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Lutte contre les mines antipersonnel et aide aux victimes

Les mines antipersonnel tuent et mutilent des milliers de civils chaque année. Découvrez l'action de nos équipes pour le déminage et l'aide aux victimes de ces armes barbares.

Longtemps après la fin des combats, elles continuent de tuer et de mutiler en silence. Les mines antipersonnel, reliques barbares des conflits, représentent un fléau mondial qui ne fait aucune distinction entre un soldat et un enfant jouant dans un champ. Chaque année, des milliers de vies sont brisées par ces armes aveugles, laissant derrière elles des traumatismes physiques et psychologiques indélébiles. Face à cette réalité insoutenable, la communauté internationale s'est mobilisée, notamment à travers le Traité d'Ottawa, pour interdire leur usage et leur production. Cet article propose un état des lieux complet de ce combat pour la dignité humaine. Pour nous aider à poursuivre nos efforts de déminage et l'indispensable accompagnement des victimes, vous pouvez dès maintenant faire un don et agir à nos côtés.

Qu'est-ce qu'une mine antipersonnel ?

Une mine antipersonnel est une charge explosive dissimulée dans le sol, conçue pour exploser lorsqu’une personne entre en contact avec elle. Elle est destinée à blesser ou à tuer. Elle explose sous la pression d’un pied ou lorsqu’un fil-piège est tendu. Il existe des dizaines de modèles différents. Cette catégorie d'arme se distingue de l'engin explosif improvisé (IED), souvent de fabrication artisanale, dont la forme et le mode de déclenchement sont particulièrement imprévisibles.

Son objectif militaire initial est de blesser ou mutiler plutôt que de tuer, afin de saturer les services de santé et de saper le moral de l'ennemi.

Le caractère indiscriminé d’une mine antipersonnel en fait une arme particulièrement atroce : elle ne fait pas la différence entre un combattant militaire et un civil, adulte ou enfant. En outre, tant qu’elle n’est pas déclenchée par un individu, elle peut rester active des décennies après la fin d’un conflit.

Principaux types de mine antipersonnel :

  • Mines à effet de souffle (blast mines) : conçues pour arracher le membre inférieur.
  • Mines à fragmentation : projettent des fragments de métal sur un large rayon.
  • Mines bondissantes : s'élèvent dans les airs avant d'exploser à hauteur de personne.
  • Mines directionnelles : projettent leurs fragments dans une direction spécifique.

Les conséquences humaines et socioéconomiques dévastatrices

Les souffrances causées par les mines antipersonnel vont bien au-delà des blessures physiques. Ces armes affectent des communautés entières sur le long terme.

Outre la mort dans certains cas, les mines antipersonnel causent surtout des blessures extrêmement graves – amputations, brûlures, cécité, lésions internes – mais aussi des traumatismes psychologiques profonds pour les victimes et leurs familles.

Les civils représentent l'écrasante majorité des victimes, avec une proportion élevée d'enfants : plus de 8 victimes de mines sur 10 sont des civils, dont plus d’un tiers sont des enfants.

Conséquences socioéconomiques :

  • Blocage du développement : des terres agricoles fertiles rendues inutilisables, entraînant l'insécurité alimentaire.
  • Entrave à la reconstruction : impossibilité de reconstruire les infrastructures (routes, écoles, habitations) après un conflit.
  • Frein au retour des populations : les réfugiés et les personnes déplacées ne peuvent pas rentrer chez eux en sécurité.
  • Fardeau pour les systèmes de santé : les soins aux victimes sont complexes, coûteux et de longue durée.
  • Appauvrissement des familles et des communautés.

Un fléau mondial : quel est le bilan humain ?

En 2023, 5 757 personnes ont été tuées ou blessées dans 53 pays et deux territoires supplémentaires, selon le Rapport 2024 de l’Observatoire des mines. Cela représente une augmentation de 22 % en un an.

  • 1 983 morts
  • 3 663 blessés
  • 111 cas non précisés
  • 84 % des victimes sont des civils.
  • 1 498 enfants, soit 37 % des civils touchés.
  • Les garçons sont les plus exposés (77 % des enfants victimes de mines).
  • De nombreuses victimes souffriront de handicaps à vie.

Les cinq pays ayant enregistré le plus grand nombre de victimes en 2023 sont :

Pays

Nombre de victimes en 2023

Birmanie (Myanmar)

1 003

Syrie

933

Afghanistan

> 500

Ukraine

> 500

Mali, Yémen...

