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Mehari, un modèle de résilience pour les victimes d’armes explosives

Inclusion Mines et autres armes Réadaptation
Ethiopie

Blessé par une fusée de mortier, héritage de la Guerre du Tigré (2020-2022), Mehari est aujourd’hui engagé sur la voie de la reconstruction et développe son activité professionnelle.

Un jeune homme se tient devant l'entrée de son atelier en Éthiopie.

© H. Bale / HI

La région du Tigré, au nord de l’Éthiopie, a été entre 2020 et 2022 le théâtre d’un des conflits armés les plus violents de ces dernières décennies. Comme toujours, les civils ont été les premières victimes : en seulement deux ans, plusieurs centaines de milliers de personnes ont perdu la vie, ont été blessées ou déplacées pour fuir les affrontements. À la violence et aux traumatismes du conflit passé s’ajoute aujourd’hui le danger des restes explosifs de guerre, menaçant la vie de la population et entravant le retour à la normale. Mehari Amara Tadele, victime de l’un de ces engins, raconte comment sa vie a basculé.

L’héritage explosif des conflits

Mehari Amare Tadele est un jeune homme de 36 ans qui habite dans le village d'Adikeala Kebele, dans le woreda (subdivision administrative) de Seharti, au sud du Tigré. Avant le conflit, Mehari avait une petite entreprise de métallurgie qui lui permettait de subvenir aux besoins de sa femme et de ses quatre enfants.

Comme celle de tant d’autres personnes, la vie de Mehari a basculé à cause du conflit au Tigré : les armes explosives contaminent durablement les territoires. L’accident de Mehari a eu lieu en 2024 alors qu'il travaillait. L’explosion d'un engin lui a coûté son œil et sa main gauches, et a provoqué d’autres blessures graves.

« Je me rappelle très précisément la date, c’était le 16 avril. J’étais en train de broyer de la ferraille que j'avais récupérée dans des restes de guerre abandonnés. Je n’ai pas vu qu’il y avait une fusée de mortier parmi les morceaux de métal. »

En plus des blessures physiques, les survivants d'engins explosifs font face à un véritable traumatisme psychologique. Le choc est immense, surtout lorsque la blessure conduit à un handicap permanent, comme dans la situation de Mehari. Il faut assimiler une nouvelle réalité, appréhender différemment le quotidien… Le chemin de la reconstruction est parfois long et douloureux.

Pour Mehari, cet accident a également été synonyme de grandes difficultés financières : incapable de travailler, il a été contraint de vendre son équipement indispensable, notamment son compresseur, pour survivre. Une pression et un stress supplémentaires qui a plongé la famille dans une grande incertitude.

« Cette période a été très éprouvante pour nous, il fallait accepter que notre quotidien change, que les difficultés seraient nombreuses… L’entreprise de Mehari était notre seule source de revenus, pendant des mois l'avenir de notre famille était incertain », confie sa femme.

Une reconstruction admirable

Après plusieurs mois à prendre le temps de la reconstruction, la voie de la guérison s’est accélérée pour Mehari. Le jeune métallurgiste a renontre l'équipe de Handicap International et a été pris en charge par le Centre d’orthopédie et de kinésithérapie de Mekelle, la capitale de la région du Tigré, pour y recevoir des soins et une prothèse de main. Ce tournant n’était qu’un début.

En février 2025, via un projet mené par Handicap International dans la région, Mehari a bénéficié d'un soutien pour développer une activité lui permettant de générer des revenus. Il a ainsi reçu une aide financière et une formation pour le développement de petites entreprises. En parallèle, Mehari était toujours suivi par Handicap International dans le cadre d’un accompagnement en santé mentale et soutien psychosocial ; une prise en charge essentielle pour permettre aux personnes victimes d’armes explosives d’aller de l’avant et repartir sur de bonnes bases. Lorsqu’il a tenté de reprendre son ancienne activité de métallurgie, Mehari a rencontré des difficultés.

« Au départ c’était difficile, mais son expérience et la formation lui ont permis de rebondir ! Mehari s’est rapidement adapté et a relancé son entreprise avec une nouvelle énergie. Il a racheté les outils qui lui étaient essentiels et a commencé à développer son activité. »

Mebrahtom, Directeur de la création d’emplois dans le woreda

Aujourd'hui, la transformation de Mehari est remarquable. Sa situation est stable, ses revenus lui permettent à lui et sa famille d’être totalement autonomes, il a même réussi à employer deux ouvriers qualifiés et un agent de sécurité.

« Du statut de survivant, j’ai retrouvé celui d’entrepreneur et aujourd’hui celui d’employeur ! J’espère que mon histoire aidera d’autres victimes de ces armes, le rétablissement est possible avec un soutien adapté, c’est ce qu’il faut retenir. »

Cette énergie, il la met également à profit pour aider sa communauté : Mehari est toujours en contact avec Handicap International et a l'alertée récemment de la présence d’armes explosives près de son atelier. L’équipe de l'association a pu intervenir et neutraliser 19 engins explosifs.

Publié le : 12 septembre 2025
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