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Santé mentale : les séquelles du génocide rwandais

Santé
Rwanda

Handicap International intervient au Rwanda dans le domaine de la santé mentale depuis juillet 1994, au lendemain du génocide qui avait fait près d’un million de morts et traumatisé la population toute entière. Augustin Nziguheba, coordinateur technique psychosocial et protection, explique les activités actuelles de l’association qui bénéficient à plus de 6 000 personnes.

Séance de sensibilisation à la santé mentale aux abords d’un village du district de Gasabo au Rwanda

Séance de sensibilisation à la santé mentale aux abords d’un village du district de Gasabo au Rwanda | © Handicap International

Comment agit Handicap International pour la santé mentale au Rwanda ?

Augustin Nziguheba : Nous sommes présents dans le district de Gasabo, à Kigali, et dans ceux de Rubavu et Rutsiro dans la province Ouest, tous marqués par le génocide tutsi en 1994. Nous menons nos activités avec trois partenaires, la fondation TUMERERE (« éduquons-le » - l’enfant), APROFAPER (Association pour la promotion des foyers améliorés) et APESEK (Association pour la protection et l’encadrement sûr des orphelins). Nous nous rendons dans les quartiers, les villages, etc. pour expliquer ce qu’est la santé mentale. C’est une notion encore peu connue au Rwanda. Quand ils sont stressés ou déprimés, qu’ils font des cauchemars à répétition, beaucoup pensent qu’ils sont victimes d’un mauvais esprit…

Comment ces séances se déroulent-elles ?

On réunit une vingtaine de personnes et on explique en termes simples ce qu’est un trouble de la santé mentale : « Quand tu ne te sens pas bien, quand tu n’arrives pas à dormir, quand tu restes enfermé chez toi, si tu n’as plus de motivation à travailler, tu as peut-être un problème personnel. Cela se soigne. Et nous pouvons t’apporter une aide ».

Quels sont les troubles les plus fréquents et leurs causes ?

Stress, dépression, traumatismes liés aux violences physiques ou sexuelles, difficulté à faire le deuil d’un proche... Les séquelles du génocide de 1994 sont toujours là, vingt-deux ans après la tragédie. Elles ont également eu des conséquences sociales effroyables, détruisant le tissu social et le lien de confiance entre les gens, le "vivre ensemble"… D’autres troubles psychologiques s’expliquent par les cycles de violence que connaît régulièrement la région des Grands Lacs, notamment les conflits récurrents en République démocratique du Congo (RDC), frontalière du pays. Le cas de figure typique : une personne part chercher du travail en RDC où elle subit des violences de la part de milices. Elle rentre au Rwanda avec des traumas.

Quelle aide propose Handicap International ?

Avec nos trois partenaires, nous avons mis en place une cinquantaine de groupes de parole. En moyenne, ils comprennent une vingtaine de membres et se réunissent une fois tous les quinze jours. Ils servent à recréer du lien social, à partager un vécu douloureux et à s’exprimer sur comment chacun se projette dans l’avenir... Cela peut être très efficace. J’ai en tête l’exemple d’une paysanne à Gasabo qui a subi de graves violences pendant le génocide. Nous avons mis un an à pouvoir entrer en contact avec elle. Elle avait peur de nous, elle avait peur de tout. Nous avons réussi à la convaincre de rejoindre un groupe de parole. Maintenant, elle pilote l'un des groupes d’entraide économique que nous avons mis en place. Elle confectionne avec d’autres femmes des objets en vannerie, ce qui leur apporte un petit pécule.

En quoi consiste ces groupes d’entraide économique ?

Nous avons créé près de 200 groupes d’entraide qui proposent une activité artisanale – vannerie, poterie, borderie – ou d’élevage, permettant de générer un petit revenu. C’est également un bon moyen pour recréer de la solidarité entre participants, d’avoir des échanges sur soi, son bien-être ou sa détresse… Un psychologue est toujours présent pour observer, voire stimuler certaines conversations.

Ces psychologues ont-ils d’autres activités ?

Huit psychologues sont disponibles pour des entretiens personnels, en face à face. Les habitants des villages ou des quartiers où nous intervenons sont informés de notre présence et savent où nous trouver. Notre porte est toujours ouverte. En ce moment, nous suivons une trentaine de personnes en entretien individuel.


> Lire aussi : Les traumatismes de la guerre, bombe à retardement de sociétés à reconstruire

Publié le : 10 octobre 2016
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