> 100 chacun

Quelles sont les régions du globe les plus contaminées par les mines antipersonnel ?

Par “contamination” il faut comprendre des terres où la présence de mines et autres restes explosifs de guerre est attestée ou même suspectée. Cette contamination représente un risque quotidien pour les populations et empêche l’accès à des zones essentielles – routes et chemins, proximité des écoles et bâtiments, maisons, etc. – ainsi qu’aux champs pour les cultures et l’élevage.

Certains pays sont historiquement et massivement contaminés par les mines antipersonnel, comme l’Afghanistan, le Cambodge, l’Angola, le Sénégal, le Mozambique, la Bosnie-Herzégovine, l’Irak, la Colombie

Les efforts de déminage ont permis de libérer de très grandes surfaces de terres, même s’ils restent des enjeux de long terme, à plus forte raison quand un conflit ou des affrontements armés redémarrent (par exemple en Afghanistan après le retour des Talibans au pouvoir).

  • Plus de 13 années de guerre civile en Syrie entre 2011 et 2024 ont laissé un lourd héritage de munitions et mines non explosées, exposant les populations à un danger permanent et forçant les acteurs du déminage à poursuivre sans relâche leurs opérations.
  • En Ukraine, en guerre contre la Russie depuis 2022, l’utilisation de mines antipersonnel rend encore plus difficiles les actions de déminage, ces dernières étant conduites après la fin des combats. Dans ce pays, seules les actions de prévention des accidents par mines et l’assistance aux victimes peuvent être menées tant que durera le conflit.

Suivant la nature du terrain (escarpé, désertique, broussailleux, etc.) et l’étendue des zones de conflit, la localisation des mines et le déminage peuvent être extrêmement complexes et coûteux.

Bien souvent, un lien de cause à effet est établi entre des zones minées suite à des conflits et la pauvreté combinée à l’insécurité alimentaire (terres agricoles ou d’élevage rendues inaccessibles par le danger des mines et autres restes explosifs).

Le Traité d'Ottawa : un tournant majeur pour l'interdiction de ces armes

Signée en décembre 1997, la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, ou Traité d’Ottawa, interdit l’utilisation, la production, le stockage et le transfert de ces armes. Il s’agit du premier traité au monde qui interdit une arme conventionnelle, et son modèle a inspiré la lutte contre d'autres fléaux, notamment les bombes à sous-munitions, interdites par le Traité d'Oslo de 2008. À ce jour, on dénombre 164 États parties à la Convention d'Ottawa, mais des pays parmi les plus gros producteurs mondiaux de mines comme la Russie, la Chine, les États-Unis ou encore l’Inde ne l’ont toujours pas rejointe.

Le Traité d'Ottawa oblige aussi les États parties à :

  1. détruire leurs stocks dans un délai de 4 ans ;
  2. déminer leurs territoires dans un délai de 10 ans ;
  3. assister les victimes et sensibiliser les populations à risque.

Malheureusement, plusieurs puissances militaires n’ont toujours pas adhéré au traité : États-Unis, Chine, Russie, Inde, Pakistan… Cette non-adhésion fragilise les efforts internationaux. Pire, certains pays continuent d’utiliser ou produire ces armes, comme les Russes ou les Américains. D’autres envisagent même de quitter le Traité d’Ottawa ou l’ont déjà fait, comme l’Ukraine.

Depuis 2024, le Traité d’Ottawa subit des attaques majeures : non-respect des engagements contenus dans le traité, annonce de production de mines, sortie du traité de certains États parties… Ces développements sont particulièrement inquiétants et témoignent d’une volonté de remilitarisation en Europe, nourrie par une inquiétude accrue des États en matière de sécurité. Handicap International est plus que jamais mobilisée pour faire pression sur les États membres du Traité d'Ottawa afin de continuer à protéger les populations civiles des effets dévastateurs des mines antipersonnel. Un des nouveaux enjeux posés par cette situation est non plus de viser prioritairement l'universalisation du traité, mais bien de sauvegarder ses bénéfices et de s’assurer qu'il ne perde ni son impact ni sa force.

Quel est l'engagement de Handicap International dans ce combat contre les mines antipersonnel ?

Handicap International est un acteur historique et central de la lutte contre les mines terrestres, et plus particulièrement contre les mines antipersonnel. L’association est cofondatrice en 1992 de la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL). Cette même campagne recevra 5 ans plus tard, en 1997, le prix Nobel de la paix pour son engagement dans la protection des populations civiles victimes des mines, la même année que la signature du Traité d’Ottawa.

