« J’aime accompagner les gens à retrouver une vie digne et heureuse »

Combien de mains a-t-elle tenues, fermement, pour monter et descendre les marches du centre ? Combien de corps a-t-elle soutenus sur les barres parallèles ? Combien de mots d’encouragement, de prothèses ajustées à genoux ?

« Grâce à mon travail, je peux aider de nombreuses personnes à retrouver une vie digne et heureuse, car la réadaptation joue un rôle très important. Elle contribue à améliorer la qualité de vie et à promouvoir l'inclusion. Je suis fière d’y participer personnellement. »

Du haut de ses 24 ans, Raksmeymutta Nguon est une jeune professionnelle originaire de Phnom Penh, déterminée à faire de la réadaptation de ses patients un pas de plus vers le confort et l’autonomie. Après avoir commencé comme orthoprothésiste, celle que tout le monde appelle "Mutta" est désormais cheffe de projet Réadaptation. Cela fait maintenant trois ans qu’elle exerce au sein du centre de Kampong Cham.

« Les premiers bénéficiaires de notre centre ont été les victimes de mines, mais au fur et à mesure que notre pays est décontaminé, ces victimes se font heureusement de plus en plus rares. Aujourd’hui nous recevons principalement des personnes handicapées suite à un accident de la route, des problèmes de santé comme les AVC ou des retards de développement à la naissance. »

Parmi les personnes qu’elle suit, une rencontre l’a particulièrement marquée. Raksmeymutta se souvient d’une mère et sa fille, arrivées au centre de réadaptation après avoir été victimes du même accident de la route. Toutes les deux avaient dû être amputées d'une jambe et étaient désespérées à l’idée de ne plus jamais pouvoir remarcher normalement.

« Rien n’est comparable à l’amour qu’une mère porte à sa fille. Je me souviens que quelles que soient la douleur et la peur qu’elle ressentait, la maman gardait le sourire et continuait de motiver sa fille pour qu’elle reste positive. »

C’est avec beaucoup d’émotion que Raksmeymutta se rappelle avoir ajusté leurs toutes premières prothèses et garde précieusement leurs photos dans son téléphone portable.

« Grâce à cette prothèse et au suivi en réadaptation, elles ont pu recommencer à vivre de manière autonome avec l’espoir de mieux s’intégrer dans la société. La mère a créé une petite entreprise à la maison et sa fille est retournée à l'école. La mère m'a dit "Merci beaucoup Handicap International de nous avoir ramenées à la vie, ma fille et moi, vous nous avez sauvé la vie". J'ai été bouleversée par leur gratitude envers mes collègues et moi. »