Aller au contenu principal
 
 

À Madagascar, Mme Lalao et M. Jean-Louis ont reçu des prothèses reconditionnées

Réadaptation
Madagascar

Mme Lalao et M. Jean-Louis ont tous les deux perdu une jambe, elle à cause d’une maladie, lui après un accident. En 2024, ils ont reçu des prothèses reconditionnées issues du projet Liimba de Handicap International.

Madagascar, novembre 2024. M. Jean-Louis et Mme Lalao, équipés de leurs prothèses reconditionnées.

Madagascar, novembre 2024. M. Jean-Louis et Mme Lalao, équipés de leurs prothèses reconditionnées. | © A. Perrin / HI

Madame Lalao et Monsieur Jean-Louis ont tous les deux perdu une jambe, elle à cause d’une maladie, lui après un accident. Pendant des années, ils ont dû s’adapter à une nouvelle réalité : une difficulté à se déplacer, faire face à des douleurs et parfois même à l’exclusion sociale. Grâce à l’appareillage qu’ils ont reçu au Centre hospitalier universitaire d’appareillage de Madagascar (CHUAM), partenaire de Handicap International, ils ont retrouvé leur autonomie. Aujourd’hui, ils témoignent de leur parcours, entre obstacles et espoirs.

Une vie chamboulée du jour au lendemain

Monsieur Jean-Louis, 53 ans aujourd'hui, était un jeune homme de 17 ans lorsqu’un bus aux freins défaillants bouleversa sa vie. Il marchait à côté d’une station-service, sans se douter que quelques secondes plus tard il serait projeté au sol, gravement blessé. L’accident fit plusieurs victimes, et lui perdit sa jambe.

Madame Lalao, 46 ans, a connu une histoire différente, mais tout aussi bouleversante. La perte de sa jambe a été progressive, marquée par des années de douleur. En 2016, lorsqu’elle a commencé à ressentir une douleur insoutenable à la jambe, elle décida de consulter différents médecins qui ne comprenaient pas ce qu’elle avait, enchaînant les traitements, en vain.

Au fil des mois, son état s'est aggravé. Sa jambe s'est déformée, rongée par une maladie inconnue, et chaque mouvement est devenu un supplice. Peu à peu, elle s'est retrouvée clouée au lit, incapable de se déplacer. Mais au-delà de la souffrance physique, c’est son isolement qui pesait le plus. L’état de sa jambe a fini par éloigner certaines personnes de son entourage, même ses proches hésitaient à venir la voir, de peur d’affronter cette réalité difficile.

Un jour, à bout de forces, elle demanda à être emmenée à l’hôpital. Lorsqu’on lui annonça que l’amputation était la seule solution, elle accepta, déterminée à en finir avec cette souffrance qui l’emprisonnait depuis trop longtemps.

Monsieur Jean-Louis et Madame Lalao ont vécu des histoires différentes mais partagent aujourd’hui une expérience commune : celle de vivre avec un handicap qui a bouleversé leur quotidien.

Se reconstruire après l’amputation

Après la perte de leur jambe, Monsieur Jean-Louis et Madame Lalao ont dû faire face à une nouvelle réalité, marquée par des défis physiques, psychologiques et sociaux.

À seulement 17 ans, Monsieur Jean-Louis décrit son amputation comme un choc immense. Il vivait avec sa grande sœur, orphelins de leurs deux parents, ils ont eu du mal à prendre en charge son hospitalisation, malgré l’assurance du propriétaire du bus. À peine remis de son amputation, et face à des frais de santé trop élevés, il s’est remis à travailler en tant que pompiste dans une station-service afin de subvenir à leurs besoins.

Madame Lalao, a vécu cette transition différemment. Après son opération, elle a ressenti un soulagement immédiat, n’ayant plus à endurer la douleur qui la paralysait depuis des années. Mais par la suite, commencer à se déplacer avec des béquilles était très fatigant, lui provoquant des douleurs aux bras et aux épaules. Si l’amputation lui a apporté un soulagement physique, le regard des autres a été plus difficile à affronter.

« Je suis triste en repensant à ma vie d’avant, avec deux bras et deux jambes, comme tout le monde. »

Une prothèse pour retrouver de l’autonomie

Recevoir une prothèse est une étape décisive dans le parcours de réadaptation, mais les premiers jours avec l'appareillage sont parfois éprouvants. S’habituer à ce nouvel outil demande du temps, de la patience et beaucoup d’efforts. Marcher, se tenir debout, monter des escaliers… autant de gestes autrefois naturels qui redeviennent un véritable apprentissage. Pour Madame Lalao et Monsieur Jean-Louis, les débuts ont été marqués par des difficultés mais aussi par la volonté de retrouver leur indépendance.

Depuis, Madame Lalao a utilisé plusieurs prothèses. Elle se rappelle qu’au début, lors des exercices pour apprendre à monter et descendre les escaliers, elle avait un peu peur. Cela a pris quelques semaines, les exercices étaient intenses et lui provoquaient des vertiges, mais le fait de s’entraîner l’aidait à aller mieux.

