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YÉMEN : L'URGENCE HUMANITAIRE

Une crise humanitaire totale

24 millions de personnes, soit 80 % de la population, ont besoin d'une aide humanitaire 24 millions de personnes, soit 80 % de la population, ont besoin d'une aide humanitaire 24 millions de personnes, soit 80 % de la population, ont besoin d'une aide humanitaire 24 millions de personnes, soit 80 % de la population, ont besoin d'une aide humanitaire
20 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire 20 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire 20 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire 20 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire
18 millions de personnes ont des difficultés pour accéder à l'eau potable 18 millions de personnes ont des difficultés pour accéder à l'eau potable 18 millions de personnes ont des difficultés pour accéder à l'eau potable 18 millions de personnes ont des difficultés pour accéder à l'eau potable
Plus de 3 millions de déplacés Plus de 3 millions de déplacés Plus de 3 millions de déplacés Plus de 3 millions de déplacés

Comment le recours massif aux armes explosives a anéanti le Yémen

Plus de 20 000 civils ont été tués et blessés depuis 2015, principalement lors de frappes aériennes. Plusieurs dizaines de milliers de frappes aériennes ont été menées sur le Yémen en 6 ans, bombardant hôpitaux, bus scolaires, marchés, ponts, usines, etc. Les parties au conflit ont utilisé des mines antipersonnel, des engins explosifs improvisés (IED) et des mines antichar le long de la côte ouest du Yémen, faisant des centaines de morts et de blessés parmi les civils. Des mines antipersonnel ont été utilisées dans six gouvernorats. Posées dans les terres agricoles, les villages, les puits et les routes, elles empêchent les civils de mener leurs activités quotidiennes, en particulier les agriculteurs dont les cultures et l'approvisionnement en eau potable sont affectés.

https://www.hrw.org/world-report/2020 (p. 641)

     

    Près de 1 100 civils ont été tués ou blessés par des mines ou des engins explosifs improvisés de 2018 à 2020.(Civilian Impact Monitoring Project – annual report).

     

    • Depuis le début du conflit en 2015, un total de plus de 20 000 victimes civiles (chiffes ONU)
    • 1 600 frappes aériennes et 2 300 pilonnages en 2 ans
    • Une moyenne de 600 bâtiments civils détruits ou endommagés par mois
    • 780 fermes, 62 marchés et 190 entreprises locales détruits depuis en 2 ans

    Maud Bellon

    Chef de mission HI au Yémen

    Maud Bellon a dirigé les équipes de Handicap International au Yémen jusqu’en janvier 2020. En 2019, l'association intervenait dans 8 établissements de santé à Sanaa, au Nord du pays, et un hôpital à Aden, au Sud. Maud décrit une situation catastrophique avec des équipes médicales débordées et des patients en état de choc.

    Mines et bombardements – le bilan scandaleux des victimes civiles

    Dans les 9 établissements de santé où est intervenue Handicap International depuis 2015, un nombre inacceptable de victimes de mines et de bombardements a été pris en charge. Sur les 30 000 personnes traitées, plus de 3 000 d'entre elles ont été victimes d'armes explosives telles que des bombardements, des restes explosifs de guerre, des engins explosifs improvisés. Parmi ses bénéficiaires, Handicap International note également une proportion importante et inédite de victimes de mines et de restes explosifs de guerre : 850 victimes de ces armes ont été prises en charge par l'association en 5 ans.

    * L’utilisation des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions est interdite par le Droit international humanitaire.

    Cinq ans de guerre totale au Yémen. HI intervient à Sana'a, Aden, Hodeida et Hajjah Cinq ans de guerre totale au Yémen. HI intervient à Sana'a, Aden, Hodeida et Hajjah Cinq ans de guerre totale au Yémen. HI intervient à Sana'a, Aden, Hodeida et Hajjah Cinq ans de guerre totale au Yémen. HI intervient à Sana'a, Aden, Hodeida et Hajjah

    Nos actions au Yémen

    Nos équipes sont mobilisées depuis 2015 dans 9 établissements de santé pour prendre en charge les personnes handicapées ou blessées par le conflit.

