Changement climatique : l'un des plus grands défis des personnes handicapées
Handicap International a publié cette année un rapport mettant en lumière les impacts du changement climatique sur les personnes handicapées au Népal, pays parmi les plus exposés. Focus à l'occasion de la Journée mondiale du climat le 8 décembre.

Lors des inondations au Népal en 2017, HI a lancé une intervention d’urgence afin de venir en aide aux personnes affectées, notamment celles en situation de handicap. | © HI
S’il est de plus en plus observé que l'impact du changement climatique sur les personnes handicapées est aggravé par de multiples facteurs de vulnérabilité, comme la pauvreté ou la stigmatisation, les données qui illustrent les liens entre handicap et changement climatique sont encore peu nombreuses. Pour contribuer à éclaircir ces connexions, Handicap International a mené en 2023 une étude (disponible an anglais uniquement) auprès de personnes handicapées au Népal. Les communautés du pays qui dépendent fortement des ressources naturelles sont confrontées à des risques climatiques importants tels que les inondations, les glissements de terrain, les sécheresses…
Communiquer des alertes faciles à comprendre
L’étude menée par Handicap International montre qu'en cas d'événements météorologiques extrêmes, les personnes handicapées sont confrontées à un certain nombre de défis, à commencer par le manque d'accès aux informations d'alerte. Ces lacunes limitent les possibilités de prendre des mesures de protection nécessaires.
Alors que la plupart des personnes interrogées semblent connaître le principe de prévisions météorologiques, la connaissance d'un système d'alerte anticipé dans leur communauté en cas d'événements météorologiques extrêmes est très faible : 85 % déclarent ne pas être au courant de l'existence d'un tel système, une part encore plus importante chez les plus de 60 ans (97 %). En plus de cette méconnaissance, il ressort de l’étude que ces systèmes d’alerte ne sont pas suffisamment adaptés aux besoins des personnes handicapées : la communication est particulièrement difficile pour les personnes malentendantes, les exercices de simulation ne sont pas suffisamment inclusifs, etc.
« La marge de progression est énorme, mais nous avons relevé quelques exemples de bonnes pratiques partagées par des organisations de personnes handicapées. Certains de leurs représentants ont dit avoir observé des améliorations depuis la pandémie de Covid, avec des informations plus faciles à comprendre, en utilisant par exemple des interprètes en langue des signes dans les vidéos d'information, des formats plus accessibles pour les documents disponibles sur Internet ou en mettant à disposition des documents audio. Ces initiatives sont encourageantes ! »
Jennifer M’Vouama, experte en réduction des risques de catastrophes à Handicap International
Disposer d’abris sûrs et accessibles pour tous
À la suite d'une alerte, ou lorsqu'une catastrophe survient, les résultats de l’étude menée par Handicap International montrent qu'une très large majorité des personnes interrogées (87 %) ne prennent pas de mesure d’évacuation particulière et restent chez elles.
Pourtant, les abris peuvent jouer un rôle essentiel dans la protection des personnes touchées par une catastrophe. Malheureusement, 80 % des répondants à l’étude font ainsi état d'un manque général de refuges entièrement accessibles aux personnes handicapées… Les infrastructures récemment construites respectent davantage les normes, avec des rampes et des toilettes accessibles par exemple, ce qui témoigne d'une meilleure inclusion des personnes handicapées. Cependant, les besoins dépassent les ressources disponibles. Par ailleurs, la décision de rester chez soi est en grande partie due à des préoccupations de sécurité concernant le séjour dans un abri public : des récits de harcèlement, de violence et d'abus notamment, ont été partagés par les personnes interrogées.
« De nombreuses femmes ont indiqué que le manque d’espaces séparés et d'intimité était un problème majeur, notamment en ce qui concerne l'hygiène menstruelle. Il a également été massivement rapporté que les abris n'étaient pas sûrs pour les femmes et les jeunes filles, en particulier celles souffrant de handicaps psychosociaux », précise Jennifer M’Vouama.
Pour ces raisons, la plupart des personnes handicapées interrogées préfèrent rester chez elles, estimant que c'est une solution plus sûre que les abris collectifs.
