Handicap International révoltée par la décision de l’Administration Trump de relancer l’utilisation des mines
Co-prix Nobel de la paix pour son combat contre les mines et fer de lance du déminage humanitaire, Handicap International est révoltée par le retour des mines antipersonnel dans l’arsenal américain. Plus de 20 ans après la signature du Traité d’Ottawa, la décision du Président Trump constitue un changement de politique assassin.

Fayaz, 9 ans aujourd'hui, a perdu ses deux jambes lors de l'explosion d'un reste de guerre au Cachemire quand il avait 3 ans. Il a suivi des séances de réadaptation et a reçu deux prothèses avec le soutien de Handicap International. Depuis, il a réappris à marcher. | © M. Ashraf / HI
L'Administration Trump a annoncé le 31 janvier 2020 un changement de politique assassin sur les mines antipersonnel, autorisant de fait les États-Unis à reprendre la production, l'utilisation et le stockage de mines antipersonnel.
Lire l'annonce du département de la Défense des États-Unis (en anglais)
« L’annonce de l’administration Trump sur les mines antipersonnel est une condamnation à mort pour les civils. Il y a des actes de guerre qui sont simplement en dehors de toutes règles, les mines entrent directement dans cette catégorie ! »
Anne Héry, directrice du plaidoyer à Handicap International
Lire l'interview d'Anne Héry "La décision américaine est injustifiable" sur le site de La Croix
6 897 victimes de mines ont été enregistrées en 2018, contre 30 000 dans les années 90. Ces armes de lâches, activées par les victimes elles-mêmes, ne font pas la différence entre le pied d'un enfant et celui d'un soldat. L’administration Trump doit reculer !
Les États, même les superpuissances, ne doivent jamais utiliser ces armes en raison des blessures et des souffrances inutiles qu'elles causent. Ces armes peuvent être aisément remplacées par d'autres moyens qui ne tuent ni ne mutilent les civils de manière aussi significative et indiscriminée.
De nouvelles mines "autodétruites" ?
Cette décision de l’Administration Trump constitue un revirement radical par rapport à l'engagement pris par le Président Obama en 2014, qui avait rapproché les États-Unis du respect de la Convention d'Ottawa de 1997, connue sous le nom de "Traité d'interdiction des mines". Avec la décision d’Obama, la péninsule coréenne constituait une exception, en raison de l'utilisation continue de mines dans la zone démilitarisée.
L'annonce précise que « le département de la Défense publie une nouvelle politique sur les mines. Cette politique autorisera les commandants combattants, dans des circonstances exceptionnelles, à employer des mines antipersonnel avancées, non permanentes, spécifiquement conçues pour réduire les blessures involontaires infligées aux civils et aux forces partenaires ». Les mines non permanentes sont généralement posées à la surface du sol et sont censées pouvoir se détruire dans un délai relativement court - de quelques heures à quelques jours.
« Ne soyons pas dupes, toute arme a un taux d’échec. L'idée que les mines dites "avancées" seront plus sûres que les anciens modèles est absurde. Que se passe-t-il si elles ne se neutralisent pas comme prévu ? Nos équipes voient de leurs propres yeux comment des armes souvent commercialisées comme "autodestructrices" continuent de blesser, mutiler et terroriser quotidiennement des civils dans le monde entier. »
Alma Taslidžan Al-Osta, responsable du plaidoyer à Handicap International pour le désarmement et la protection des civils
Effets indiscriminés sur les civils
Les États-Unis sont l'un des rares pays à n’avoir pas encore adhéré au Traité d'interdiction des mines antipersonnel de 1997, avec la Chine, l'Égypte, l'Inde, Israël, le Pakistan et la Russie. Cependant, depuis près de 30 ans, les États-Unis s'abstenaient d'utiliser ou de commercialiser des mines antipersonnel.
À ce jour 164 États sont parties au traité, ce qui fait de l'interdiction des mines antipersonnel une norme universelle du Droit humanitaire international.
« Les États-Unis affirment que la protection des civils est au cœur de leur politique de défense. Depuis quatre décennies, Handicap International a documenté les effets indiscriminés des mines sur les civils. Ce recul sur les mines terrestres est donc en contradiction avec la politique américaine actuelle. »
Alma Taslidžan Al-Osta
De plus, ce changement de politique envoie un signal très négatif, en donnant essentiellement un chèque en blanc aux États ou aux groupes désireux de poursuivre ou d'étendre l’utilisation des mines, qui avait considérablement diminué après l'entrée en vigueur du Traité d’Ottawa.
Revenir sur ce plan meurtrier
L’expérience de Handicap International en matière de déminage et de prise en charge des survivants d’accidents par mine permet d’affirmer qu'aucune utilisation de cette arme n'est sans danger. « Nous nous opposons dans les termes les plus forts à l'idée que les commandants militaires se sentent habilités à utiliser des mines. La mine la plus sûre est celle qui n'est jamais produite », ajoute Anne Héry.
Handicap International travaille avec ses partenaires de la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL) afin d'encourager les autorités américaines à revenir sur ce plan meurtrier dans les mois à venir.
Anne Héry de conclure :
« Ne vous y trompez pas, c'est un véritable retour en arrière. Cette évolution importante et négative est un coup de tonnerre pour les milliers de personnes qui ont survécu aux mines, ainsi que pour les familles et les amis des centaines de milliers de personnes qui n'ont pas survécu. »
Handicap International gère ou soutient des projets visant à minimiser l'impact des mines sur les civils dans des dizaines de pays, en restituant des terres aux communautés grâce au déminage, en apprenant aux gens à repérer, éviter et signaler la présence des restes explosifs de guerre grâce à la sensibilisation aux risques, et en apportant soutien et soins aux victimes de ces armes. L’association s’attache à accroître la visibilité des victimes et de leurs communautés, afin de rappeler au monde le fléau des mines terrestres.
Handicap International appelle les États signataires du Traité d’Ottawa à peser de tout leur poids pour faire reculer l’administration Trump.
Nous avons besoin de vous, signez la pétition !
Le Traité d’interdiction des mines
Le Traité d’Ottawa interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. Le Traité a été ouvert à signature le 3 décembre 1997. Il est entré en vigueur le 1er mars 1999. 164 sont États parties au traité. Les trois plus grands producteurs de mines de la planète, les États-Unis, la Russie et la Chine, n'ont toujours pas rejoint le traité.
Une question ? Une remarque ? Nous sommes à votre écoute !
Relation Donateurs
Contactez notre équipe du lundi au vendredi de 9h à 18h au 04 78 69 67 00 ou à [email protected]
Au plaisir d’échanger !
> Voir aussi la FAQ
Équipe Mobilisation
Vous souhaitez devenir bénévole ou partager des idées d’actions solidaires ? Contactez-nous par mail [email protected]
Relations Presse
Journalistes, médias : notre attachée de presse est joignable au 06 98 65 63 94 ou par mail [email protected]
> Voir l'espace Presse
Collectes frauduleuses
Des escroqueries à la charité peuvent être commises en notre nom dans l'espace public, par téléphone ou par e-mail. Consultez notre page dédiée pour toute information ou contactez-nous directement au 04 78 69 67 00 ou par e-mail : [email protected]