Handicap International poursuit depuis lors son combat de plaidoyer pour l’universalisation du traité, aujourd’hui signé par 164 États, gardant pour objectif le rêve d’une “Terre sans mines”. L’association garde ainsi un rôle actif de veille constante pour l’application du traité par ses États parties et de plaidoyer régulier pour inciter de nouveaux États à le rejoindre.

Sur le terrain, Handicap International a adopté très tôt une approche globale dans la lutte contre les mines. En effet, il ne suffit pas de déminer ou de faire pression sur les États, si c’est pour ne pas accompagner les victimes de ces armes.

Les piliers de l’action anti-mines de Handicap International :

  • Le déminage humanitaire : opérations de localisation, neutralisation et destruction des mines pour dépolluer les terres.
  • L'éducation aux risques : actions de sensibilisation des populations civiles, en particulier des enfants, pour prévenir les accidents (sessions en groupes, supports visuels simples et accessibles, etc.).
  • L'assistance aux victimes : aide complète aux survivants incluant les soins de santé, la réadaptation physique (rééducation/kinésithérapie, prothèses, etc.), le soutien psychosocial et la réinsertion socioéconomique.
  • Le plaidoyer pour que les États respectent leurs engagements, notamment en matière de destruction de leurs stocks de mines et d’accompagnement des victimes.

Les opérations de déminage et l'assistance aux victimes sur le terrain

Le déminage humanitaire

Le déminage humanitaire est l’activité qui consiste à retirer les mines et autres armes explosives de guerre après la fin d’un conflit, dans le but de protéger les civils et de permettre un retour à la vie normale (agriculture, habitation, écoles, routes…). Contrairement au déminage militaire, qui est réalisé en situation de guerre pour permettre le passage des troupes, le déminage humanitaire est lent, minutieux et sécurisé.

Les différentes étapes du déminage humanitaire :

  1. Enquête non technique : collecte d'informations pour identifier les zones suspectes.
  2. Enquête technique : confirmation sur le terrain (avec détecteurs, chiens, etc.).
  3. Déminage : retrait ou destruction des mines et restes explosifs.
  4. Contrôle de qualité : vérification que la zone est bien sécurisée.
  5. Remise de la zone : retour sécurisé de la terre aux communautés.
  6. Éducation aux risques : sensibilisation des populations locales, notamment des enfants, afin de connaître les zones dangereuses et d’adopter des comportements sûrs.
  7. Assistance aux victimes : soins de réadaptation, soutien et réintégration/inclusion des personnes touchées dans la société.

En fonction des terrains et des contextes locaux, différentes techniques existent pour le déminage :

  • Détection manuelle avec un détecteur de métaux, une sonde et des outils pour dégager l’engin explosif.
  • Détection à l’aide de chiens, dont le flair permet de repérer les substances explosives.
  • Déminage mécanique avec le concours d’une machine ressemblant à une moissonneuse-batteuse, résistant aux explosions et dégageant de larges surfaces en remuant la terre et faisant exploser les mines sans danger pour l’homme car souvent télécommandée.

L’assistance globale aux victimes de mines

L’assistance aux victimes de mines antipersonnel se compose de plusieurs volets, aussi essentiels les uns que les autres :

  • Soins immédiats : soins d'urgence après l’amputation ou les blessures pour s’assurer que la victime n’aura pas de complications pouvant empêcher sa guérison ou un futur appareillage de membre.
  • Réadaptation fonctionnelle : appareillage (prothèses* ou orthèses**), fourniture d'aides à la mobilité (fauteuils roulants, déambulateurs, béquilles…) et séances de kinésithérapie.
  • Soutien psychosocial : aider les survivants et leurs familles à surmonter le traumatisme.
  • Insertion sociale et économique : accompagnement pour la reprise d'une activité génératrice de revenus (formation, aide à la création de projet) pour retrouver autonomie et dignité, mais aussi pour le retour à l’école des jeunes victimes.

Comment soutenir les équipes de Handicap International et le combat contre les mines ?

Afin de soutenir nos équipes de déminage, d'éducation aux risques, de réadaptation, etc. vous pouvez :


* Prothèse : appareillage remplaçant un membre inférieur ou supérieur.
** Orthèse : appareillage soutenant un membre faible ou fragilisé.

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