Bakary Traoré : « Entre 2016 et 2017, un grand nombre de personnes ont fui leurs villages brûlés par des groupes armés, suite au conflit interne qui affecte cette région de la RDC. Elles ont tout perdu : leur maison, leurs meubles, leurs stocks alimentaires, leurs outils de travail. Certaines des populations déplacées ont toujours peur de retourner dans leur village à cause de l’insécurité. Elles n’ont plus rien et manquent terriblement de nourriture et de soins médicaux. La pauvreté est là. La misère est totale. »
Crise alimentaire
« Dans la zone où nous agissons, nous ne sommes que trois ONG. L’aide humanitaire est donc insuffisante. Les priorités de Handicap International sont pour l’instant la distribution de nourriture et l’aide aux personnes vulnérables. Nous apportons des vivres (farine de maïs, haricots, huile…) à plus de 8 500 familles – soit 51 000 personnes – grâce au financement de Food For Peace. Même si les récoltes vont commencer en novembre, la population n’aura pas assez pour se nourrir. Selon une évaluation faite par le Programme alimentaire mondial (PAM), environ 205 000 personnes sont en insécurité alimentaire dans les deux territoires couverts par Handicap International pour la distribution des vivres. Malgré la présence d’ONG dans ces territoires, le taux de couverture alimentaire de ces personnes n’est que de 59 %. »
Pénurie de médicaments
« La qualité des services de santé a, elle aussi, atteint un point critique. Handicap International travaille parfois avec des hôpitaux où il n’y a pas le matériel ni les médicaments nécessaires pour traiter les enfants. Les médecins sur place donnent des ordonnances mais il y a pénurie de médicaments. Certaines personnes n’ayant pas les moyens d’aller à l’hôpital se soignent avec des médicaments dits "thérapeutiques" mais cela ne suffit pas dans la plupart des cas. »
Établir la confiance avec la population
« Mon travail consiste principalement à adapter les actions de Handicap International sur le terrain en tenant compte du contexte et des besoins de la population. Nous menons aussi des actions de réadaptation et de protection ainsi que du référencement auprès de 51 000 personnes afin d’identifier les besoins de chaque famille. Mais pour que nos actions aient une réelle portée, il faut créer une relation de confiance avec la population car c’est la première fois que nous intervenons dans ces camps. Grâce à la méthode participative adoptée par Handicap International et malgré un contexte difficile, la population commence à participer aux activités proposées. Si ces activités permettent de traiter l’immédiat, nous devons aussi penser à l’avenir de ces personnes qui n’ont plus rien. Il faut passer par une phase de réinsertion économique afin de les aider à reconstruire leur vie. Les besoins sont énormes. »
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