Mines antipersonnel : n’acceptons pas que les civils puissent être sacrifiés !
À l’occasion du 4 avril, Journée internationale d’action contre les mines, Handicap International lance un appel solennel à tous les gouvernements de la planète afin de protéger le Traité d’Ottawa, aujourd’hui en danger. Explications avec Anne Héry, directrice du Plaidoyer de l’association.

Au Yémen, Abdulaleem a été victime de l’explosion d’une mine. Aujourd’hui, grâce à la prothèse fournie par HI, il se projette vers l’avenir. | © ISNAD Agency / HI
Que se passe-t-il le 4 avril 2025 ?
Anne Héry, directrice du Plaidoyer à HI : Le 4 avril correspond à la Journée internationale de sensibilisation au problème des mines et l’assistance à la lutte antimines. Cette date marque la reconnaissance au niveau international des ravages que causent ces armes, principalement sur les civils. Ceux-ci représentent 85 % du nombre total des victimes, dont 40 % sont des enfants, pendant les combats et durant des décennies après. Cette date est également importante car elle permet de rappeler les avancées majeures obtenues grâce à la signature du Traité d’interdiction des mines en 1997 : la stigmatisation très large de ces armes des lâches avec 165 États signataires du Traité d'Ottawa ; la chute drastique du nombre de victimes, divisé par 10 entre 1999 et 2013 ; la diminution du nombre de pays producteurs de mines antipersonnel, passé de 50 à une dizaine seulement en 30 ans ; les milliers de femmes, d’hommes et d’enfants mutilés qui ont désormais droit à des soins de réadaptation, des cours d’éducation aux risques ; des communautés entières qui ont pu reprendre le cours de leur vie une fois leurs terres déminées...
Cette année à l’occasion de cette journée, Handicap International lance un appel solennel car le Traité d’interdiction des mines n’a jamais été autant en danger.
Alors qu’il a été signé il y a près de 30 ans, pourquoi le Traité d'Ottawa est-il aujourd’hui menacé ?
AH : Depuis quelques années, nous sommes témoins d’une recrudescence de l’utilisation de mines antipersonnel. D’abord lors du conflit syrien, en Birmanie (Myanmar) et désormais en Ukraine, où les deux parties au conflit en utilisent. La livraison fin 2024 de mines antipersonnel par les États-Unis à l’Ukraine a également constitué un tournant. Les conséquences sont directes sur les civils, avec depuis plusieurs années une nouvelle augmentation du nombre de victimes civiles. Entre 2022 et 2023, il a connu une hausse de 22 % avec 5 757 personnes tuées ou blessées par les mines, selon le rapport 2024 de l’Observatoire des mines.
Le tournant géopolitique opéré par les États-Unis depuis le retour de Donald Trump à la présidence, avec la remise en question du soutien à l’Ukraine, est un nouveau coup très dur porté au Traité d’Ottawa. Il semble agir comme un accélérateur sans précédent de son affaiblissement. La Finlande, la Pologne et les États baltes ont ainsi fait état de leur volonté de se retirer du Traité d’interdiction des mines. Nous sommes dans un moment de bascule où le message envoyé est clair : les civils peuvent être sacrifiés. Face à cela, il est impossible de nous résigner et de ne pas réagir très fortement.
Quels arguments peuvent-être opposés au retour des mines, et quel est l'objectif de l'appel de HI du 4 avril ?
AH : En tant qu’organisation fondatrice de la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL) en 1992, Handicap International doit inlassablement rappeler le coût humain démesuré de ces armes des lâches. Cet appel a également pour objectif de déconstruire la réapparition d’un discours sur la nécessité militaire de ces armes, un discours dangereux et obsolète. Elles ne protègent en réalité ni les populations, ni les frontières. Tout au plus peuvent-elles ralentir l’avancée des troupes adverses, mais de nombreuses alternatives existent, davantage conformes au Droit international humanitaire. Les mines antipersonnel sont contraires au droit : de par leur conception même, elles ne font pas la différence entre les civils et les militaires. Les données collectées depuis 40 ans montrent que quels que soient le contexte et le type de mines utilisé, les victimes sont en grande majorité des civils (entre 70 % et 85 %). Ces armes représentent même un danger pour les troupes qui les utilisent. Elles constituent une menace pour les populations pendant des décennies. Enfin, l’histoire a montré que l’utilisation de mines n’a jamais dissuadé un ennemi déterminé d’attaquer un autre État.
Avec cet appel, Handicap International entend alerter les citoyens et les décideurs politiques. De toutes nos forces et avec toute notre conviction, nous devons nous élever contre toute tentation de revenir sur l’interdiction des mines antipersonnel et de renoncer ainsi au respect du Droit international humanitaire. Nous le devons aux innombrables victimes de ces armes barbares et à tous ceux qui ont œuvré pour mettre fin à cette injustice.
Signez l'appel de HI contre les mines antipersonnel, parlez-en autour de vous, interpellez vos députées, députés, sénateurs et sénatrices !
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