Un groupe d’une quinzaine de personnes âgées, majoritairement des femmes, commencent à s’impatienter sur leurs chaises. Certaines sont résidentes, d’autres sont des personnes déplacées venues trouver refuge dans la ville de Tsarychanka, où est organisé l’atelier. Située au nord-ouest de Dnipro, cette petite ville ukrainienne abrite 1 700 personnes déplacées officiellement enregistrées.
Objectif de ces séances : réduire le stress chronique constaté chez les victimes du conflit et les soutenir dans leurs difficultés quotidiennes, comme l’explique Irina Yashchuk, responsable du programme Santé de Handicap International à Dnipro :
« Les gens vivent dans une situation d'incertitude et, selon eux, ils vivent aussi dans un état de tension permanente. Une personne qui ne sait pas ce qui va se passer, ne peut pas planifier l'avenir. Ce stress chronique a pour conséquence une détérioration de l'état de santé général, en particulier chez les personnes âgées. »
La guerre n'est jamais bien loin
En guise d’introduction, chaque participant est invité à échanger sur ce qui leur vient. Pour beaucoup, c’est le passé, les émotions fortes qui rejaillissent. Une femme déclare en confiance : « Ma ville natale me manque. Je ne connais personne ici et je ne communique pas avec les gens, mais je peux trouver cela dans ce groupe. »
Le thème de la session est l'automne et les émotions associées au changement de saison. Deux groupes se forment et se donnent un surnom : les "Reines d'automne" et "l'Âge d'or". Sur des feuilles de papier aux couleurs automnales, les groupes ont écrit une note décrivant ce que l'automne signifie pour eux. Ils évoquent l'air frais, la nature, l'harmonie, les beaux paysages, la naissance de membres de la famille et la couleur vive des feuilles. Mais lorsque la sirène de l’alerte au bombardement retentie, les visages se crispent un instant, le temps se fige. La guerre n’est jamais bien loin.
Ne pas devenir fous
Olena, l’une des habituées du groupe de soutien psychosocial mené par Handicap International, prend la parole. Elle, qui se sent parfois déprimée par le stress constant de ces deux dernières années, trouve un grand réconfort dans ces rencontres régulières. Elles lui apportent motivation, puissance et énergie.
« Aujourd'hui, une guerre sanglante fait rage en Ukraine. Les gens souffrent chaque jour d'angoisses, d'inquiétudes, de tirs de roquettes et de destructions... Tout le monde souffre, aussi bien ceux qui sont sous occupation que ceux qui jouissent d'une paix relative. C'est une guerre pour tout le monde. C'est pourquoi les gens ont besoin d'un soulagement psychologique, d'émotions positives, d'un soutien psychologique, afin de ne pas devenir fous à cause de la guerre, parce que la vie continue », confie Olena.
Un besoin confirmé par les chiffres : l’Organisation Mondiale de la Santé estime que depuis le début du conflit, plus de 10 millions d’Ukrainiens ont besoin d’un soutien psychologique.
Permettre aux victimes du conflit d’avoir un accompagnement psychosocial reste une des priorités de Handicap International en Ukraine, deux ans après l’invasion de la Russie. Depuis 2022, l'association a organisé 3 700 séances de soutien psychosocial individuelles et de groupe. 6 700 personnes ont bénéficié de ces activités.
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