Pour Monsieur Jean-Louis, l’adaptation a aussi été progressive. Il se souvient que sa première prothèse, en métal, était résistante mais extrêmement lourde et peu mobile. Chaque déplacement demandait un effort considérable. En 2016, il a reçu sa première prothèse en plastique, plus légère et plus maniable, mais le changement ne s'est pas fait sans difficulté. « C’était comme devoir réapprendre à marcher », raconte-t-il. L’équilibre et les mouvements n’étaient plus les mêmes, mais avec le temps et la pratique, il a su s’adapter, gagnant en confort et en liberté.

En 2024, grâce au Centre hospitalier universitaire d’appareillage de Madagascar (CHUAM), partenaire de Handicap International, ils ont tous les deux reçu leur dernière prothèse dans le cadre du projet Liimba. Ils retiennent de leur prise en charge au CHUAM une expérience positive. Madame Lalao se souvient avec émotion de l’accueil bienveillant du personnel soignant :

« Tout le monde veillait à ce que je ne manque de rien. »

Quant à Monsieur Jean-Louis, il est reconnaissant d’avoir pu bénéficier d’une prothèse adaptée aussi rapidement. Il encourage d’ailleurs toutes les personnes amputées qu’il croise à entamer les démarches pour obtenir une prothèse au CHUAM.

« Quatre jours seulement après le moulage, j’avais déjà ma prothèse ! »

Une vie tournée vers l’avenir

Aujourd’hui, Monsieur Jean-Louis et Madame Lalao mènent une vie active, satisfaits de leur nouvelle prothèse.

Monsieur Jean-Louis continue son travail à la gare, où il aide à trouver des clients pour les taxis-brousse. Un métier très fatigant, mais qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Il vit avec sa femme et leurs quatre enfants et, même si les fins de mois restent difficiles, il garde une philosophie simple :

« Je fais ce que je peux chaque jour pour affronter la vie. Je préfère ne pas perdre du temps à rêver les choses en grand. Ce qui compte, c'est d’avoir de quoi nourrir ma famille. »

Madame Lalao, quant à elle, travaille comme lavandière, bien qu’elle espère un jour pouvoir changer de métier. Le travail physique devient de plus en plus dur avec l’âge, surtout lorsqu’elle doit porter de lourdes charges. Mais elle continue pour permettre à son fils adolescent de poursuivre ses études et acheter les médicaments nécessaires à sa mère, atteinte de problèmes cardiaques et respiratoires.

Au-delà de leur vie professionnelle, Madame Lalao et Monsieur Jean-Louis apprécient le simple fait de pouvoir se déplacer sans douleur, de sortir, de voir leurs proches. Ils savent que leur handicap fait partie de leur histoire, mais ils refusent qu’il les définisse.


En savoir plus sur le projet Liimba de Handicap International

Publié le : 10 juin 2025
Nos actions
pays
par pays

Icône casque microUne question ? Une remarque ? Nous sommes à votre écoute !

Relation Donateurs
Contactez notre équipe du lundi au vendredi de 9h à 18h au 04 78 69 67 00 ou à
[email protected]
Au plaisir d’échanger !
Voir aussi la FAQ

Équipe Mobilisation
Vous souhaitez devenir bénévole ou partager des idées d’actions solidaires ? 
>
Rendez-vous sur l’espace dédié

Relations Presse
Journalistes, médias : notre attachée de presse Clara Amati est joignable au 06 98 65 63 94 ou par mail
[email protected] 
Voir l'espace Presse

 

Collectes frauduleuses

Des escroqueries à la charité peuvent être commises en notre nom dans l'espace public, par téléphone ou par e-mail. Consultez notre page dédiée pour toute information ou contactez-nous directement au 04 78 69 67 00 ou par e-mail : [email protected]

Aidez-les
concrètement

Pour aller plus loin

Malak, 9 ans, marche à nouveau grâce à une prothèse
© K. Nateel / HI
Réadaptation Urgence

Malak, 9 ans, marche à nouveau grâce à une prothèse

Malak a été grièvement blessée et a dû être amputée au-dessus du genou il y a quelques mois. Aujourd'hui elle peut marcher à nouveau avec l'aide de Handicap International.

Mehari, un modèle de résilience pour les victimes d’armes explosives
© H. Bale / HI
Inclusion Mines et autres armes Réadaptation

Mehari, un modèle de résilience pour les victimes d’armes explosives

Blessé par une fusée de mortier, héritage de la Guerre du Tigré (2020-2022), Mehari est aujourd’hui engagé sur la voie de la reconstruction et développe son activité professionnelle.

Le nouvel espoir de Nanay qui marche à nouveau
© M. C. Liberato / HI
Réadaptation Urgence

Le nouvel espoir de Nanay qui marche à nouveau

À 70 ans, Nanay Benita, n’a qu’une crainte : ne pas pouvoir fuir en cas de catastrophe climatique. Grâce à la canne distribuée par Handicap International, elle se sent soulagée.