Garantir les soins de santé sans conditions
Après un événement climatique extrême, il reste difficile d'accéder à l'aide humanitaire sur un pied d'égalité et de recevoir une aide qui réponde efficacement à des besoins spécifiques. Les catastrophes climatiques entraînent souvent des perturbations importantes dans les systèmes de santé déjà fragilisés. Lorsque les services de santé peuvent reprendre leur activité, ils sont surchargés et peinent à prendre en charge les personnes ayant des besoins spécifiques, telles que les personnes handicapées.
En temps normal, les personnes handicapées vivant dans les zones rurales et isolées ont déjà un certain mal à accéder aux services de santé. Par exemple, la mobilité et le transport sont un grand défi pour ceux qui utilisent des fauteuils roulants et qui vivent en région vallonnée car les routes n’y sont pas accessibles. Les personnes handicapées sont également susceptibles d'être victimes de négligence et de soins de santé inadéquats. Des faits de discrimination et de stigmatisation ont été rapportés, en particulier à l'encontre des personnes souffrant de handicaps psychosociaux, ce qui réduit encore la qualité des soins. Les situations de catastrophes exacerbent ces vulnérabilités préexistantes et 56 % des répondants déclarent que les phénomènes climatiques extrêmes limitent l’accès aux structures de soins habituelles.
« Avant les catastrophes, les personnes handicapées sont probablement moins préparées, moins capables de percevoir les risques et d'accéder aux informations d'alerte, et donc d'agir en conséquence. Pendant les catastrophes, elles sont donc moins à même d'échapper aux dangers, risquent de perdre des médicaments essentiels, des équipements d'assistance tels que des prothèses ou d'être abandonnées en cas d’évacuation. Cela entraîne des perturbations majeures dans le maintien de leur santé, avec des conséquences graves sur leur vie », conclut Jennifer M’Vouama.
D’après les personnes handicapées, la population générale semble mieux équipée pour accéder à la nourriture et aux abris tandis qu’elles, elles se sentent souvent plus vulnérables, avec notamment une capacité limitée à faire face mentalement et émotionnellement au stress associé à de telles situations. C'est particulièrement vrai pour les personnes souffrant de troubles mentaux. La détresse liée au changement climatique a été constatée, en particulier auprès de la population dont les moyens de subsistance dépendent fortement des ressources naturelles. Par ailleurs, en zones rurales, les cellules familiales se retrouvent régulièrement éclatées : faute d’opportunités économiques, les jeunes et les hommes évoluent de plus en plus vers les centres urbains, affaiblissant ainsi le réseau de soutien des personnes handicapées.
Dans des circonstances normales, le soutien à la santé mentale n'est généralement pas suffisant et n'est pas réparti uniformément dans le pays. Le Népal ne compte que 200 psychiatres et quelques spécialistes de la santé mentale pour 30 millions d'habitants. Ces professionnels sont essentiellement présents dans les villes et les agglomérations. Les plus petites villes et zones rurales sont mal desservies en termes d'accès aux services de santé mentale. En outre, les maladies mentales sont associées à des tabous sociaux et à des superstitions ; de nombreuses personnes évitent de recourir à des soins de santé mentale, principalement en raison de la stigmatisation, de la discrimination et du coût élevé des soins psychiatriques et des médicaments.
Anticiper les risques et préparer les communautés aux impacts du changement climatique
Pour Handicap International, l’un des leviers pour protéger les personnes handicapées du changement climatique est de donner les moyens aux communautés d'anticiper et de se préparer aux risques. Il est indispensable d’agir, c’est pour cela qu’une vingtaine de projets de réduction des risques de catastrophes sont déployés au sein de pays vulnérables face à ce phénomène comme Madagascar, les Philippines, le Mali, le Népal ou Haïti.
Un autre levier est celui de la prise en compte de la voix des personnes handicapées dans nos actions : il est essentiel pour Handicap International de travailler main dans la main avec les organisations représentatives des groupes à risque, notamment celles de personnes handicapées, afin qu’elles contribuent de manière significative au débat public et aux processus décisionnels sur le changement climatique, et ce à tous les niveaux.
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