« Aujourd'hui, elle touche à tout. Elle me fait même peur parfois ! »
Mireille est un bébé de 2 ans avec un handicap mental. Sévèrement malnutrie, elle a été prise en charge par les équipes de Handicap International au Tchad.

Mireille et sa mère dans la salle de thérapie de stimulation | © HI
Seule avec six enfants
La petite Mireille vient de finir sa septième et dernière séance de thérapie de stimulation. La petite fille vit avec un handicap mental. Sa maman, Sophie, assume seule la charge de toute la famille, son mari étant loin pour finir ses études.
Pour nourrir les six enfants dont elle a la charge – ses propres enfants et deux petits frères qu’elle a récupérés après le décès de son père – Sophie tient un petit commerce devant la maison. Mais c’est bien insuffisant pour nourrir tout le monde.
Comme Mireille, beaucoup d’enfants sont suivis à l’unité nutritionnelle ambulatoire de l’hôpital Notre-Dame-des-Apôtres à N’Djamena, où ils reçoivent de la part d’Unicef des rations de "plumpy nut", des barres alimentaires formulées pour la réadaptation nutritionnelle des enfants et des adultes souffrant de malnutrition sévère.
« Je suis très fière des progrès de ma fille »
En complément, Handicap International propose des séances de thérapie de stimulation pour les enfants malnutris. Le protocole comprend sept séances pour stimuler les capacités psychomotrices des enfants qui ont été sévèrement affectés par la malnutrition.
Sophie raconte les premières séances avec Angeline, la kinésithérapeute de Handicap International :
« Au début, Mireille pleurait, elle avait peur. Elle ne voulait même pas entrer dans la salle. Angeline a été très patiente, elle l’a rassurée. Maintenant, Mireille est joyeuse dès qu’elle voit la salle, elle s’y précipite et elle peut jouer sans s’arrêter. Avant, ma fille marchait difficilement, elle tenait à peine debout et elle était très réservée. Maintenant, elle touche à tout, elle me fait même peur parfois ! Dès qu’elle trouve quelque chose, elle le ramasse et elle joue avec. Elle ne parle pas encore mais je pense que ça va venir. Je suis très fière des progrès de ma fille. »
L’importance de jouer
Jouer est primordial pour le développement psychomoteur des enfants. Sophie trouve tant bien que mal un peu de temps à consacrer à sa fille, le soir ou le matin, malgré les tâches ménagères et son commerce.
Sa relation avec Mireille a beaucoup changé. Il y a un plus grand attachement, sûrement dû aux temps de jeux passés entre la mère et la fille qui ont renforcé les liens :
« Elle pleure quand je quitte la maison. Avec ses frères et sœurs, la relation a changé aussi, elle est moins timide et veut toujours jouer avec eux. »
Qu’est-ce que la thérapie de stimulation ?
La malnutrition sévère retarde la croissance et le développement des nourrissons. Ces retards de développement peuvent entraîner des handicaps irréversibles s'ils ne sont pas traités.
La thérapie de stimulation arrive en complément d’une aide alimentaire d’urgence. C’est un ensemble d’activités qui stimulent les capacités motrices et le développement cognitif en faisant participer l'enfant avec des jouets et en lui accordant une attention individuelle.
Chaque activité joue un rôle spécifique dans le développement : tenir un jouet au-dessus de sa tête l'aidera à s'entraîner à tendre le bras ; dessiner avec des stylos et des crayons lui permettra d'améliorer sa préhension. Des actions simples, comme taper dans un ballon ou pousser une voiture, contribuent à développer ses mouvements, ses interactions et ses réflexes.
La famine touche de nombreuses familles au Tchad
En juin 2022, Le Tchad, troisième pays le moins développé au monde selon l’ONU, a déclaré l’urgence alimentaire du fait de la détérioration constante de la situation nutritionnelle. Toujours selon l’ONU, 5,5 millions de Tchadiens, soit plus du tiers de la population, avaient besoin d’une aide humanitaire d’urgence en 2021. Une situation qui s’est aggravée avec la guerre en Ukraine et son impact sur le commerce mondiale des céréales.
Ce projet est soutenu par le ministère des Affaires étrangères du Gouvernement fédéral allemand (GFFO) jusqu’en juin 2024.
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