« J’ai porté mon enfant plus de 48 heures sur la route »
Abdikadir est un Somalien âgé aujourd’hui de 14 ans. Il vit dans le camp de réfugiés de Kakuma, dans le Nord du Kenya. Il aime les beaux vêtements, les jeux et le football, mais n’y a jamais joué. Atteint de spina bifida depuis sa naissance, ses jambes sont paralysées. Grâce au soutien de Handicap International, Abdikadir suit des séances de réadaptation et peut enfin aller à l’école.

© Xavier Bourgois / Handicap International
Harara, petite ville en Somalie. Halima s’affaire. Rangement, cuisine, elle n’a pas une minute à elle. Elle se pose enfin et allaite son petit dernier, Adbikadir. Elle l’observe. Et soudain, réalise : « Au début, je n’avais rien remarqué. Ce jour-là, je me suis arrêtée et j’ai regardé son visage, sa tête. Elle était déformée ».
Abdikadir est né avec un spina bifida, un développement incomplet de la colonne vertébrale qui paralyse notamment ses jambes, les rend insensibles et entraîne des troubles de la coordination. À 4 mois, Abdikadir est opéré à l’hôpital de Jilib et reçoit un shunt dans la tête. Cinq mois plus tard, il est opéré du dos. Aucun résultat. « J’ai commencé à broyer du noir. Et à me sentir très seule. Mon mari n’a pas toute sa tête, je devais tout porter », confie Halima.
Handicap International a mené plus de 13 000 séances de rééducation
En 2005, face à la guerre qui déchire la Somalie, Halima, Mohamed et leurs sept enfants s’enfuient : « Nous avions dix enfants, mais deux sont décédés et le troisième est parti… », explique calmement Halima. « Nous avons marché plus de 48 heures. Mon mari et moi avons porté Abdikadir tout le long du chemin. Il avait alors 4 ans et était incapable de se déplacer. Terrible souvenir ». De Kismayo, en Somalie, à Mombasa, au Kenya, un long trajet :
« Nous nous sommes séparés sur la route, mon mari a emmené trois enfants, je me suis occupée des autres. De cette période, je n’ai que quelques pensées nostalgiques : les mariages, les danses traditionnelles. Mais le reste est trop sombre. Pas de souvenir heureux, trop de violence ».
En 2007, la famille arrive dans le camp de réfugiés de Kakuma, dans le Nord-ouest du Kenya. Halima ne perd pas son énergie, s’occupe de son mari, de ses enfants et jardine pour gagner un peu d’argent. Abdikadir ne va pas à l’école. Trop loin, trop dangereux. Il supporte difficilement la chaleur et a quelques amis, beaucoup plus jeunes. Il dépend entièrement de sa maman.
En juillet 2014, les ergothérapeutes de Handicap International rencontrent Adbikadir et sa famille. Ils lui donnent immédiatement un fauteuil roulant et une chaise adaptée, lui permettant d’assister aux cours à l’école du camp. Dès septembre 2014, Abdikadir suit trois séances de kinésithérapie par semaine. Jared, ergothérapeute, lui masse les jambes, lui étire les muscles et lui propose des jeux d’éveil. « Abdikadir progresse ! Aujourd’hui, il arrive à se tenir assis. Nous avons également appris quelques exercices de rééducation à sa maman, afin qu’elle puisse les appliquer elle-même. Elle le masse tous les jours, dit qu’elle a moins honte et se sent comprise. Depuis un an, Handicap International a mené plus de 13 000 séances de rééducation auprès de plus de 1 400 patients. Les besoins sont immenses ».
« Je sens mon fils plein d’espoir »
Mai 2015, Horseed Primary School : 2 929 élèves, 24 enseignants. Abdikadir, 14 ans, est installé au premier rang. Le dos bien droit, il écrit consciencieusement sans lâcher son instituteur du regard. À la sortie des cours, Halima confirme : « Mon fils est plus souriant, plus ouvert. Il retrouve de l’énergie. Dès qu’il rentre à la maison, il me demande de l’habiller de ses beaux vêtements, et de l’emmener dehors pour voir ses amis jouer au football. Il suit le match des yeux. Et dans ces moments-là, je le sens plein d’espoir ».
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