    • Handicap International a traité au moins 30 000 personnes
    • Sessions de soutien psychosocial à 23 000 personnes
    • Plus de 35 000 béquilles, déambulateurs, fauteuils roulants fournis
    • 520 personnes appareillées en prothèses et orthèses
    • Plus de 800 personnels médicaux formés à la rééducation et réponse aux traumatismes

    Fatehia - perdre le goût à la vie à 8 ans

    Ce matin-là, Fatehia est à l’école comme tous les jours. Une bombe, larguée à proximité, explose. Affolés, tous les élèves sortent de classe et se précipitent dans la cour. C’est alors qu’une seconde bombe s’abat sur eux. Wafaa, l’amie de Fatehia meurt sur le champ, juste à côté d’elle, tandis que Fatehia, est grièvement touchée. Elle a perdu sa jambe et reste prostrée.

    Fatehia - perdre le goût à la vie à 8 ans

    La petite fille de 8 ans est hospitalisée pendant deux semaines : « Je pensais sans arrêt à mon amie et à ma sœur, je me renseignais tout le temps à leur sujet. Quand j'ai revu ma sœur, je me suis sentie mieux mais je m'interrogeais toujours sur Wafaa, ma meilleure amie. Puis mon père m’a dit qu'elle était morte. J'ai beaucoup pleuré. Ensuite, j'ai commencé à me demander si je pourrais remarcher un jour. On m’a apporté des béquilles. Je les détestais parce qu'elles me rendaient laide. »

    Fatehia - perdre le goût à la vie à 8 ans

    Presque deux années s’écoulent avant que Fatehia n’arrive au centre de réadaptation de Sanaa. Elle était totalement mutique. Les orthoprothésistes de Handicap International expliquent les possibilités de remarcher et le protocole de soins qui permettra de pouvoir appareiller la fillette avec une prothèse.

    Fatehia - perdre le goût à la vie à 8 ans

    Fatehia a commencé à relever la tête. Suite aux séances de soutien psychosocial, elle accepte son handicap, s’est remise peu à peu à parler et à se faire de nouveaux amis. Elle a un sens de l'humour développé et elle rit beaucoup de tout. Et elle a de nouveau des rêves : elle veut devenir dentiste, mais aussi dessinatrice !

    Saeed Dokhnan

    Responsable des programmes santé

    Au Yémen, notre expert Santé décrit les patients accueillis par Handicap International et les besoins en réadaptation.

    L'effondrement social et économique du Yémen

    Pénurie

    PénurieLe Yémen est dépendant des importations. Celles-ci sont gravement perturbées par les combats et le blocus imposé en 2017 par la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite : avant le conflit, le pays importait 90 % des produits alimentaires de base ; ils ne sont aujourd’hui plus disponibles.

    Quand ils sont sur le marché, ces biens sont inabordables à cause de l’inflation vertigineuse de ces derniers mois. Le prix de l’essence a, par exemple, triplé en trois ans. Selon l’ONG Care, au 31 octobre le prix d’un kilo de riz représente 65 % du revenu quotidien d’une personne. L'accès aux services, en particulier pour les personnes venant de régions éloignées, est devenu impossible en raison de leur coût et de celui du transport.

    Effondrement des servicesLa plupart des salaires ne sont plus payés. Les enseignants, le personnel médical, le personnel administratif n'ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins ; la plupart d'entre eux refusent de travailler volontairement de sorte que les services s'écroulent. Les services souffrent également des combats et de la destruction des infrastructures publiques : 50 % des établissements de santé ne peuvent plus fonctionner.

    PÉNURIE

    Le Yémen est dépendant des importations. Celles-ci sont gravement perturbées par les combats et le blocus imposé en 2017 par la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite : avant le conflit, le pays importait 90 % des produits alimentaires de base ; ils ne sont aujourd’hui plus disponibles.

    INFLATION

    Quand ils sont sur le marché, ces biens sont inabordables à cause de l’inflation vertigineuse de ces derniers mois. Le prix de l’essence a, par exemple, triplé en trois ans. Le cout des produits alimentaires de base a augmenté de 150 % depuis le début de la crise. L'accès aux services, en particulier pour les personnes venant de régions éloignées, est devenu impossible en raison de leur coût et de celui du transport.

    SERVICES

    La plupart des salaires ne sont plus payés. Les enseignants, le personnel médical, le personnel administratif n'ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins ; la plupart d'entre eux refusent de travailler volontairement de sorte que les services s'écroulent. Les services souffrent également des combats et de la destruction des infrastructures publiques : 50 % des établissements de santé ne peuvent plus fonctionner.

