens et la défense civile ont commencé à me demander qui était dans la maison. J'ai répondu que toute ma famille était à l'intérieur, sauf moi, car je devais aller travailler. Ils m'ont demandé les noms de mes parents et de mes frères et sœurs, et à ce moment-là, je ne m'en souvenais plus. Il n'y avait pas que ma famille directe à l'intérieur, mais aussi mes sœurs et mes cousins qui avaient fui leur propre maison pour s'abriter avec nous. Au bout de dix minutes, tous leurs noms me sont revenus et j'ai commencé à les communiquer aux secouristes. Je n'arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Ils m'ont emmenée à l'hôpital pour les chercher dans l'espoir de retrouver certains d'entre eux en vie, en particulier mon père, dont je suis très proche.

J'ai trouvé ma mère et ma belle-sœur à l'hôpital koweïtien et mes deux enfants à l'hôpital.

Quels sont vos souhaits pour l'avenir ?

J'espère être une source de soutien pour toutes les personnes qui en ont besoin. Nous avons tous besoin les uns des autres. Ma spécialisation est l'être humain.

Depuis le 7 octobre et l'escalade de violences entre Israël et le Hamas, quelque 32 000 Palestiniens ont été tués – dont au moins 10 000 enfants – et 75 000 blessés dans les bombardements incessants à Gaza par les forces israéliennes. Cette offensive meurtrière fait suite à une attaque massive lancée par le Hamas contre Israël, au cours de laquelle 1 200 Israéliens ont été tués et 240 Israéliens et ressortissants étrangers ont été pris en otage. Handicap International est alarmée par le nombre très élevé de victimes civiles, l'absence d'accès humanitaire sûr et le nombre limité de camions pouvant entrer quotidiennement dans la bande de Gaza. Avec plus de 800 autres organisations, l'association appelle à un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin au carnage et garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à la population touchée.
Publié le : 10 avril 2024
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