Protéger et restaurer la dignité et le bien-être des populations au Mali

La détérioration de la situation sécuritaire dans la région de Gao, située à l’est du Mali, est marquée par des mouvements de populations forcés, des enlèvements, des vols, des viols, des assassinats... La présence croissante parties prenantes au conflit entraine aussi la fermeture d’écoles et de services étatiques. Forcées à fuir leurs foyers, les populations se réfugient dans des grandes villes telles que Gao qui accueillait, en décembre 2023, plus de 36 000 personnes déplacées. Loin d’y être en sécurité, ces populations y subissent encore des atteintes à leur intégrité physique et psychique. Pour les protéger et les soulager, Handicap International a notamment déployé des services de soutien psychosocial et de santé mentale entre avril 2023 et avril 2024 grâce au financement de l’Union européenne, en soutenant une approche communautaire pour permettre le développement de pratiques résilientes durables.

Protéger et soulager les populations

La région de Gao est confrontée depuis 2012 à une crise multidimensionnelle. La recrudescence des violences entre les parties prenantes au conflit pousse des milliers de personnes à quitter leurs foyers en catastrophe pour tenter d’échapper aux exactions. Ces personnes, en majorité des femmes et des enfants, trouvent refuge autour de la ville de Gao. Elles y vivent en grande précarité, sous des tentes à l’orée du désert, nourrissant l’espoir de pouvoir un jour rentrer chez elles.

Nombre d’entre elles ont vécu des événements traumatiques, à l’origine de leur déplacement. Ces personnes font état de troubles, qui ont des conséquences sur leur santé et sur leur bien-être. Par ailleurs, la situation précaire dans laquelle elles vivent les expose à un risque de subir de nouvelles violences et limite leur accès aux soins et aux services de base.

Le projet mené par Handicap International propose à ces communautés des services de protection, à travers une assistance en santé mentale et un soutien psychosocial. L’association déploie notamment des équipes mobiles composées de psychologues et de travailleurs sociaux qui se rendent sur place pour évaluer les besoins et y répondre. Un accompagnement personnalisé au long court est ensuite proposé pour les personnes le plus en difficulté. Ainsi, entre avril 2023 et avril 2024, Handicap International a soutenu plus de 5 200 personnes.

Des jeux pour les enfants

« Les jeux, comme le football, la marelle ou les groupes de musique, nous permettent de détecter les cas de détresse chez les enfants. On essaye de repérer les enfants qui s’isolent ou qui manifestent des angoisses. »

^{Mohamed Cheikh Hamala Keita, psychologue pour HI, responsable d’un centre d’écoute et de jeu}

De plus, Handicap International a mis en place deux espaces sûrs d’écoute et de jeu dans la ville de Gao. Ce sont des dispositifs communautaires animés par des travailleurs psychosociaux et par des psychologues, avec l’appui de relais communautaires. Différentes activités récréatives y sont organisées pour donner la possibilité aux femmes et filles de se rencontrer, de restaurer le lien social et pour permettre aux enfants de s’amuser et de décompresser.

« Notre rôle principal c’est aider, épauler, écouter, orienter et assurer la prise en charge des personnes qui viennent nous voir. Dans l’espace, il y a beaucoup de jeux pour les enfants et nous organisons des activités communes. Jouer permet aux enfants d’évacuer le stress et de surmonter les situations traumatisantes qu’ils ont vécues. »

^{Aminatou Moussa Touré, travailleuse psychosociale}

Une attention particulière pour les filles et les femmes

Une attention particulière est portée aux femmes et aux filles, avec l’organisation d’activités créatives qui visent à favoriser l’expression, l’épanouissement et à développer un lien d’entraide et de soutien. Ces moments partagés sont aussi l’occasion de les informer sur leurs droits, les questions d’égalité de genre, les enjeux de santé sexuelle et reproductive, etc. Un soutien légal ou économique y est également proposé aux survivantes de violences sexuelles.

« Nous organisons des activités de tricotage, de couture ou de cuisine. Ces activités sont essentielles car elles incitent les femmes à venir à l’espace où nous pouvons échanger avec elles, parler de notre quotidien et de nos soucis », poursuit Aminatou Moussa Touré.

Afin de renforcer les compétences et la résilience des populations, Handicap International a formé et travaille avec une vingtaine de relais communautaires. Chaque semaine, ces femmes et ces hommes organisent des sessions de sensibilisation auprès des populations sur divers thèmes, tels que les droits humains, les violences sexuelles ou l’accès aux services.

En tout, 227 sessions de sensibilisation ont été organisées, permettant de toucher plus de 15 000 personnes au sein des populations déplacées et des communautés hôtes de la région. Le soutien des communautés elles-mêmes, à travers l’implication de leurs leaders, de bénévoles et de cinq organisations communautaires, permet de garantir la bonne mise en œuvre de ces actions.

« Avant, nous ne faisions pas ce genre d’activités. Avec le soutien de Handicap International, nous arrivons aujourd’hui à faire des sensibilisations pour que tout le monde puisse s’imprégner de ces différents concepts et connaître ses droits. J’organise également des formations pour les femmes et les hommes handicapés qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école pour leur apprendre à lire et à écrire. »

^{Mohamed N’Daye, Président de la Fédération régionale des associations de personnes handicapées}

Enfin, Handicap International a distribué des kits de dignité à plus de 370 personnes, contenant entre autres des serviettes hygiéniques, de la pommade, du dentifrice, une brosse à dent, du savon durs, de la lessive en poudre.

En vidéo, la présentation du projet PREDIGA à Gao :

Également en vidéo, les témoignages de parties prenantes au projet PREDIGA (liens vers YouTube) :

• Alkaninat, bénéficiaire
• Aminatou, travailleuse psychosociale
• Hawa, relai communautaire
• Mohamed Keita, psychologue
• Mohamed N'Daye, Président de la FRAPH