L’action anticipée, un levier de réduction des risques de catastrophes à Madagascar
À Madagascar, où les stigmates de la crise climatique sont considérables, Handicap International agit pour renforcer la résilience des communautés et réduire les risques de catastrophes.

Madagascar, district d'Ambilobe, octobre 2024. De nombreuses habitations, détruites par les inondations après le passage du cyclone Gamane, n'ont pas encore été reconstruites. | © A. Perrin / HI
Chaque année, des millions personnes subissent avec violence les conséquences du changement climatique qui exacerbent le risque de catastrophe humanitaire. Pertes humaines et économiques considérables, traumatismes durables : l’impact est dévastateur, en particulier pour les personnes handicapées et les populations vulnérables. Pourtant, les impacts de ces catastrophes peuvent être évités, en tout cas limités. Entre épisodes cycloniques provoquant des pluies torrentielles et des vents violents, inondations et vagues de sécheresse extrêmes, Madagascar fait partie des pays les plus vulnérables face aux impacts de la crise climatique. Grace à l’action anticipée, Handicap International aide les communautés de la Grande île à se préparer à ces risques, en veillant à ne laisser personne de côté.
Une approche novatrice pour réduire le risque de catastrophe
Le risque de catastrophe résulte de l’interaction entre l’exposition à un aléa naturel, des facteurs de vulnérabilité et la capacité à faire face. Ce risque est amplifié par les effets du changement climatique qui peuvent augmenter la fréquence et l’intensité des aléas, augmenter l’incertitude de la trajectoire des cyclones et modifier les calendriers saisonniers. Aussi, les causes profondes de la vulnérabilité, du fait de moyens de subsistance peu résilients, des normes sociales discriminantes et des infrastructures fragilisées ou encore un manque d’accès aux services de base peuvent exacerber les risques.
À Madagascar, pour accompagner les communautés à faire face à ces phénomènes, Handicap International mène des activités de réduction des risques inclusives : prévention, mitigation des risques et préparation aux catastrophes. Notamment l’action anticipée, qui est une approche prometteuse et innovante dans la gestion du risque de catastrophes. Cette démarche vise à prendre des mesures en amont d’une catastrophe prévisible pour prévenir et réduire les impacts humanitaires avant qu’ils ne se manifestent pleinement.
« Le principe de la réduction des risques de catastrophes (RRC), c’est d’agir en amont pour que la situation devienne le moins critique possible et que les pertes humaines et économiques soient limitées au maximum. Les catastrophes ne sont pas “naturelles”, elles résultent de l’inaction et d’inégalités systémiques. On estime qu’environ 55 % des crises humanitaires liées à des aléas naturels sont prévisibles, il est donc possible de sauver des vies, de réduire les impacts ainsi que de préserver les services essentiels dans les zones affectées. »
Fara Rakotondrazanany, spécialiste de la gestion des risques de catastrophes inclusives à Madagascar
Et comme pour toute nouvelle approche, il est essentiel de veiller à ce que l'inclusion soit au cœur des actions menées pour d’une part ne laisser personne de côté, et d’autre part, qu'elles aient surtout un impact positif sur la vie et les moyens de subsistance des populations vulnérables.
L’inclusion au cœur du processus de HI
Les catastrophes ne touchent pas tout le monde de la même manière : les inégalités liées aux facteurs individuels des personnes comme le handicap, le genre et l'âge, tout comme le statut socioéconomique ou l'appartenance ethnique par exemple, influent sur les barrières auxquelles elles font face et ainsi leur vulnérabilité face à un aléa. De plus, ces caractéristiques individuelles, en se croisant, créent des situations d'exclusion et discrimination multiples. Elles peuvent faire varier les besoins, l’exposition aux risques, les capacités et aptitudes des personnes. De fait, en plus de subir des discriminations au quotidien, les personnes handicapées sont souvent oubliées, voire complètement exclues des processus décisionnels en matière de RRC.
