Mines antipersonnel : les États doivent réaffirmer leur engagement dans le Traité d'Ottawa
La Conférence contre les mines aura lieu du 25 au 29 novembre 2024 au Cambodge. Après 15 ans de baisse, leur utilisation et le nombre de victimes augmentent...

Une mine désactivée dans la main d’un démineur au Liban | © M. Feltner / HI
L’impact du traité
Depuis l'adoption du Traité d'Ottawa en 1997, on constate une réduction significative du nombre de victimes de mines antipersonnel, qui est passé d'environ 25 000 par an en 1999 à moins de 5 000 en 2022. De vastes étendues de terres contaminées ont été déminées et rendues aux populations. Plus de 30 pays ont été déclarés libérés des mines, plus de 55 millions de mines stockées par les États ont été détruites. La production et le transfert de mines antipersonnel ont pratiquement cessé. Les droits et les besoins des victimes sont reconnus et de plus en plus pris en compte. Le traité a presque mis fin à l'utilisation d'une arme autrefois largement répandue.
Mais des défis importants
On a récemment constaté une utilisation importante de mines antipersonnel, principalement par la Russie en Ukraine, avec des rapports indiquant également une utilisation en 2022 par l'Ukraine, un État partie au Traité d'Ottawa.
Des mines antipersonnel ont également été utilisées au Myanmar, en Colombie, en Inde, en Thaïlande et en Tunisie, ainsi que par divers groupes armés non étatiques, ce qui a entraîné un nombre croissant de victimes et une nouvelle contamination des terres qui constituera une menace pour les populations civiles dans les années à venir.
Les civils représentent en effet toujours une part importante des victimes de ces armes. Sur les 4 710 victimes de mines enregistrées dans 49 pays en 2022, 85 % étaient des civils et près de la moitié d'entre eux étaient des enfants (1 171). Le plus grand nombre de victimes en 2022 a été enregistré en Syrie (834) et en Ukraine (608). Aujourd'hui, 60 pays sont encore contaminés par des mines.
Un traité menacé ?
Ces nouvelles utilisations vont directement à l'encontre du Traité d'interdiction des mines et constituent une menace directe et à long terme pour les civils vivant dans les zones contaminées. Il est inquiétant de constater que les États parties au Traité d'Ottawa ne condamnent pas assez ouvertement ces utilisations récentes.
En approuvant le traité, ils ont pourtant convenu de condamner avec la plus grande fermeté tout emploi de mines, par quelque acteur et en quelque circonstance que ce soit. Les États parties doivent réaffirmer l'importance et l'efficacité du traité et leur engagement sans équivoque à faire respecter ses normes. Handicap International insistera sur cette nécessité cruciale lors de la cinquième conférence d'examen du traité et lors de la finalisation du prochain plan d'action.*
L'assistance aux victimes au cœur du traité
Le Traité d'Ottawa reconnaît les droits et les besoins des victimes de mines et prévoit l'obligation de fournir une assistance en matière de soins, de réadaptation, de soutien psychologique et psychosocial et d'inclusion sociale et économique. En effet, les survivants peuvent se retrouver avec des handicaps permanents qui peuvent avoir un impact profond sur leur vie et celle de leur famille, et nécessiter un soutien tout au long de leur vie. Plus généralement, les communautés vivant dans des zones contaminées par des mines ont également des besoins spécifiques, car elles sont exposées à cette menace parfois pendant des décennies et ont souvent des difficultés à accéder à des services vitaux tels que les hôpitaux. Pourtant, leurs besoins sont souvent négligés.
Sous-financement de la réadaptation des victimes
Le rapport de l'Observatoire des mines 2023 révèle que les programmes de réadaptation manquent cruellement de fonds : l'aide internationale à l'assistance aux victimes ne représente que 5 % du financement total de l'action contre les mines.
Lors de la conférence de novembre prochain, Handicap International fera pression pour que l'assistance aux victimes bénéficie d'un financement significatif. Nous rappellerons aux États l'importance d'aider les victimes vivant dans des pays où il y a eu des conflits armés et où la contamination des terres est encore élevée, ainsi que dans les conflits en cours comme en Ukraine, à Gaza et au Soudan. Les États parties au traité doivent améliorer l'accès aux technologies de réadaptation et d'assistance et au soutien psychologique, et prendre des mesures pour améliorer l'intégration des survivants et de leurs familles dans la société. Ils doivent également soutenir la mise en œuvre d'activités d'éducation et de sensibilisation aux risques pour les communautés vivant dans des zones contaminées afin de réduire le risque d'accidents liés aux mines et aux restes explosifs de guerre.
* Un plan d'action sera adopté lors de cette conférence hébergée par le Cambodge, afin de fournir aux États parties des orientations sur la manière de mettre en œuvre les engagements du traité au cours des cinq prochaines années.
Le Traité d'interdiction des mines, également appelé Traité d'Ottawa ou Convention d'Ottawa, est le résultat des efforts concertés de la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL), une coalition d'ONG cofondée par Handicap International et plusieurs États solidaires en 1992. Cette collaboration a abouti à l'adoption du traité le 18 septembre 1997. Une semaine après la cérémonie de signature qui s'est déroulée à Ottawa au Canada les 3 et 4 décembre 1997, ICBL a reçu le prix Nobel de la paix en reconnaissance de ses réalisations.
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