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« Nous sommes enfin rentrés chez nous »

Mines et autres armes
Sénégal

Aminata et Moustapha sont originaires de Bissine, au Sénégal. Ils ont pu revenir vivre avec leurs enfants sur la terre de leurs ancêtres, sécurisée grâce aux opérations de déminage de Handicap International.

Portrait de famille, devant la maison familiale construite en briques rouges. Les parents et les trois enfants sourient au photographe.

La famille Sané : Aminata, Moustapha et leurs trois enfants. | © A. Faye / HI

Aminata et Moustapha Sané ont dû fuir Bissine en 1992 pour échapper à la violence des affrontements entre l’armée sénégalaise et les combattants du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance. Ils sont revenus à Bissine près de 30 ans plus tard avec leurs enfants, pour y retrouver leurs racines et se construire une vie meilleure.

Un retour très attendu

Aminata a insisté pour que sa famille retourne vivre à Bissine et pour que les enfants y grandissent. © A. Faye / HIAminata n’avait que deux ans en 1992 mais elle se souvient comment sa famille a été divisée dans la fuite. Elle se réfugie en Gambie avec ses parents ; c’est là qu’elle rencontre Moustapha, lui aussi originaire de Bissine. Après le mariage, le couple reste vivre en Gambie. Leur quotidien est rythmé par le travail de Moustapha, qui distribue des légumes dans des hôtels. Comme tous les enfants de Bissine, Aminata et Moustapha ont grandi dans la mémoire de leur village et souhaitent plus que tout retourner sur la terre de leurs ancêtres.

« Nous avions constitué des sections de Bissinois en exil et nous organisions des réunions pour se rappeler qu’un jour, on reviendrait au village. Chaque année, il y avait une rencontre pour redonner courage à ceux qui abandonnaient tout espoir », se souvient Moustapha.

Moustapha souhaite revenir une première fois en 2008, puis en 2014. Mais à chaque fois, il est retenu par les échos d’arrestations effectuées à Bissine par des hommes armés. Finalement, c’est Aminata qui insiste pour revenir au village et elle n’a aucun mal à convaincre son mari.

Aminata et les trois enfants reviennent dès 2021 et Moustapha les suit en 2022. Pendant plus de deux ans, ils habitent avec les autres familles dans une grande hutte collective, le temps de reconstruire les maisons. Depuis fin 2022, ils vivent enfin dans leur propre maison, bâtie par Moustapha.

« Je suis très contente d’être revenue au bercail, je me sens heureuse sur la terre de mes ancêtres. Rester chez soi, c’est la meilleure vie qui soit. Les enfants aussi sont contents d’être à Bissine, on leur avait beaucoup parlé du village », se réjouit Aminata.

La vie au village

Moustapha surveille son champ pour que les singes ne lui volent pas ses pastèques. © A. Faye / HIEn 2021, il reste encore de nombreux engins explosifs à Bissine, vestiges des affrontements passés. Les habitants pressent alors le Centre national d’action antimines au Sénégal (CNAMS) d’agir pour garantir leur sécurité. C’est ainsi qu’en 2022, Handicap International est chargée de mener des opérations de déminage : pendant quatre mois, l’organisation y travaille, permettant la remise à disposition de près de 95 000 m² de terre et la destruction de 15 engins explosifs.

« Avant, les lieux n’étaient pas sécurisés. On était obligé de limiter les déplacements des enfants parce qu’on ne savait pas ce qu’il y avait sous terre. Mais aujourd’hui, je n’ai plus peur pour eux : je les laisse jouer comme ils veulent, aller chercher des fruits sauvages en brousse, car la zone est sûre », explique Aminata.

Aujourd’hui, la famille Sané vit de la culture de champs, où leurs parents plantaient essentiellement du mil, de l’arachide et du riz. Mais Moustapha, lui, a tenté de nouvelles expériences : pour la première fois cette année, il a planté des pastèques. Le problème, c’est que les singes rouges aussi en sont friands et le voilà obligé de surveiller son champ en permanence pour défendre sa récolte contre ces bandes de voleurs. Pendant ce temps, Aminata assure l’entretien de la maison et s’occupe des poules de la famille, gardée dans le poulailler collectif des Bissinoises. Elle souhaite aussi aménager un potager à l’entrée de sa maison, pour y cultiver des fruits et des légumes.

À 14h, une fois les enfants rentrés de l’école, c’est l’heure du repas. © A. Faye / HITous les jours, Aminata mitonne avec amour un déjeuner pour le retour des écoliers, affamés après une longue matinée de cours. Les trois enfants du couple, Fatmata, Samsidine et Mame Diambame ont respectivement 12, 9 et 7 ans et vont tous les trois à l’école du village à pied.

« Tout le monde n’est pas encore revenu à Bissine, mais certaines familles viennent faire un tour au village pour voir comment nous vivons. Ils se rendent compte de leurs propres yeux que nous sommes en sécurité, que la vie est meilleure ici. Alors, ils reviendront un jour », déclare Moustapha. Et Aminata de conclure : « Je veux rester ici, pour que mes enfants grandissent et vivent à Bissine ».

Le Sénégal estime l’étendue de la contamination liée au conflit en Casamance à 1,2 million de mètres carrés de terres, réparties sur cinq départements. En mai 2022, Handicap International a redémarré des opérations de déminage en Casamance, où l’association avait déjà libéré plus de 900 000 m² depuis 2008. Grâce à ses deux projets actuels, Handicap International remettra à disposition 800 000 m² supplémentaires d’ici à 2025, pour contribuer à réinstaurer la sécurité et la prospérité socioéconomique des communautés dans les régions de Ziguinchor et de Sédhiou.
Publié le : 8 avril 2024
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