Goto main content
 
 

Syrie : le déminage rend possible le retour de la population

Mines et autres armes
Syrie

David Theodore Francis, responsable de la décontamination des terres, explique comment Handicap International travaille en Syrie pour déminer des terrains contaminés par des munitions non explosées.

Un démineur équipé pour inspecter un point de captage d'eau.

Un démineur de HI équipé pour inspecter un point de captage d'eau. | © HI

Handicap International intervient dans plusieurs villages à Deir Ez-zor, comment cela se passe-t-il ?

David Theodore Francis : Ce genre d’opération commence avec une rencontre entre nos équipes de liaison communautaire et les habitants, afin de briser la glace et d'écouter leurs préoccupations, leurs inquiétudes et ce qui est important pour eux.

Nous avons peu à peu établi une relation de confiance avec ces communautés – d’abord méfiantes car traumatisées par le conflit. Au début, nous ne sommes intervenus que dans une partie d’un premier village, Khasham, mais aujourd'hui, nos équipes commencent à couvrir l'ensemble de la zone.

Nous traitons les sites prioritaires tels que les écoles, les hôpitaux, les installations de traitement de l'eau, etc. Nous retirons les munitions dangereuses visibles et accessibles, c'est-à-dire celles qu'un enfant pourrait ramasser.

Maintenant, les gens nous poursuivent littéralement à moto en nous disant : « Venez chez moi, j'ai une roquette. » La confiance que nous avons gagnée est cruciale. Les gens commencent à nous signaler régulièrement la présence d’engins pour qu’ils puissent être retirés en toute sécurité.

Les gens reviennent-ils dans leurs villages ?

David Theodore Francis : Oui, progressivement. Une famille avec laquelle nous travaillons est revenue depuis six mois, d'autres depuis seulement deux mois. C'est comme si on avait ouvert un robinet : le flux de rapatriés augmente, surtout depuis la fin de l'année scolaire (juillet 2025). Et avec cela, le nombre d'objets dangereux que nous trouvons augmente dans certaines zones.

Quel type de menaces d’armes explosives rencontrez-vous ?

David Theodore Francis : Nous trouvons de nombreuses roquettes, grenades et munitions laissées par des groupes armés. Nous en avons retiré certaines, mais les zones recouvertes des gravats de bâtiment nécessitent une autorisation spéciale, en particulier s'il s'agit d'une ancienne maison privée. Pour l'instant, nous nous contentons d'éliminer les dangers visibles.

Avez-vous déjà été confronté à des situations dangereuses sur le terrain ?

David Theodore Francis : Deux situations me viennent à l'esprit. Une fois, un homme m'a apporté une grenade qu'il tenait dans la main. Une autre fois, quelqu'un qui avait désespérément besoin d'aide est sorti d'un champ de mines en portant une grosse mine sous le bras, en se dirigeant vers moi, avec des enfants à proximité. J'ai dû lui crier d'arrêter. Nous avons mis tout le monde en sécurité et avons sécurisé l'engin, mais il aurait pu tuer des dizaines de personnes. L'éducation aux risques, ce que Handicap International fait partout en Syrie, est essentielle pour enseigner aux gens le bon comportement à adopter et éviter les accidents.

Au-delà du déminage des villages, travaillez-vous sur des infrastructures spécifiques importantes ?

David Theodore Francis : Oui. Les écoles sont une priorité. Nous avons nettoyé trois écoles à Deir ez-Zor et nous prévoyons d'y retourner pour voir combien d'enseignants et d'élèves sont revenus. Nous commençons des opérations à la principale station d'épuration de la ville de Deir ez-Zor, qui est la plus grande installation approvisionnant toute la ville. C'est vital : si une panne ou un accident s'y produit, toute la ville pourrait se retrouver sans eau pendant la période la plus chaude de l'année. On nous a demandé de l'aide de toute urgence après avoir soupçonné la présence de munitions dans l'un des réservoirs.

Nous serons sur place avec une équipe de déminage pour évaluer et sécuriser le site. La complexité du site et de son accès signifie que seules des équipes de déminage disposant d'un équipement spécialisé peuvent mener à bien de telles tâches. Heureusement, nous disposons de cette capacité, tant en termes d'équipement, de formation et d'expérience que de personnel qualifié.

Cette intervention profite à environ 350 000 personnes, dont environ 65 % sont des femmes et des enfants, et réduit directement les risques de diarrhée aiguë et de choléra.