« Ces lacunes peuvent se manifester de diverses manières, depuis les systèmes d'alerte qui ne tiennent pas compte de leurs besoins spécifiques, jusqu'au manque d’accessibilité pendant l’évacuation préventive et dans les sites d’hébergement », précise Fara Rakotondrazanany.
Handicap International place ainsi l’inclusion au cœur de ses activités pour donner une voix à cette population à risque, veiller à ce que leur réalité soit prise en compte et que les politiques ou pratiques reflètent la diversité de leurs besoins.
Olivier Manana est président de l’Organisation de personnes handicapées (OPH) qui œuvre dans le district d’Ambilobe depuis 2000, au nord de Madagascar. Son association a travaillé avec HI dans le cadre de ses activités d’actions anticipées. Il témoigne :
« Il y a encore beaucoup à faire au niveau de l’État pour recenser les vulnérabilités de chacun, et donc identifier leurs besoins spécifiques, mais nous avons déjà réalisé un formidable travail avec Handicap International. Les relais d’informations sont plus fluides, les personnes handicapées mieux intégrées et plus actives via notre association… Et surtout, j’observe que grâce à l’approche de HI, d’autres ONG commencent à faire évoluer leurs pratiques sur l’inclusion. C’est une très bonne nouvelle pour la suite ! »
D’autres initiatives sont donc encore nécessaires pour développer des pratiques plus inclusives et ce, avant, pendant et après une catastrophe. Et pour cela, Handicap International agit à plusieurs niveaux et auprès d’une multitude d’acteurs pour animer l’ensemble de l’écosystème de la réduction des risques de catastrophes.
Des efforts qui se jouent à de multiples échelles
Pour mettre en place des stratégies de RRC et des protocoles d’action anticipée efficaces, il est nécessaire de réaliser un certain nombre d’évaluations. Celles-ci permettent de mieux comprendre l’expérience des communautés et ainsi identifier les solutions pour mieux protéger la population. Pendant trois ans, Handicap International a déployé le projet ATRIKA dans deux régions du nord de Madagascar, Boeny et Diana, régulièrement touchées par des cyclones. Ce projet, dédié à l’action anticipée inclusive, orientait ses activités aussi bien au niveau institutionnel que directement auprès des populations.
Au niveau institutionnel, Handicap International a veillé à ce que à ce que la gouvernance, les politiques et les mécanismes de coordination tels que les protocoles d’action anticipés soient inclusifs et équitables. Les acteurs nationaux et régionaux de la gestion des risques ont bénéficié de formations et du matériel.
« Cela impliquait d’intervenir comme ressource auprès des décideurs locaux, et d’autres acteurs de la RRC (forces de l’ordre, pompiers, ONG et associations, etc.), pour renforcer leur compréhension et soutenir leurs efforts d’intégration des enjeux d’inclusion dans les politiques publiques. »
Angelo Randrianantenaina, chef de projet ATRIKA à Handicap International
Pour intervenir localement et aider les personnes handicapées à se protéger, s’adapter et à promouvoir leurs droits, Handicap International a adopté une démarche participative. Des évaluations participatives des capacités et des vulnérabilités dans les communes ont permis d’analyser les impacts des catastrophes passées, identifier les foyers les plus à risques et d’identifier des solutions prenant en compte les besoins spécifiques des personnes en fonction de l’âge, genre, handicap. Une fois les protocoles d’action anticipées inclusives développés, des sessions de sensibilisation et des formations ont été dispensées et les protocoles ont été testés lors d’exercices de simulation.
« Je tiens vraiment à remercier Handicap International pour ce projet. Les résultats sont la preuve que la collaboration était riche et a porté ses fruits ! Nous avons fait bouger les lignes et fait évoluer nos pratiques en cohérence avec les besoins des personnes qui sont les plus à risques de notre district, notamment les personnes handicapées. C’est une belle avancée, même s’il reste beaucoup à faire et que la saison cyclonique débutera dans quelques mois, je pense pouvoir dire que nous nous sentons mieux préparés et plus à même d’y faire face. »
Yvette Patine, responsable du district d’Ambilobe et en charge de l’appui au développement
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