Au Liban, HI répond aux besoins des personnes déplacées

« Je vis avec mes trois enfants âgés de 12 à 23 ans, ma mère qui a été déplacée, ainsi que ma sœur et mon frère. Pour l'instant nous restons chez moi. Nous vivons dans le quartier sud de Beyrouth, à 15 minutes de la capitale, un peu en altitude. Il est difficile de dire si un endroit est vraiment sûr ou non en ce moment au Liban. Jusqu'à présent, les bombardements sont encore un peu loin de chez nous, mais je les entends clairement. 

Se tenir informée et réduire les risques

Hier, nous avons réussi à dormir après deux nuits blanches. Parfois, lorsque les quartiers voisins sont visés, le bruit est assourdissant. Dès que j'entends les explosions, je regarde les nouvelles pour les localiser précisément et m'assurer que nous sommes toujours en sécurité. Même si nous entendons les bombardements au loin, je prends des mesures de précaution pour ma famille. Par exemple, je laisse les fenêtres ouvertes toute la journée pour éviter qu'elles ne volent en éclat à cause de l’onde de choc si les bombardements se rapprochent. Cependant, quand les bombardements ont été extrêmement intenses, comme il y a quelques jours à Beyrouth, suivis d’une odeur terrible, j'ai recouvert les fenêtres avec du scotch.

J'ai fait une évaluation de notre appartement, en identifiant les pièces sûres au cas où la situation s'aggraverait. J'essaie de prendre en compte la sécurité dans tout ce que je fais. Vendredi dernier, des bombardements ont eu lieu tout près de chez nous. Même si c'était éprouvant pour les nerfs, j'ai réussi à rester concentrée et à réfléchir clairement à ce qu'il fallait faire. Ce n'est pas la première fois que je suis confrontée à de tels événements, et c'est devenu plus facile à gérer avec le temps, ce qui me permet de maintenir un équilibre entre les émotions et la logique.

Nous sommes là pour les gens

Trouver un nouvel endroit où loger est un défi de taille pour de nombreuses personnes en ce moment au Liban. Nous essayons de rester en sécurité et d’atténuer les risques, car il n'y a pas de meilleures options. 

En ce qui concerne mon travail, tout dépend de la situation en matière de sécurité. J'évalue constamment les risques avant de décider de travailler en ligne ou de me rendre au bureau. Si j'ai des réunions ou des tâches à accomplir en ligne, je préfère souvent rester chez moi. Toutefois, en cas de besoin, je préfère me rendre au bureau, car les connexions internet sont difficiles. »

HI face à la crise

Depuis le début du mois d'octobre, en réponse à l'intensification de la crise, Handicap International a adapté quatre de ses programmes pour répondre aux besoins urgents des personnes touchées par la situation, en se concentrant sur les camps de déplacés :

• Santé : cela inclut les premiers secours psychologiques et le soutien en santé mentale, ainsi que des séances de réadaptation et la fourniture d'aides à la mobilité (béquilles, fauteuils roulants, etc.) pour les personnes déplacées, les blessés et les personnes âgées ou handicapées. Nous fournissons également des articles récréatifs pour les enfants. Ce programme est mis en œuvre par des partenaires à Beyrouth et à Saïda, notamment un hôpital, un centre de réadaptation – qui possède également une équipe mobile pour pallier les difficultés d’accès au centre pour certains – et un partenaire en santé mentale qui propose un service de soutien psychosocial par téléphone.
• Santé reproductive inclusive : ce programme se concentre sur la fourniture de services de santé reproductive aux femmes et aux adolescentes handicapées. Il comprend la distribution de kits de dignité et de dispositifs d'assistance, ainsi que la réadaptation via deux partenaires dans la région de Beyrouth. Nous nous concentrons sur les abris collectifs où nos partenaires eux-mêmes ont été déplacés.
• Santé mentale : nous offrons des séances de soutien psychosocial en groupe et individuelles dans les abris collectifs pour soutenir les personnes déplacées à Beyrouth et dans la Bekaa.
• Éducation : ce programme inclut des activités récréatives pour les enfants de moins de 18 ans, ainsi que la distribution d'articles récréatifs et de kits d'hygiène. Nous donnons également des consultations pour les parents et les aidants, et fournissons des aides à la mobilité (fauteuils roulants, béquilles, etc.) et des séances de réadaptation pour les enfants handicapés.
• Déminage et éducation aux risques : les opérations de déminage ont cessé, mais nous avons adapté nos sessions d'éducation aux risques, désormais en ligne, ciblant les personnes déplacées dans les abris collectifs. Nous menons des sessions individuelles dans les camps quand nous pouvons y accéder. Handicap International a organisé des séances de sensibilisation aux risques en porte-à-porte dans les gouvernorats de Nabatyieh et de Sour. Cet effort a été soutenu par une campagne médiatique de masse, comprenant des panneaux d'affichage le long des routes principales et la distribution de brochures d'information sur les risques.

Handicap International travaille actuellement avec 5 partenaires dans 5 abris collectifs à Beyrouth, 4 dans la Beqaa et 5 dans le nord du Liban. Depuis le début de la crise, l'association a aidé quelque 8 000 personnes et coordonné au moins 150 employés et bénévoles.

Jusqu'en septembre 2024, Handicap International a aidé ses partenaires au Sud Liban à améliorer et à élargir leurs activités :

• L'association a prépositionné des aides à la mobilité et des appareils fonctionnels (notamment des fauteuils roulants, des déambulateurs, des béquilles, des matelas à eau, des articles de réadaptation et des kits pour les plaies) dans 6 établissements de santé.
• En collaboration avec l'Ordre libanais des kinésithérapeutes et le Comité international de la Croix-Rouge, Handicap International a dispensé une formation au personnel des établissements de santé du Sud Liban et de Beyrouth.
• L'association a soutenu deux organisations locales, Tamkeen à Nabatieh et l'Organisation humanitaire des femmes palestiniennes à Tyr, pour fournir des services de réadaptation.
• HI a renforcé le rôle de l'Ordre libanais des kinésithérapeutes dans la préparation et la réponse aux situations d'urgence, en améliorant l'implication des professionnels en situation de crise.
• L'association a formé des volontaires en réduction des risques de catastrophe des municipalités de Tyr et de Nabatieh à l'action humanitaire inclusive dans les situations d'urgence. HI a dispensé une formation aux premiers secours psychologiques aux travailleurs de première ligne qui soutiennent les personnes déplacées dans les municipalités de Tyr.
• Enfin, Handicap International a aidé ses partenaires locaux à fournir un soutien psychosocial de groupe aux personnes déplacées.