Ukraine : « Ils sont devenus réfugiés du jour au lendemain »
Entretien depuis l'Ukraine avec Caglar Tahiroglu, responsable Soutien psychosocial et Santé mentale d’urgence pour Handicap International.

© HI
Comment décririez-vous la situation en Ukraine ?
Caglar Tahiroglu : « Je suis actuellement à Tchernivtsi, où nous travaillons notamment avec les centres collectifs d’hébergement des personnes déplacées à l'intérieur du pays. Il y a d’énormes disparités entre les différents centres collectifs. Certains sont bien équipés, d'autres n'ont même pas d'eau chaude. Certains centres manquent de nourriture, de produits de base et d’articles d'hygiène.
L’un des centres collectifs est situé dans une école maternelle, donc toutes les personnes déplacées dorment dans des couchettes conçues pour des enfants de moins de 6 ans. Les éviers sont tout petits et difficiles d'accès pour certaines personnes. Ils n’ont pas assez de douches. Il leur reste une semaine de nourriture et ils comptent uniquement sur des bénévoles. Ils ont besoin de literie pour adultes, d'appareils fonctionnels pour les personnes âgées, ainsi que de soutien psychosocial et de soins de santé mentale.
Une autre structure que nous soutenons, pour les enfants déplacés et non accompagnés atteints de handicaps intellectuels profonds, accueillait une dizaine d’enfants avant le conflit, contre 55 aujourd’hui. Les besoins et les droits des enfants ne sont pas satisfaits, le personnel est vraiment surmené et la charge de travail est énorme.
Les besoins sont gigantesques dans ces centres.
J'ai récemment parlé à des personnes déplacées dans un foyer gériatrique, la plupart sont originaires de la région de Donetsk et de Kiev. Elles se sont réveillées une nuit et le bâtiment tremblait. Sur le coup, elles ne savaient pas quoi faire. Les fenêtres vibraient et il y avait des bruits étranges venant des tanks à l'extérieur. Elles ont été propulsées dans une autre réalité, où leurs vies sont envahies et où elles voient des attaques de roquettes à l'extérieur. Les maisons de certains ont été détruites. Les personnes sans voiture ont eu des difficultés à évacuer et certaines personnes ont été laissées pour compte, notamment des personnes à mobilité réduite. Parfois il n'y avait pas de connexion internet ni de téléphone, il était donc difficile d'obtenir des nouvelles de leurs proches.
Ici à Tchernivtsi, il n'y avait qu'une ou deux alertes par semaine, désormais nous commençons à en avoir tous les jours. La semaine dernière, nous avons eu quatre nuits de sommeil interrompu. Les alarmes ont sonné de 3h30 à 7h du matin. Les gens sont très fatigués. Je me souviens de la première alarme que j'ai entendue. C'était extrêmement stressant. Ça ressemble à ce que vous entendez dans les films, le genre d'alarme pour les attaques nucléaires. Les gens s’y habituent au fil du temps, mais elles résonnent dans toute la ville en permanence et donc les gens n’ont nulle part où se mettre à l’abri psychologiquement. »
« Ces personnes, qui menaient une vie stable, sont devenues des réfugiés du jour au lendemain. Nous parlons de plus de 10 millions de personnes déplacées. C’est une tragédie humaine. »
Caglar Tahiroglu, responsable Soutien psychosocial et Santé mentale d’urgence pour Handicap International en Ukraine
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