En Éthiopie, la crise oubliée
Les régions pastorales d’Oromia et de Somali, dans le Sud et l’Est de l’Éthiopie, sont en proie à de graves violences interethniques. Depuis septembre 2017, plus d’un million de personnes ont dû fuir leurs villages et se retrouvent déplacées dans des centaines de lieux d’accueil. Handicap International protège les plus vulnérables, en premier lieu les femmes et les enfants. Fabrice Vandeputte, chef de mission de l’association, explique l’origine de cette crise et la réponse apportée par nos équipes.
Populations déplacées en Éthiopie, recevant l'aide de Handicap International | © HI
Comment cette crise a-t-elle démarré ?
Fabrice Vandeputte : Les tensions entre ethnies pour l’accès aux ressources naturelles – notamment l’eau et les terres de pâturage – sont historiques dans les régions de Somali et d’Oromia, dans le Sud et l’Est de l’Éthiopie. Mais elles se sont intensifiées ces dernières années en raison de lourdes périodes de sécheresse et des famines consécutives. Enfin, ces derniers mois, un désaccord sur la délimitation de la frontière entre les deux régions a tourné au drame, puisque des centaines de milliers d’Oromos vivant en région Somali et même au Somaliland voisin ont été reconduits de force dans la région d’Oromia. En représailles, les autorités oromos ont chassé les Somali.
Où se trouvent les populations déplacées ?
FV : Plus d’un million de déplacés – en majorité des femmes et des enfants – se trouvent actuellement dans 400 lieux d’accueil qui sont des écoles, des bâtiments publics, mais aussi des familles, etc. sur une ligne nord-sud allant des villes de Jijaga à Moyale, sur la frontière séparant les régions Somali et Oromia. Ces déplacements exercent une pression énorme sur les communautés hôtes. Une femme récemment rencontrée accueille, par exemple, près de 50 personnes de sa famille proche ou éloignée. Vous imaginez les difficultés au quotidien pour les sanitaires, le partage de la nourriture…
Dans quel état se trouvent les déplacés ?
FV : Ils sont épuisés. Je parle aussi bien des déplacés que des familles hôtes. Imaginez : vous marchez tranquillement dans la rue, les forces de police arrivent en masse avec des camions semi-remorques, vous embarquent et vous déposent à plusieurs centaines de kilomètres de votre région d’origine ! C’est ce qu’a subi la majorité de déplacés. Ils ont perdu tous leurs biens. Un grand nombre d’enfants se retrouvent même séparés de leurs parents. Beaucoup sont dans une grande détresse psychologique.
Comment les ONG interviennent-elles ?
FV : Malheureusement, peu d’acteurs humanitaires ont le soutien des bailleurs de fonds et sont actuellement en capacité de mener les programmes d’urgence nécessaires. Pour les ONG sur place, il est difficile d’intervenir car les déplacés sont disséminés dans d’innombrables lieux d’accueil qu’il faut repérer. Cet éparpillement complique l’organisation de l’aide.
Que fait Handicap International ?
FV : Notre organisation a mis en place un programme de protection des femmes et des enfants : lors de déplacements massifs et soudains de populations, la promiscuité et la misère engendrent beaucoup de tensions et de violences dont les femmes et les enfants sont les premières victimes. Risques de viols, trafic d’enfants… sont également courants. À Babile et Kersaa, où nous intervenons, nous avons mis sur pied des équipes mobiles pour repérer les situations à risque et les individus vulnérables, les orienter vers les services compétents (services de santé, services sociaux, autres ONG, etc.). Nous ouvrons également des espaces dédiés aux femmes et aux enfants pour organiser des activités récréatives et des sessions de soutien psychosocial.
Comment cette crise risque-t-elle d’évoluer dans les prochains mois ?
FV : Certains observateurs estiment que 5 à 7 millions de personnes pourraient avoir besoin d’une assistance humanitaire cette année, déplacés et communautés hôtes comprises. Cette crise est pour l’instant largement oubliée et sous-financée. Les besoins fondamentaux en eau, nourriture, hygiène et équipements peinent à être satisfaits. Le soutien des bailleurs de fonds est largement insuffisant, nous manquons cruellement de ressources.
Photos © Handicap International
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