    « Nous avons mis en place la rééducation d’urgence »

    Handicap International a mis en place la rééducation d’urgence à Sanaa. Un des kinésithérapeutes de l'association, Aiman al-Mutawak, explique les particularités de la rééducation en situation de conflit.

       

      MOBILITÉ

      Une personne subit une opération chirurgicale. Dès le lendemain, l’association commence des soins en rééducation. Il reçoit d’abord une aide technique, comme par exemple des béquilles, pour être autonome. Cela lui permet d’avoir un peu de mobilité et de dignité : aller aux toilettes, seul, et ne pas être dépendant de quelqu’un pour vous y emmener, psychologiquement, cela change tout !

      EXERCICES

      Le kinésithérapeute commence certaines manipulations : faire des exercices doux, masser la cicatrice pour éviter les raideurs et prodigue des conseils pratiques (comment nettoyer son moignon, quel geste effectuer sans réveiller telle douleur, quel exercice mener pour regagner de la mobilité, préparer son moignon à recevoir une prothèse…) aux patients et à ses proches. Les aidants jouent un rôle déterminant.

      URGENCE

      Cette prise en charge post-opératoire n’existait quasiment pas à Sanaa. Nous avons mis en place la rééducation d’urgence et formé plus de 700 personnels médicaux. Avant, un patient restait allongé à l’hôpital sans bouger dans la même position pendant plusieurs jours, voire semaines et il rentrait chez lui. Il risquait d’avoir des contractures, soit des difficultés à plier le membre touché et donc à remarcher s’il s’agit de la jambe ou à faire des gestes du quotidien comme boire et manger s’il s’agit du bras.

      Au centre de rééducation de Sana'a

      PÉDAGOGIE

      On explique au patient les objectifs des exercices de rééducation : retrouver de la flexion à la jambe pour monter les escaliers, au bras pour faire les gestes du quotidien comme se laver, boire, s’habiller… Il doit bien comprendre que le risque, s’il ne fait pas bien ses exercices de rééducation, c’est le handicap.

      GESTES DU QUOTIDIEN

      On associe toujours ces exercices de rééducation à des gestes de la vie quotidienne pour être sûr que le patient les refera chez lui. Car les patients sont rapidement déchargés des hôpitaux qui sont bondés et doivent accueillir chaque jour de nouveaux patients. Nous devons donner le maximum d’informations en un temps limité et donner toutes les chances qu’il répétera bien ses exercices à la maison.

      Victime de mine, la rééducation en 10 étapes

      Marcher sur une mine provoque souvent une amputation de la jambe qui demande de la rééducation physique et un soutien psychologique. Parcours d’une victime en 10 étapes :

      En 1 clic, agissez à nos côtés

      #StopBombing

      Handicap International mène une campagne mondiale contre les bombardements des civils. Soutenez la pétition de l’association pour obliger les États à mettre fin à l’utilisation des armes explosives en zones peuplées !

      Un processus diplomatique pour mettre fin aux bombardements

      Handicap International et les membres du Réseau international sur les armes explosives (INEW) collaborent avec les États pour élaborer un accord international fort visant à mettre fin à l'utilisation des armes explosives à large rayon d’impact en zones peuplées et à garantir l’aide aux victimes de ces armes.

      Un processus diplomatique mené par l'Irlande pour parvenir à un accord international contre l'utilisation des armes explosives en zones peuplées a débuté en octobre 2019. Jusqu'à présent, plus de 70 États ont participé à la rédaction de l'accord international contre l'utilisation d'armes explosives en zones peuplées. Les négociations ont été mises en suspens en raison de la pandémie de Covid-19, mais ont repris au début d’année.

      Un dernier cycle de négociations est prévu pour la fin du printemps ou le début de l'été à Genève. Ensuite, l'accord international devrait être proposé aux États pour approbation lors d'une conférence programmée en fonction des résultats de la situation sanitaire mondiale causée par la Covid-19.

      Handicap International mène également une campagne internationale contre les bombardements en zones peuplées et demande aux États de s’engager contre cette pratique qui tue et blesse à 85 % des civils.

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      EWIPA (Explosive Weapons in Populated Areas), Campagne Stop Bombing Civilians EWIPA (Explosive Weapons in Populated Areas), Campagne Stop Bombing Civilians EWIPA (Explosive Weapons in Populated Areas), Campagne Stop Bombing Civilians EWIPA (Explosive Weapons in Populated Areas), Campagne Stop Bombing Civilians

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      Credit photo : ISNA agency / HI