Crise au Nord-Kivu : des cliniques mobiles pour fournir des soins indispensables
Handicap International déploie des cliniques mobiles dans le Nord-Kivu en RDC afin de renforcer l’accès aux soins de santé et apporter une assistance médicale et psychosociale aux populations déplacées par les conflits.

Camp de déplacés internes de Zaina à Sake dans le Nord-Kivu. | © HI
Une situation sécuritaire et sanitaire alarmante
La province du Nord-Kivu, dans l’est de République démocratique du Congo, connaît un contexte sécuritaire instable depuis plus de 30 ans. On note une intensification des combats entre le Mouvement du 23 Mars (M23) et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) depuis novembre 2023. Des affrontements réguliers ont lieu notamment dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, ce qui entraîne de nouveaux mouvements de populations vers la ville de Goma, capitale de la province.
L’Organisation internationale pour les migrations a observé près de 630 000 déplacements individuels dans le Nord-Kivu entre le 29 janvier et le 13 mars 2024 en raison des récents conflits. En mars dernier, on comptait plus de 1,6 million de personnes déplacées en raison de la crise, soit près de 785 000 personnes de plus qu’il y a un an.
Face à l’explosion du nombre d'arrivées, de nouveaux sites informels de déplacés voient le jour. Ces derniers ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour assurer aux populations déplacées des conditions de vie dignes. Les sites gérés par les organisations internationales, bien que disposant de certaines infrastructures, n'ont pas la capacité de faire face à cet afflux continu de personnes.
« Au cours des derniers mois, l’équivalent de la population de villes entières s'est déversé dans les camps autour de Goma, où la situation est chaotique. Des ménages de 6 personnes vivent dans un espace de moins de 2 mètres carrés. »
Héritier Djunga, chef de projet Santé mentale pour HI au Nord-Kivu
Des conditions de vie précaires pour les déplacés
Une pression importante s’exerce sur les services existants, ce qui exacerbe l’ampleur des besoins humanitaires. L’accès à la nourriture, aux abris, à l’eau potable, aux infrastructures sanitaires et soins de santé est contraint pour des centaines de milliers de personnes, du fait de l’existence de barrières physiques ou financières, ainsi que du manque de personnel et d’équipements dans les centres de santé. Les conditions de vie dans les sites de déplacés sont extrêmement précaires et la situation humanitaire est alarmante.
Ce contexte de violence et de déplacements de populations a des conséquences sur la santé physique des personnes, mais également sur leur bien-être et leur santé mentale. Handicap International note qu’en moyenne, 75 % des personnes suivies dans le cadre de ses interventions au Nord-Kivu présentent des signes de détresse psychologique.
« La manifestation de la détresse psychologique est différente selon les personnes : certaines vont somatiser et présenter des signes physiques de leur mal-être, comme des maux de tête, des douleurs ou des insomnies. D’autres adoptent des mécanismes de défense ou présentent des signes de déprime, comme de la fatigue et une tristesse profonde. On compte déjà 4 personnes qui se sont suicidées dans le site du Lac Vert ces dernières semaines », déplore Héritier.
De plus, les personnes handicapées et les personnes blessées font face à des risques exacerbés, car elles peuvent notamment perdre l’accès à leurs équipements, à leurs traitements médicaux et aux services de réadaptation.
« Les personnes handicapées sont plus vulnérables que les autres. Certains blessés ont perdu leurs aides à la mobilité comme les béquilles, et les besoins en prothèses et orthèses sont énormes. Au moins 95 % des personnes qui suivent des séances de kinésithérapies de Handicap International sont également prises en charge pour un soutien psychosocial », explique Héritier.
Déploiement de cliniques mobiles
C’est dans ce contexte que Handicap International, en collaboration avec l’ONG Première Urgence Internationale, a mis en place deux cliniques mobiles pour intervenir dans les sites de déplacés, notamment ceux situés à l’ouest de Goma. Cette assistance gratuite, fournie dans les lieux où se sont réfugiées les personnes déplacées, permet de désengorger les structures de santé existantes et de surmonter les barrières physiques et financières d’accès aux soins pour les populations déplacées.
Ces interventions permettent d’apporter une réponse à des besoins aujourd’hui largement non couverts. Première Urgence Internationale délivre des soins de santé primaire et prend en charge la malnutrition. Les équipes déployées par Handicap International, quant à elles, sont composées de psychologues qui mettent en place des sessions de sensibilisation à la santé mentale à destination des populations déplacées. Elles assurent une prise en charge psychosociale via des séances de groupes ou individuelles pour les personnes en situation de détresse psychologique. Une équipe de kinésithérapeutes est également déployée afin d’identifier les personnes ayant besoin d’une prise en charge en réadaptation. Celle-ci inclut des séances de kinésithérapie, la fourniture d'aides à la mobilité comme des béquilles ou des cannes, ainsi que des conseils sur leur utilisation pour favoriser l'autonomie des personnes handicapées.
« La situation au Nord-Kivu est dramatique. Les besoins sont énormes et la réponse humanitaire n’est pas encore satisfaisante, faute de moyens financiers pour assister correctement les milliers de personnes déplacées. Nous avons besoin d’une mobilisation à grande échelle », conclut Héritier.
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