Comment des munitions peuvent-elles se retrouver dans une station d’épuration ?

David Theodore Francis : Ce n'est pas rare dans les conflits. Des projectiles ou des bombes peuvent atterrir dans les infrastructures urbaines, et s'ils n'explosent pas, ils peuvent rester là pendant des décennies. En temps de guerre, détruire l'approvisionnement en eau oblige les populations à se déplacer, bloque les routes et entrave la liberté de mouvement de l'ennemi. Une station d’épuration peut être une cible.

Comment Handicap International décide où intervenir ?

David Theodore Francis : Cela dépend en partie des demandes des communautés et des organisations humanitaires qui souhaitent intervenir dans les zones contaminées, et en partie de considérations stratégiques : nous ciblons les infrastructures qui accélèrent le rétablissement du pays, non seulement les stations d’épuration et les écoles, mais aussi les installations de stockage agricole, par exemple, essentielles pour garantir les semences et les récoltes futures, et nourrir la population. Le déminage de ces infrastructures favorise la stabilité à long terme, la sécurité alimentaire et sécurise les moyens de subsistance.

Quelle est l'importance de l'engagement des donateurs dans votre travail ?

David Theodore Francis : Elle est très importante. Nous sommes ouverts à l'accueil de donateurs potentiels afin qu'ils puissent constater la réalité sur le terrain. Voir l'impact de leurs actions de leurs propres yeux est très efficace. Qu'il s'agisse d'éducation, de santé ou d'agriculture, il est essentiel de montrer aux donateurs les besoins spécifiques en Syrie après 13 ans de conflit.

Quelle est la prochaine étape pour l'équipe de HI ?

David Theodore Francis : Nous allons continuer à déblayer les sept villages, en passant du village de Khasham à celui voisin, tout en répondant aux demandes urgentes en matière d'infrastructures. Nous avons également prévu des démolitions en masse afin de détruire définitivement de grandes quantités d'explosifs. Ce sont des moments importants, tant pour la sécurité que pour montrer aux communautés que ces menaces ont véritablement disparu.

Publié le : 26 août 2025
Nos actions
pays
par pays

Icône casque microUne question ? Une remarque ? Nous sommes à votre écoute !

Relation Donateurs
Contactez notre équipe du lundi au vendredi de 9h à 18h au 04 78 69 67 00 ou à
[email protected]
Au plaisir d’échanger !
Voir aussi la FAQ

Équipe Mobilisation
Vous souhaitez devenir bénévole ou partager des idées d’actions solidaires ? 
>
Rendez-vous sur l’espace dédié

Relations Presse
Journalistes, médias : notre attachée de presse Clara Amati est joignable au 06 98 65 63 94 ou par mail
[email protected] 
Voir l'espace Presse

 

Collectes frauduleuses

Des escroqueries à la charité peuvent être commises en notre nom dans l'espace public, par téléphone ou par e-mail. Consultez notre page dédiée pour toute information ou contactez-nous directement au 04 78 69 67 00 ou par e-mail : [email protected]

Aidez-les
concrètement

Pour aller plus loin

Colombie : victime de mine, Carlos devient éleveur de porcs
© C. Maldonado / HI
Inclusion Mines et autres armes

Colombie : victime de mine, Carlos devient éleveur de porcs

Carlos a marché sur une mine, conséquence dévastatrice de la violence armée qui agite la Colombie. Aujourd'hui rétabli, il lance un projet d’élevage de porcs pour assurer des revenus pérennes à sa famille.

Anoud, 55 ans : « J'ai franchi le seuil de ma maison, ma vie a changé à jamais »
© HI
Mines et autres armes Réadaptation

Anoud, 55 ans : « J'ai franchi le seuil de ma maison, ma vie a changé à jamais »

Dans la campagne de Raqqa, les familles reconstruisent leur vie interrompue par la guerre civile syrienne (2011-2024). Anoud, 55 ans, réapprend à marcher après avoir perdu sa jambe dans l'explosion d'une mine.

Syrie : Hatem se bat pour reconstruire sa vie brisée
© HI
Mines et autres armes Réadaptation

Syrie : Hatem se bat pour reconstruire sa vie brisée

Hatem fait partie des milliers de personnes dont la vie a été bouleversée par la guerre en Syrie. Blessé, amputé, déplacé, il lutte pour se reconstruire avec l'aide de Handicap International.